Tunisie: Une révolution tant attendue
Par Slaheddine Dchicha - Depuis le 25 juillet, la petite Tunisie est à la une de tous les médias de la planète. Elle renouvelle ainsi l’intérêt et la surprise qu’elle avait suscités dix ans auparavant en inaugurant le «Printemps arabe».
Depuis le 25 juillet, le Petit Pays fait l’objet de diverses et multiples analyses et les journalistes les sociologues, les politistes, les juristes… bref, toutes sortes d’experts tentent de comprendre et d’expliquer ce qui s’est passé ce 25 juillet: «Coup d’état ou coup d’éclat; coup de force ou coup de maître. Ou coup de tête à la Zidane! S’agit-il d’une révolution-éclair? A moins que ce ne soit un putsch constitutionnel car après tout le Pays n’a-t-il pas connu en 1987 un «putsch médical».
Et chacun d’étoffer son hypothèse et de peaufiner ses arguments:
Les uns évoquent le blocage politique et institutionnel: d’un côté, un parlement dominé par les Islamistes et affidés et où règnent la gabegie, l’insulte et la violence physique; de l’autre un gouvernement incompétent, du reste à l’instar de l’ensemble de la classe politique, mais soutenu et maintenu en survie par le parti Ennahdha. Et enfin, seul et confiné au Palais de Carthage, le Chef de l’Etat aux prérogatives limitées mais réputé intègre ou populiste, c’est selon.
Les autres insistent sur la situation économique du pays: croissance en berne depuis des années, très fort endettement, inflation, économie de rente, clientélisme, corruption, contrebande…
Quant aux troisièmes, ils pointent la crise sociale: dégradation de le vie: baisse du pouvoir d’achat, chômage massif, paupérisation, départ des jeunes, fuite des cerveaux et répression féroce de toute velléité de résistance.
Mais tous déplorent la gestion désinvolte, calamiteuse et criminelle de la pandémie du Covid. En effet, les démunis voient leur vie doublement menacée par le virus et par la sous-alimentation voire la famine.
καιρός(*) = Le kairos
Tous ces facteurs sont pertinents et c’est même leur addition qui éclaire l’évènement et le rend compréhensible mais pourquoi s’est-il produit ce jour-là, alors que nombreux sont ceux qui s’attendaient à «quelque chose» depuis quelques mois voire quelques années.
Le 25 juillet est bien sûr un jour symbolique puisque c’est le jour de la déclaration de la République. Mais le 25 juillet 2021 précisément et ni la veille, ni le lendemain fut «l’instant T», le Kairos. Ce jour-là, le peuple tunisien est sorti certes commémorer la proclamation de la République mais surtout contester le régime et conspuer la classe politique et ce même jour Le Président Kais Saïed a fait part des décisions que l’on sait.
De manière concomitante, le peuple désespéré et le Président empêché se rebiffent et l’action respective de l’un coïncide avec celle de l’autre dans l’espace et dans le temps. Certains parlent de hasard, d’autres de miracle et les troisièmes s’écrient «mouch normal». Il s’agit en fait de kairos! Un Kairos qui peut aboutir à une 3ème République réellement démocratique et c’est la vigilance des Tunisiens qui empêchera ce même Kairos de se transformer en un 18 Brumaire !
Slaheddine Dchicha
*) καιρός = le kairos c’ est «l'instant T» de l'occasion à saisir; avant, c’ est trop tôt, et après, c’est trop tard.
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C´est une revolution tant attendue par moi aussi. J´étais avec le president dés le debut. A un changement de systéme en un autre tout á fait opposé il ne suffit pas de trouver un autre gouvernement mais de tout changer le politique, l´economie et le social. En effet le president a repondu dans le fond et la methode avec efficacité á toutes les revendications du peuple Tunisien.