Le système électoral tunisien: Slim Laghmani et le jeu de pendule
A contre-courant, Slim Laghmani s’inscrit pour le maintien du mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, en fixant un seuil minimum d’accès au parlement de 5 ou 7%. Il soutient la nécessité d’apporter des révisions quant aux conditions à satisfaire par les candidats, le poids électoral de certaines circonscriptions surreprésentées et la réduction du temps judiciaire pour le traitement des infractions électorales.
Commentant les diverses propositions d’amendement du système électoral, Laghmani craint un jeu de pendule qui risque de faire basculer la Tunisie d’un extrême à un autre. Il considère que l’idée d’élire les futurs députés à la base dans des circonscriptions très serrées, délimitées par les secteurs (imadats), puis à partir d’un premier tirage au sort dans les délégations, et d’un deuxième (les gouvernorats) est de nature à fragiliser le pouvoir législatif face à un exécutif très fort, avec un président de la République directement élu au suffrage universel. En outre, un pouvoir exécutif à une seule tête et un parlement élu par étapes conduiraient à un régime peu équilibré, constitutionnellement présidentialiste et politiquement autoritaire. Le débat sur la séparation des pouvoirs et la répartition des attributions serait alors théorique et purement formel.
Au-delà du mode de scrutin pour les élections législatives, qu’il soit uninominal, fondé sur un système de listes, à un ou deux tours, ce qui compte le plus, selon Slim Laghmani, c’est surtout la valeur des acteurs politiques. Qu’ils soient dirigeants de partis ou candidats, ils déterminent par leur sens de l’Etat et le dénominateur commun qui les unit, en dépit des idéologies, la stabilité et l’efficacité politiques.