Les gouvernants arabes: embrasser pour étouffer
Par Hédi Behi - Il y a quelques jours, en rangeant ma bibliothèque, je tombe sur un livre consacré au blitz londonien, pendant la 2e Guerre Mondiale. Inévitablement, je m'arrête sur la phrase archiconnue de Winston Churchill. N'oublions pas que nous sommes dans la plus vieille démocratie du monde. Tenir la langage de la vérité quoi qu'il en coûte.
Ce jour-là, alors que les Stukas allemands larguaient leurs bombes sur la capitale britannique, il promettait aux Anglais "du sang, de la sueur et des larmes". La comparaison avec nos gouvernants s'impose très vite. Autant, Churchill tenait à responsabiliser ses concitoyens, autant, son homologue arabe, le président Nasser cherchait à infantiliser les siens. Dans les années 60, en Egypte, le "raïs" veillait tard chaque nuit, pour éplucher les épreuves des journaux avant leur parution pour ensuite les expurger de toutes les informations susceptibles "d'effrayer la population". Un artifice qui en dit long sur la piètre estime dont il tenait son peuple. D'ailleurs, ce sentiment est largement partagé par ses pairs à une exception près, Bourguiba dont le discours prémonitoire sur la Palestine à Ariha en février 1965 est encore gravé dans toutes les mémoires autant que la phrase historique de Churchill.
Veiller à la quiétude de leurs citoyens" ? Voire ! Apparemment, cela part d'un bon sentiment. En réalité, il s'agit d'une ferme volonté de la part des gouvernants pour mieux contôler contrôler, les manipuler, les caporaliser selon leur bon vouloir.
Si les peuples arabes accusent aujourd'hui un retard immense sur d'autres pays moins riches en ressources naturelles, s'ils envient des pays comme la Corée du sud d'être parvenu à se hisser au rang des grandes puissances industrielles en l'espace d'une génération, s'ils enragent de ne pouvoir ramener à la raison un petit pays comme Israël qui opprime impunément les Palestiniens depuis soixante dix ans, c'est, surtout, parce que la plupart des gouvernants arabes, alors que leurs pays qui avaient tous les atouts pour décoller, ont préféré flatter, plutôt qu'orienter, travestir la vérité plutôt que responsabiliser, caresser dans le sens du poil, étreindre pour étouffer. Dans leurs discours, ils n'arrêtent pas de s'en gargariser, de l'idéaliser, et de le magnifier. Le peuple a toujours raison. Il est infaillible, omniscient. On repense à la fable de la Fontaine, "le corbeau et le Renard."Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute".
Jacques Berque aimait à dire "qu'il n'y a pas de pays sous développés mais des pays sous analysés, mal aimés par leurs peuples".
Hédi Behi