Innovation : la Tunisie peut compter sur l'Union Européenne
L'innovation est un sujet à la mode…ce n'est pas par hasard…Nos pays, d'un côté ou de l'autre des deux rives de la méditerranée ont à répondre aux mêmes défis, aux mêmes contraintes d'ordre économique et social : une compétition de plus en plus sévère à l'échelle mondiale, une exigence de compétitivité pour maintenir des taux de croissance suffisants…suffisants notamment pour assurer une réduction du chômage et notamment du chômage des jeunes diplômés qui arrivent chaque année de plus en plus nombreux sur le marché de l'emploi…
Ce à quoi nous aspirons, c'est à une croissance pour l'emploi, intelligente, durable et inclusive.
Cette réflexion, nous l'avons eu au sein de l'Union Européenne au début des années 2000 quand nous avons adopté la Stratégie de Lisbonne…Des résultats on été obtenus, certains de nos états membres font aujourd'hui figure de modèles en ce domaine…
La crise financière de 2008 et la crise économique qui a suivi nous ont conforté dans l'idée que nous devions aller plus loin pour retrouver le chemin de la croissance et nous avons adopté en juin dernier une nouvelle stratégie européenne pour l'emploi et la croissance : EU2020.
Cette stratégie est ambitieuse, en matière d'innovation elle vise à
- améliorer les conditions de la recherche et développement (R&D), afin en particulier de porter à 3 % du PIB le niveau cumulé des investissements publics et privés dans ce secteur;
- en matière énergétique l'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, de faire passer à 20 % la part des sources d'énergie renouvelable dans notre consommation finale d'énergie, cela aussi nécessite d'innover…et c'est un devoir vis-à-vis des générations futures…
- en matière d'éducation nous prévoyons de porter à 40 % au moins la proportion de personnes âgées de 30 à 34 ans ayant obtenu un diplôme de l'enseignement supérieur ou atteint un niveau d'études équivalent…l'innovation repose sur des femmes et des hommes bien formés…
- cette stratégie vise également à renforcer notre politique industrielle, l'Europe s'est désindustrialisée, la ré-industrialisation est aujourd'hui un défi capital, nous devons maintenir, renforcer nos capacités industrielles dans les secteurs à haute valeur ajoutée…
Cette approche stratégique qui est celle de l'Europe aujourd'hui, nous la retrouvons dans les orientations de la politique tunisienne : répondre aux nouveaux défis de la mondialisation par une économie du savoir et de l’innovation… une économie fondée sur la connaissance, connectée, plus verte et qui n'exclut personne, reposant sur une croissance forte et durable et générant de forts taux d'emploi et de progrès social.
La création de l’Agence Nationale de Promotion de la Recherche Scientifique, la réorientation du mandat de l’Agence de Promotion Industrielle par l’ajout d’un volet innovation, l’instauration d’un haut comité des sciences et technologies et la mise en place d’un fonds commun de placement à risque dédié aux projets innovants, sont de bons exemples de la détermination de la Tunisie dans ce domaine…
Dans le cadre de notre partenariat, nous avons décidé ensemble des modalités d'appui de l'UE à cette politique. Je voudrais rapidement vous en dire quelques mots…
Nous avons convenu d'une approche globale, c'est-à-dire couvrant l'ensemble des champs relatifs à l'innovation…l'appui de l'Union couvrira donc :
- la gouvernance du système de l'innovation, c.-à-d. l'optimisation des dispositifs institutionnels d'appui, les dispositifs de financement, les évolutions du cadre réglementaire…
- l'appui aux entreprises innovantes, aux chercheurs désireux de "passer de l'autre côté", c.-à-d. de se mettre à la disposition des entreprises …ou de devenir eux-mêmes entrepreneurs…
- la facilitation enfin à l'accès à toutes les opportunités existantes au niveau international et en premier lieu aux initiatives du 7ème programme cadre de recherche de l'Union Européenne qui offre des possibilités de coopération aux structures de recherche tunisienne encore largement sous-exploitées.
Tous nos instruments de coopération sont mis au service de ces objectifs : des projets classiques d'assistance technique, des financements budgétaires qui accompagnent les programmes nationaux de réformes institutionnelles et créent des incitations fortes pour accélérer les réformes, des programmes régionaux à l'échelle de la méditerranée…En complément des financements sur dons de la Commission Européenne, des prêts de la Banque Européenne d'Investissement accompagnent par exemple le développement des technopoles…
Plusieurs programmes sont déjà engagés, d'autres sont en cours de formulation, la Tunisie peut, en tout état de cause compter sur l'Union européenne pour continuer à la soutenir dans cette voie.
Adrianus Koetsenruijter
(*) Allocution prononcée à l’ouverture du Colloque euro-méditerranéen sur l’Innovation Technologique, Le Kram, 14 octobre 2010