Tunisie – FMI : Les discussions techniques reprendront ce mardi. Quels enjeux ?
Entamées à Washington DC, il y a deux semaines le 3 mai courant, les échanges entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI), reprendront, toujours à distance, ce mardi. Ce nouveau round de discussions techniques, toujours à distance, mais cette fois- ci à partir de Tunis, doit permettre à la délégation tunisienne de mieux expliciter son programme de réformes économiques et les besoins de son financement. Il offrira au Staff du Fonds l'occasion de mieux comprendre la vision, le plan d’action et les attentes. Il s’agit en fait de rentrer dans le vif et d’aller plus dans le détail.
De grandes questions
« Au sein du Fonds, les questions ne manquent pas, explique à Leaders un connaisseur. Quelles sont les priorités, leur séquençage et leurs articulations ? Quel est l’impact budgétaire de chaque mesure envisagée ? Quel est le plan de réduire les charges de l’État et d’accroître les dépenses publiques en crédits d’investissement ? Et comment faire redémarrer la croissance ?» Des réponses convaincantes seront appréciées.
Des dossiers pointus qui attendent clarification
Si les dossiers de la fiscalité et de la politique monétaire, bien avancés, ne semblent pas poser de difficultés particulières, la question des entreprises publiques et de la compensation de l’énergie feront sans doute l’objet de discussions serrées. La mise en place effective du fonds de restructuration des entreprises publiques, l’appui au secteur privé, la mise en œuvre des pactes sectoriels et autres mesures phares constituent en effet un index de la détermination du gouvernement à prendre résolument en main ces chantier. Quant au ciblage de la compensation, il ne s’agit pas de s’attaquer aux produits de base essentiels, tels que le pain, les pâtes et les huiles alimentaires ou le gaz GPL, mais de réviser la subvention des produits hydrocarbures.
Dans une note publiée sur Leaders, Afif Chelbi, avait mis en garde contre le ciblage des produits essentiels,"fausse et dangereuse piste" qui n’a suscité qu’émeutes, sans rien rapporter de substantiel. Cette position, largement reprise par les médias, a été confortée lors d’un webinaire organisé par le Cercle Kheireddine.
Quel calendrier ?
Jusque-là, ni la Tunisie, ni le FMI n’ont évoqué un calendrier précis pour l’aboutissement des discussions techniques amorcées devant se traduire par une demande officielle de prêt, sa négociation et son adoption par le conseil d’administration. « La démarche tunisienne aurait dû être déclenchée plus tôt, début de cette année et sans cesse accélérée, en raison des besoins financiers immédiats », regrette un expert tunisien, interrogé par Leaders. Il s’agit, à présent, rattraper le retard pris et d’avancer très vite vers un accord utile au pays. Le Fonds doit faire preuve de compréhension du contexte tunisien particulier, de souplesse et de soutien. »
« L’état de nos finances nous impose, ajoute-t-il, de boucler cette importante séquence d’ici fin juin, au plus tard, dans l’espoir de voir les équipes du Fonds soumettre le dossier de la Tunisie à l’approbation du conseil d’administration lors de sa réunion de juillet prochain. Tout retard nous renverra au mois de septembre, ce qui sera très tard. L’accord de prêt du FMI est crucial car, en outre, il nous ouvre en effet la voie pour accéder aux financements d’autres bailleurs fonds internationaux, régionaux et souverains. »
Dans cette course contre la montre, la clarté de la vision tunisienne, la qualité du programme présenté et sa pertinence, et les indicateurs de performance, conjugués à une forte détermination politique, largement partagée, seront les gages de réussite, sans longs délais.
T.H