Mohamed Abbou ou Robespierre contre l’impunité: Des tas de dossiers ne sont pas encore tranchés par la justice
Mohamed Abbou est furieux. Particulièrement contre certains magistrats et le ministère de l’Intérieur. Combien de fois a-t-il saisi le parquet de dossiers de malversation. En vain, déplore-t-il avec amertume. Un procureur de la République, rapporte Abbou, a fait fi des instructions de la ministre de la Justice d’ouvrir une enquête et de délivrer un mandat de dépôt contre un individu qui a proféré publiquement des menaces de mort et d’inciter un fonctionnaire, exclu de ses fonctions, à ne pas obtempérer à cette décision et de continuer à se rendre à son bureau.
Un magistrat conseiller à la Kasbah devait être écarté... il a été promu avec rang de ministre
Un autre cas cité par Mohamed Abbou suscite des interrogations. Il s’agit d’un magistrat nommé chargé de mission par l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed. Il était connu pour ses interventions dans des affaires en justice et pour un rôle très controversé qu’il joue, l’accuse-t-il, dans le cadre de la campagne contre la malversation en 2017. Accédant au gouvernement d’Elyès Fakhfakh, Mohamed Abbou a demandé la fin de son détachement et son retour à son corps d’origine. La réponse de Fakhfakh a été catégoriquement négative. Lors des négociations pour la formation du gouvernement, un groupe parlementaire (Tahya Tounès, sans le citer) avait exigé son maintien à la Kasbah. Il ne pouvait rien faire. Ce même groupe avait voté la motion de censure contre le gouvernement et Fakhfakh avait alors une bonne occasion pour se séparer de ce magistrat conseiller, comme il l’a fait pour les ministres d’Ennahdha. Il ne le fera pas. Abbou n’est pas au bout de ses désagréments. Lorsque Hichem Mechichi prend ses fonctions à la Kasbah, non seulement il le maintiendra, mais plus encore, il lui accordera une promotion au rang de ministre...
Aucune suite
Mohamed Abbou mentionne que des instructions ont été données afin de transmettre au parquet toute affaire de malversation. Et que les services du ministère des Finances et ceux de l’Intérieur identifient de gros bonnets de la contrebande, en localisant leur butin afin d’y effectuer des descentes de saisie et de soumettre à la justice leurs dossiers. Rien n’a été fait.
Lui-même avait sollicité directement et par écrit le ministère de l’Intérieur afin de lui transmettre et/ ou au parquet les dossiers d’hommes politiques impliqués dans des affaires de malversation. Aucune réponse. Quant aux demandes d’enquête au sujet d’un candidat à une haute fonction, les rapports reçus n’étaient pas toujours professionnels.
Sacré Robespierre !
Lire aussi
Mohamed Abbou: Ce qui a fait tomber le gouvernement Fakhfakh
Mohamed Abbou: Entre aveux, révélations et accusations
Mohamed Abbou: Quand Marzouki a failli démissionner de la Présidence