Djamila Bouhired révèle : ma mère est une Tunisienne originaire de Sfax
Elle était venue à la Salle Mouggar à Alger pour assister à la projection en avant-première du film tuniso-algérien, "Palmiers blessés" de Abdellatif Ben Ammar.
Le sujet du film (les évènements de Bizerte en juillet 1961) ne pouvait laisser indifférente la grande militante Djamila Bouhired. Lorsque les spectateurs quittèrent la salle à la fin du film, Djamila est restée clouée à son siège, incapable de détacher son regard de l'écran sur lequel défilaient les noms de l'équipe du film, les yeux embués de larmes. C'est que les faits relatés par le film lui rappelaient bien des souvenirs qui étaient enfouis dans sa mémoire. L'envoyée spéciale du journal Essarih s'approche d'elle pour recueillir son avis." Ce n'est pas de la fiction, mais la réalité", lui confie t-elle dans un français impeccable. C'est la vérité crue qui s'insurge contre ceux qui veulent travestir l'histoire". Puis se relevant, elle se dirige en compagnie de la délégation de journalistes tunisiens qui couvraient l'évènement vers le hall où se tenait une réception. " C'est ma famille de Tunisie", lançait-elle aux personnes qu'elle croisait.
"Tounès, blad khwali"
Ce n'était pas une simple formule de politesse. Djamila Bouhired est à moitié tunisienne. Sa mère est originaire de Sfax, comme elle l' a révélé elle-même aux journalistes tunisiens. Lorsqu'ils ils l'ont saluée avant la projection du film, elle leur répondit par un " ahlan b'tounès el habiba, ahlan biblad akhwali". Remarquant que personne n'y avait fait attention, elle enchaîna : "vous savez que je me sens autant Tunisienne qu'Algérienne. Ma mère est une Tunisienne originaire de Sfax". Cette rencontre a été pour cette icone de la révolution algérienne, l'occasion de souligner tout l'amour qu'elle portait au pays "de ses oncles maternels" et de saluer avec émotion la mémoire du Zaïm Habib Bourguiba "un grand homme d'Etat" et celle de son ancienne épouse, Wassila qu'elle appelle affectueusement "Khalti".
Djamila avait à ses côtés, le résistant, Lakhdar Bourogaa qu'elle a présenté comme l'homme " qui a goûté à la prison pendant trente ans sous l'Etat algérien". Avec des accents de grande sincérité, ce dernier souhaita la bienvenue au groupe de journalistes : "vous avez été pendant des années, le ferme soutien du FLN" avant d'ajouter : la Palestine est perdue parce qu'elle n'est pas limitrophe d'un pays comme la Tunisie". Abondant dans le même sens, Djamila Bouhired a qualifié le peuple tunisien de "courageux et bon qui a supporté nos lubies pendant plus de sept ans".