L’imprévisibilité de la politique étrangère Tunisienne
Par Monji Ben Raies - Ce qui caractérise K. Saïed, c'est sa méconnaissance totale du monde,..., mais cette tare aura été le propre de tous les Présidents tunisiens, hormis H. Bourguiba. Y compris Beji Caïd Essebsi qui demandait à l'Europe d'intégrer la Turquie, qui reprochait à la France l'interdiction de la burqa, alors que même le roi du Maroc avait pris position contre le voile intégral, tout comme l'ensemble des musulmans modérés du Maghreb ou traitait la Russie de "petit pays". Cette absolue incompréhension du reste du monde, liée à un nationalisme arabe exacerbé et obsolète, caractérise l'ensemble de la classe politique d'outre-Méditerranée et une bonne partie de leurs media. Ce qui différencie l’actuel Président de la République de ses prédécesseurs, c'est avant tout son caractère tranchant et son acerbité, sa brutalité verbale, son absence de vernis diplomatique, et bien sûr son absolutisme oratoire, mais pour le reste...Lorsqu'on se penche sur la politique étrangère tunisienne, on s’étonnede l’imprévisibilité des modes de prise de décisions. Mais jamais nous n’aurions imaginé avoir un jour un Président aussi imprévisible que celui que nous avons aujourd’hui à Carthage. L’orientation de sa politique varie selon les journées, les dossiers, ses humeurs du moment, sur l’Europe, la Syrie, le climat, le commerce, le terrorisme, la Palestine. Pour la caractériser il faudrait considérer qu’elle est assez floue et folle à la fois. Après un an et demi, c’est déjà une politique étrangère bouleversée par rapport aux premiers mois.
La gestion actuelle est une politique étrangère inconséquente, mot exact qui la caractérise et qui recouvre deux acceptions ; elle est inconséquente, parce qu’elle est incohérente. Il est possible d’avoir une vision un jour, et le contraire ou presque le lendemain. La direction n’est pas claire, ni constante. Elle est inconséquente en ce que les conséquences des décisions ne sont pas mesurées. Sur le commerce, les finances…, c’est une politique pulsionnelle, même paradoxale, sansaucun cadre stratégique. Chacune des têtes de l’exécutif gouverne sans en référer, sans coordination, et mène à sa guise ses propres dossiers retenus. L’Etat est devenu schizophrène, souffrant de dédoublement de la personnalité, conduisant à des conséquences contradictoires.
L’appareil diplomatique du département des affaires étrangères est mis hors circuit
Il n’y a aucun doute sur ce point, même si cela pourrait changer. Le Ministre des affaires étrangères, n’a plus vraiment l’oreille duPrésident, ce qui, entre nous, n’est pas un mal en soi. Mais depuis janvier 2020, la chancellerie tunisienne a subi deux atteintes graves à son existence. Elle a été marginalisée dans la prise de décision et la politique étrangère a été formulée hors du Département et sans concertation avec lui. La deuxième atteinte, est que son financement a été amputé sérieusement et avec lui, non seulement son fonctionnement, mais aussi sa position face aux institutions internationales. Kaïs Saïed a viré, l’un après l’autre, de nombreux conseillers ou collaborateurs, ainsi que nombre d’ambassadeurs, notamment aux Nations Unies.Cela aussi est inédit. Leprésident, que l’on décrirait comme le docteur Folamour, semble aujourd’hui vouloir se poser comme le sauveur de la démocratie et de la constitution. Il veut contenir les ardeurs et les inepties d’Ennahdha et d’El Karama, des personnages de l’ombre que l’on appelle les « éminences grises de l’Etat », pour faire en sorte que l’approche traditionnelle prévale, que l’establishment puisse se défendre et que la Tunisie rame à contre-courant. L’avenir n’est pas sûr et n’offre aucun sauveur, mais pour combien de temps. Les changements apportés sont significatifs. Othman Jerandi souhaiterait prendre en main de manière plus influente la direction de la diplomatie Tunisienne. Le fait qu’il ait été lui-même rappelé à l’ordre par le chef de l’Etat est une marque de défiance évidente, qui lui fait de l’ombre.
