Tunisie: Pour un renouveau politique
Par Mokhtar el Khlifi - Je pressens que mon pays va à la dérive par le choix éventuel d’un modèle qui n’a pas fait ses preuves et qui comme la triste expérience des coopératives de 1964 sera un fiasco total et une perte de temps et d’argent.
Echaudé le chat craint l’eau chaude dit-on. Le système coopératif basé sur le principe de la libre adhésion a dérapé vers la collectivisation forcée et générale à presque tous les secteurs a vacciné, particulièrement, l’agriculteur tunisien bien qu’il soit la proie d’intermédiaires véreux alors qu’il aurait pu y échapper aujourd’hui à leur emprise en créant des coopératives de services soutenues par l’Etat. C’est pour vous dire que je refuse que mon pays s’enfonce dans une nouvelle expérience, cette fois, politique et également peu sûre.
Mieux vaut donc partir de l’existant et tenter de l’améliorer là ou il bat de l’aile.
Maintenons notre cap sur l’achèvement du processus démocratique et du respect des libertés, de toutes les libertés, ce qui inclut la participation effective du citoyen à toute reforme d’ampleur.
Ce n’est pas la rue ou une centaine de manifestants appartenant à tel ou tel parti ou mouvement qui pourront nous imposer un choix politique.
En dehors des urnes rien ne devra se faire.
Si certains rejettent le comportement de certains députés ou de partis, il faudrait prendre garde de ne pas jeter, dans la foulée, le bébé avec l’eau du bain.
Il appartient donc aux partis de tenir leurs congrès et de se restructurer en commençant par installer la démocratie au sein de leurs partis.
Ils devront reconnaitre, une fois pour toutes, que la religion est l’affaire de l’individu avec Dieu qui n’a érigé personne comme intermédiaire.
Chaque parti doit s’engager à respecter la Constitution du pays et les lois en vigueur.
Parmi ses adhérents nul ne devra faire l’objet d’un jugement prononcé à son encontre pour un délit quelconque et il devra disposer d’un bulletin numéro 3
Enfin, et c’est le plus important chaque parti devra avoir un programme politique, économique et social, écrit noir sur blanc, approuvé par ses et publié au JORT.et prêt à l’emploi.
Sur cette base la confiance dans les partis reviendra tant pour les adhérents que pour le peuple.
Ce sont ces partis qui se conformeront à ces obligations qui pourront se présenter aux élections.
En parallèle, il y a des mesures à prendre rapidement par les Pouvoirs Publics.
Je citerai certaines d’entre elles qui sont nécessaires pour un retour normal à la vie politique.
• Demander à la justice d’instruire plus rapidement les requêtes mettant en cause tel ou tel député. A cet égard, il faudrait donner à la justice les moyens nécessaires (personnel spécialisé dans certaines affaires, informatisation, conditions de travail, revue de certains textes….).
• Election d’une nouvelle direction du parlement et aménagement du règlement intérieur qui ne doit pas s’opposer à la loi
• Assurer la sécurité de tous les députés et des bâtiments administratifs contre toute intrusion
Une fois réunies ces conditions, le parlement pourrait reprendre ses activités ce qui n’empêche nullement les partis à respecter l’obligation précitée de leur restructuration
• Revoir tout l’environnement juridique concernant les élections (loi régissant les partis, le mode de scrutin, les associations, les instituts de sondage, l’ISIE…).
Cette esquisse du nouveau cadre politique est, je pense, de nature à mettre fin à la haine portée aux partis politiques bien qu’étant des éléments indispensables au jeu démocratique ainsi qu’aux comportements anti démocratiques enregistrés au niveau du parlement et tant décriés. (violences verbales et physiques, irrégularités des sessions du bureau, votes à distance sur commande, insécurité…)
Mokhtar el khlifi