La saga d'Afif Ben Yedder, homme de presse
Entre Béchir Ben Yahmed et Afif Ben Yedder, BBY et ABY, que de points communs : les mêmes initiales à une lettre près, le même âge, à dix ans près, les mêmes origines djerbiennes, la même passion pour la presse (ils sont tous les deux, patrons d'un groupe de presse), et enfin le même attrait pour l'Afrique.
Jeune Afrique n'est pas le seul titre de gloire de BBY. Tout au long de sa longue carrière, il a suscité bien des vocations et beaucoup lui doivent de les avoir introduits dans les arcanes du journalisme et guidés leurs premiers pas dans sa revue avant de les laisser voler de leurs propres ailes. Cest le cas de Afif Ben Yedder.
Aujourd'hui, sur les deux rives de la manche, deux grands patrons de presse tunisiens s'illustrent dans un secteur éminemment concurrentiel où les succcess stories dont les héros viennent des pays de sud sont extrêmement rares. Coïncidence heureuse : BBY en est à sa cinquantième année après une traversée où les de turbulences n'ont pas manqué alors que ABY fête le 500ème numéro du vaisseau-amiral du groupe, NewAfrican, ce qu l'autorise à nourrir de nouvelles ambitions
Afif Ben Yedder (ABY). est à la presse panafricaine anglophone ce que Béchir Ben Yahmed (BBY) est à la presse francophone. Deux noms et deux groupes complémentaires qui ont su s’imposer comme médias leaders sur le continent. En ce mois de novembre, le groupe IC Publications fête le 500e numéro de son mensuel anglophone NewAfrican. Ce temps fort a une signification particulière en ce qu’il montre qu’Afif Ben Yedder, le fondateur du groupe, a réussi son pari de pérenniser son entreprise de presse - qui édite neuf magazines en français et en anglais et deux newsletters en français - à force de travail, de patience et aussi et surtout de passion pour l’Afrique.
Celle-ci est née, au début des années soixante, après ses études d’HEC à Paris. Le parcours professionnel commence à Rome en 1962 avec Béchir Ben Yahmed - son aîné, fondateur de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique. Afif Ben Yedder part en mission en Afrique pendant trois mois. Il y « attrape le virus de l’Afrique » et découvre son amour profond pour le continent noir. De retour à Paris, il dirige le siège parisien de Jeune Afrique. Aux côtés de BBY, il a tout appris : la politique, l’économie, le journalisme, la culture, le marketing, la finance, l’imprimerie la publicité, la gestion… l’Afrique et le monde. Au sein de cette rédaction - qui avait fini par s’installer définitivement à Paris - il a côtoyé les plus grands journalistes (Jean Daniel, Jean Lacouture, Mohamed Ben Smaïl, Josette Alia, Guy Sitbon, Jean François Kahn, Simon Malley…), mais aussi d’éminentes personnalités politiques maghrébines, africaines et françaises (Abdelaziz Bouteflika, Léopold Sédar Senghor, Alain Savary…).
En onze ans de vie au sein de Jeune Afrique, ABY a forgé ses armes à la meilleure école de la polyvalence. Ses références sont restées intactes : BBY, son mentor pour lequel il a toujours beaucoup d’affection et d’admiration, et Peter Hart, un Britannique qui l’initia à l’univers anglo-saxon, à la presse internationale et au monde de la publicité et de la communication.
Au terme d’une année sabbatique aux USA pour parfaire ses connaissances en anglais et du monde des affaires et de la finance à Harvard Business School, ABY avait compris la nécessité de reproduire le modèle Jeune Afrique d’abord en Afrique anglophone et ensuite au Moyen-Orient. Il s’installe à Londres, en 1971, et publie avec succès plusieurs magazines internationaux en langue anglaise. Fort de cette réussite, le groupe IC Publications lance et rachète plusieurs titres et devient le leader incontesté de la presse panafricaine anglophone.
Le groupe s’est beaucoup diversifié avec de nouveaux titres. Avec NewAfrican, African Business, NewAfrican Woman, The Middle East et African Banker, IC Publications s’est taillé une réputation internationale grâce à son influence et son audience.
Aujourd’hui, les magazines sont édités en français et en anglais avec des équipes rédactionnelles distinctes : une à Paris et l’autre à Londres. Une manière d’accentuer l’influence du groupe, de diversifier l’offre médiatique et de couvrir toute l’Afrique.
Fondateur et rédacteur en chef du groupe, Afif Ben Yedder tient à lire tout ce qui s’écrit dans ses publications. Maîtrisant les deux langues, son expérience, son flair et son intuition servent de garde-fou à toute dérive. A soixante-dix ans, mais toujours actif, il a cédé la direction du groupe à Omar Ben Yedder (son fils), en gardant le contrôle de la rédaction à laquelle il consacre beaucoup de temps pour l’améliorer. Il prend un grand plaisir à développer et consolider les magazines en français.
Ses lunettes de vue et sa barbe légère lui donnent un air d’universitaire anglo-saxon. ABY a su s’adapter aux différentes mutations survenues dans la presse notamment avec Internet. Toujours avec son ordinateur et en voyage - Londres, Paris et d’autres capitales en fonction des événements - rien ne l’empêche d’être en contact avec ses équipes. Tout a été conçu pour être informé en temps réel et réagir en conséquence.
En plus des publications, ABY a fondé IC Events qui organise des conférences et des évènements sur l’Afrique. Les trophées d’African Banker et d’African Business récompensent - chaque année - les meilleurs entrepreneurs et banquiers du continent. Ces deux cérémonies se tiennent à Londres et à Washington pour célébrer une Afrique qui gagne et donner une image positive du continent de tous les possibles.
Le 500e numéro marque le sérieux et le professionnalisme du titre, certes, mais aussi ceux d’un homme qui porte en lui la passion de la presse et de l’Afrique. HBY