Le dossier palestinien est sans aucun doute, avec celui de la Libye,le dossier de politique étrangère le plus lourd de conséquence pour la présidence de Kaïs Saïed, et pour la planète, compte tenu du fait que la Tunisie est membre non permanent du Conseil de sécurité des NU pour encore le reste de l’année, même si elle a raté sa présidence en janvier 2021.Nous espérons qu’Emmanuel Macron aura pu avoir quelque influence positive, et certainementque c’aura été un des points très forts de la visite en France de K. Saïed. La relation Saïed-Macron est celle de deux contraires, mais ce sont deux chefs d’Etat pragmatiques. Cela colle parfaitement avec le caractère cartésien des Français. En revanche, lePrésident tunisien tire à hue et à dia, travaillant en corps à corps les dossiers qu’il ne maîtrise pas et dont il a un contrôle illusoire, essayant de chercher qui sont ses amis et qui sont les ennemis.
Les faucons de Carthage s’en sont allés, autant en apparence qu’en théorie, et les modérés sont en perte de vitesse. Il ne reste en l’occurrence que les corneilles. En termes d’imprévisibilité, on ne peut pas mieux faire et c’est ce qui inquiète face aux dossierslibyen et/ou palestinien.Le front moyen-oriental est très explosif…A supposer qu’il ait réfléchi à une stratégie, il n’y a aucun plan de match, jusqu’ici et l’on ne peuts’aventurer sur une éventuelle solutionSaïed.Certains observateurs disent qu’en Tunisie, la méthode est toujours de sortir des trucs énormes, pour tenter d’obtenir quelque chose. Au final, cela semble quand même très impulsif, car ni en politique intérieure, ni en politique étrangère, on ne voit un réel plan, une vue d’ensemble. C’est très improviséet il n’est pas sûr du tout qu’il y ait une réflexion sur le que fait-on après.
Parfois, ce qui est important, c’est de se parler, crédo permanent de la diplomatie
Cela aurait pu être la commémoration d’un anniversaire. Celui d’un Etat, Israël, célébrant ses soixante-treize ans d’existence, le temps d’un instant de vie, après des siècles de souffrance, de persécutions et d’errance. Pour cela, il eut fallu un geste de paix, un minimum de modestie humaniste devant l’Histoire, pour faire mémoire. Pour mesurer, en 1948, que la naissance de l’Etat israélien devait aller de pairavec la naissance d’un Etat palestinien,alors que, lui, n’a toujours pas vu le jour, même après près de trois-quarts de siècle de combats disproportionnés. De ce mois de mai 2021, on retiendra en revanche le profond malaise suscité par les images qui nous parviennent à travers les media. Pendant que le Premier ministre israélien, tout sourire, expose Jérusalem comme on brandit un trophée, on meurt à Gaza sous les balles, les roquettes et les missiles de l’armée israélienne et des villes chargées d’histoire sont réduites en cendres et poussières.L’heure n’était donc pas à l’humilité comme pourrait l’exiger le caractère sacré de la ville trois fois sainte de Jérusalem, mais à la répétition de l’Histoire politique. Avec son flot de paroles guerrières, on continue donc de mourir pour Jérusalem.La décision américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, sans aucune contrepartie à ce jour connue, n’était pas seulement contraire à l’esprit de sept décennies de diplomatie. C’était un geste incendiaire, comme les aime l’extrême-droite, dans une région qui ne manque déjà pas de braises. Un geste d’histoire dans le sang qui a éloigné toute médiation possible, du côté palestinien et que le peuple paie encore aujourd’hui. Car les hypothèses sur un plan de paix reconnaissant un Etat palestinien, ne laissent guère de place à l’optimisme. Il ne trancherait pas sur le principe ou non des deux Etats, et ne limiterait qu’à la marge les colonies d’implantation israéliennes. Mais à l’heure actuelle ni les plans à un ni ceux à deux Etats ne sont admis. Ce sont les armes qui parlent, pas les hommes. Le Hamas ne veut pas négocier avec Israël, fondant sa politique sur son éradication inconditionnelle.
Yitzhak Rabin, le soir de son assassinat en novembre 1995 avait pu dire que « Sans partenaires pour la paix, il ne peut y avoir de paix ». Depuis, cette déclaration résonne comme un anathème tant les interlocuteurs valables font cruellement défaut. Un mur tonitruant de silence sépare désormais les deux peuples. Ils n’ont même plus en partage la quotidienneté pour ressentir, dans toute son évidence, l’absurdité de la guerre et de la haine de l’autre.Où sont les partenaires pour la paix aujourd’hui ? Pas dans l’extrême-droite israélienne qui domine le pays, ni au sein du Hamas et de leurs soutiens iraniens, qui n’ont jamais cessé de prôner la destruction d’Israël ; pas non plus dans les pays arabes, déliquescents ou incroyablement indifférents à la cause palestinienne, encore moins dans une Amérique aveugle et arrogante qui ne s’embarrasse plus de jouer les intermédiaires. La situation se dégrade, et aucune solution viable ne reste comme membre d’une alternative crédible.Bien sûr, nul n’ignore que les précautions diplomatiques ont quelque chose d’artificiel, mais même les formes deviennent importantes sur ce coin de terre proche-oriental, quand tout un peuple, depuis soixante-dix ans, attend encore de pouvoir dignement compter sur un Etat, pour exister comme population.
Tous les diplomates qui ont travaillé, depuis des décennies, sur le conflit israélo-palestinien étaient d’accord au moins sur un point, ne pas toucher au nerf le plus sensible de la négociation, Jérusalem, la ville sainte pour les trois grandes religions monothéistes, convoitée comme capitale par les deux nations en conflit depuis si longtemps. La résolution de l’ONU sur le partage de la Palestine, en 1947, faisait d’ailleurs de la ville de Jérusalem un corps séparé, sous administration internationale. Même les accords d’Oslo de 1993, prévoyaient que son statut ne pouvait être défini que par la négociation ; contrairement aux prétentions israéliennes, depuis 1980, de proclamer Jérusalem capitale éternelle et indivisible.Le chœur des condamnations, du Pape à Pékin en passant par les chancelleries européennes et arabes, étaient d’une rare unanimité.
Cependant le monde fait une fixation sur un seul cas de figure, théorique, sans volonté de changer de méthode, sans même l’amorce d’un processus de redéfinition des équilibres régionaux qui pourrait permettre la naissance, enfin, de l’Etat palestinien. Une solution à un ou deux Etats, et dont Jérusalem, probablement, pourrait aussi devenir la capitale de la Palestine, comme celle d’Israël.
A dire vrai, il y a bien effectivement un air saturé au Moyen-Orient. En Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen, des drames se consument dans le silence. D’un autre côté, l’Iran a patiemment tissé sa toile depuis le fiasco irakien et pèse, dorénavant, sur de nombreuses pièces du puzzle régional. Pour contrer cette emprise, un rapprochement assez inédit est en cours entre différents pays arabes, dont l’Arabie Saoudite, et Israël, sous la bénédiction des USA, selon un processus de normalisation désignés par les accords d’Abraham. Mais ces manœuvres sentent davantage la poudre que la paix. La brutalité américaine offre sur un plateau un terrain d’entente entre Turcs, Russes, Egyptiens et Iraniens, ce qui inquiète certains stratèges. Car si aucun plan de paix sérieux ne leur succède, ce que l’on peut aisément imaginer, la perte de fiabilité de l’Amérique n’en sera que plus patente, au risque de mettre le feu aux poudres.
Si l’indignation des Etats est compréhensible, elle ne peut aller jusqu’à la propagande de la haine en encourageant et en tolérant des manifestations telles que celles qu’a connu la Tunisie. Mais porter le drapeau palestinien associé à celui tunisien au revers de son veston, pour un chef d’Etat, est ostentatoire et une marque de subjectivité qui compromettent la diplomatie. Il est de plus scandaleux d’étaler le problème palestinien dans les écoles primaires et de diffuser insidieusement des messages latents de haine raciale et religieuse à travers le salut de deux drapeaux ; ou encore en décrétant la semaine de la Palestine dans les écoles tunisiennes du 17 au 22 mai 2021. Que sont la série d’activités de sensibilisation et d’éducation, dans le cadre de la volonté d’éduquer les jeunes à la cause palestinienne. Le gouvernement tunisien souhaite peut-être endoctriner les enfants à la haine et entretenir le cycle. Il demeure que cette initiative est tendancieuse et inopportune. Laissons nos enfants loin de la guerre et de la politique et préservons-les.
La question des rapports entre la Palestine et le Maghreb, et plus particulièrement la Tunisie ne doit pas se limiter à la seule transnationalisation activiste adoptant la violence politique comme principal répertoire d’action. L’hétérodoxie stratégique doit rejeter l’établissement d’un rapport de force militaire face à Israël de la part des États arabes. La Tunisie doit se dissocier de l’attitude maximaliste des États arabes vis-à-vis d’Israël, notre Etat se devant de préserver des lignes d’alliances géopolitiques aussi diverses que parfois contradictoires.
De l’image de la Palestine que l’on dessine dépend aussi l’image de la Tunisie que l’on souhaite
Le régime actuel raccroche la Tunisie au conflit israélo-arabe, et, de manière concomitante, pose la Palestine comme symbole mobilisateur pour la société tunisienne. La centralité de la question palestinienne dans la pratique politique tunisienne sert encore de référent légitimant et de signifiant structurant. Le recours à la thématique palestinienne s’inscrit pour l’ensemble des tendances politiques dans une stratégie d’instrumentalisation liée à des enjeux politiques internes.Les uns comme les autres cherchent dans la question palestinienne, entre autres éléments, le ferment de leur propre légitimité politique. La signification donnée à la question palestinienne sert pour l’essentiel à contester la légitimité de l’adversaire du moment. De l’image de la Palestine que l’on dessine dépend aussi l’image de la Tunisie que l’on souhaite. La vision de la Palestine est celle qui s’attache à l’histoire d’une génération politique formée pour l’essentiel dans le souvenir des nationalismes arabes, des gauches radicales, et des tiers-mondismes dits « progressistes » du passé, qu’il s’agirait encore de réactiver. Pour Ennahdha et la mouvance tunisienne des frères musulmans, l’image de la Palestine est intimement liée à celle du mouvement islamiste palestinien, qui forment, à partir de 1987, le Hamas (Mouvement de la résistance islamique) et, partant, à l’essor politique des formations issues des Frères musulmans dans le contexte des soulèvements arabes. Ces deux visions de la Palestine renvoient à un débat interne, portant sur l’identité politique même de la Tunisie, les uns privilégiant une vision arabo-tiers-mondiste-progressiste, les autres une identité arabo-islamique. Ce serait une Tunisie avec, en miroir, plusieurs Palestine, celle, distante et passée, bourguibienne, celle du mouvement Ennahdha, et celle du mouvement syndical et de la gauche radicale tunisienne. Et pourtant, la diversité des interprétations et des significations données à la question palestinienne en Tunisie, son instrumentalisation politique dans la conjoncture actuelle par les différentes parties, témoignent aussi de son effet continu d’attraction et de séduction politique. Elles confirment peut-être le fait que la question palestinienne, même marginalisée par les révolutions arabes, même mise en retrait par la pandémie de Sars-Cov-2, en demeure un des enjeux symboliques majeurs.
Les populations sont plus frustrées que jamais par l’absence de toute perspective de paix et de sécurité. Les Politiques ont de moins en moins de prise sur les factions radicales, y compris au sein du Hamas. Les deux responsables qui devraient négocier, M. Abbas et B. Netanyahu, sont dans une impasse. Le représentant Palestinien, usé par le temps et marginalisé pour n’avoir rien obtenu de ses années de médiation. Le premier ministre Israélien, enfermé dans une logique radicale et aveugle, sous la pression des extrémistes de son propre camp qui voient, dans la déliquescence de la cause palestinienne, la perspective d’une mainmise définitive israélienne sur Jérusalem. Le risque islamiste n’est pas une lubie israélienne. Dans le conflit actuel, le Hamas a fini par incarner, de manière assez tragique, la résistance palestinienne. Il n’y a pas de leadership pour sortir de cette situation et donc celle-ci va se dérouler de manière assez classique, en fonction de l’évaluation par les parties du coût/bénéfice, sans solution politique, sans négociation entre les belligérants. Bâtir un Etat palestinien dans un désert diplomatique, lorsque les Etats arabes de la région s’effondrent, paraît plus impossible que jamais.
Les responsabilités du gouvernement israélien, au pouvoir depuis huit ans, sont indéniables. Sa politique de colonisation injustifiable au regard du droit international, les destructions des habitations palestiniennes sortant de l’impératif sécuritaire. L’esplanadedes Mosquées, ou Mont du temple pour les Hébreux, est de nouveau au cœur des esprits d’aujourd’hui. Les vieilles pierres nous parlent de guerres anciennes, mais elles peuvent aussi nourrir celles d’aujourd’hui dans la vieille ville de Jérusalem.Faire table rase des visées palestiniennes sur Jérusalem-Est, sans remettre en question la prétention israélienne sur Jérusalem-ouest comme certains ministres israéliens sont tentés de le faire, c’est allumer un feu incontrôlable. C’est donner force à l’alibi religieux sur la raison politique, qui a pourtant toujours distingué la cause palestinienne. Le contexte régional nous dit l’ampleur du risque de laisser Jérusalem glisser sur cette pente.Il serait peut-être opportun de faire de Jérusalem une Cité-Etat sous protection internationale comme le Vatican. Qui sait ?! mais encore faudrait-il que quelqu’un porte le projet en hauts lieux. La Tunisie, pourquoi pas ? Nous sommesdans une impasse, et à tout moment un dérapage peut se produire avec des conséquences désastreuses qui montrent bien que le pire n'est plus à exclure.
Israël commet un meurtre de masse et un crime de guerre
Israël, en employant sa machine militaire contre une population civile déjà occupée, et qui sert de bouclier humain au Hamas, sans parler de l'engagement des États-Unis à fournir une aide de 38 milliards de dollars, au cours de la prochaine décennie, n'exerce pas «le droit de se défendre». La légitime défense est règlementée en droit international par le chapitre VII de la Charte des NU et est régie par le principe de proportionnalité des contre-mesures mises en œuvre.Israël commet un meurtre de masse et un crime de guerre. Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde, où plus de 2 millions de Palestiniens vivent dans des conditions inhumaines, au bord de la famine, luttent pour trouver de l'eau potable et endurent la terreur israélienne constante. L'utilisation aveugle par Israël d'armes modernes et industrielles fait que ce conflitn'est pas une guerre mais une terreur soutenue par un État, tout comme peuvent l’être les tirs aveugles de roquettes par le Hamas sur Israël, ou encore les attentatssuicides, à considérer aussi comme des crimes de guerre.Il faut être conscient de l'énorme disproportionnalité qu’il peut y avoir entre la violence industrielle menée par Israël contre des civils et les actes minimaux qu’il subit, violences menées par des groupes extrémistes tels que le Hamas. Contrevenant au droit international, Israël enfreint systématiquement plus de 30 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Il est en violation de l'article 33 de la quatrième Convention de Genève qui définit le châtiment collectif d'une population civile comme un crime de guerre. Il est aussi en contravention de l'article 49 de la quatrième Convention de Genève sur l'installation de plus d'un demi-million d'Israéliens juifs sur des terres palestiniennes occupées et sur la « purification ethnique » d'au moins 750000 Palestiniens, lorsque l'État israélien a été fondé et 300000 autres après Gaza, Jérusalem-Est et La Cisjordanie occupée après la guerre de 1967 ; l’annexion de Jérusalem-Est et des hauteurs du Golan syrien viole manifestement le droit international, tout comme la construction d'une barrière de sécurité en Cisjordanie, enviolation de la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies du 11 décembre 1948, qui dispose que «les réfugiés palestiniens souhaitant rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs voisins devraient être autorisés à le faire le plus tôt possible». Ces crimes et ces violations du droit international humanitaire sont perpétrés avec la complicité de l’Arabie Saoudite et l’Egypte actuelle, qui garde sa frontière commune avec l’ « Autorité Palestinienne » fermée aux Palestiniens, les piégeant dans la bande de Gaza, l'un des endroits les plus densément peuplés de la planète.
Monji Ben Raies
Universitaire,
Enseignant et chercheur en Droit public et sciences politiques,
Université de Tunis El Manar
Faculté de Droit et des Sciences Politiques de Tunis