Comment l'Algérie peut relancer son tourisme, comment la Tunisie peut y contribuer?
Alger – De l’envoyé spécial de Leaders – Dans cette Algérie qui renoue avec ses longues traditions d’accueil et d’hospitalité, cherchant à relancer son industrie touristique, quelles synergies bénéfiques peuvent développer autorités et professionnels tunisiens avec leurs homologues algériens ? Comment promouvoir des partenariats, mettre en commun des réseaux de formation des compétences touristiques et explorer en commun des marchés lointains, comme ceux de La Chine, l’Australie, le Japon, ou les Etats-Unis ? Compte-rendu des débats francs qui ont marqué les journées internationales du marketing touristique.
Affluence record dimanche matin à l’Hôtel El Aurassi qui surplombe la baie d’Alger, à la faveur de la tenue des premières journées internationales du marketing touristique. Hôteliers, voyagistes et autres professionnels du secteur sont venus de toutes les Wilaya, y compris les fins fonds du désert, débattre, sous le patronage du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, et à l’initiative de RH International, présidée par Rachid Hessas, de la meilleure démarche à accomplir ensemble pour relancer le tourisme algérien. Relancer, car l’hospitalité, hors foyer, en plus de celle dans les familles, est solidement ancrée, depuis l’ère des caravanes, puis à travers la série d’hôtels de ville et unités balnéaires ainsi que campements et hôtels de charme des oasis et du Sahara, dans ce pays riche en paysages et patrimoine. Il s’agit à présent, comme l’a indiqué le secrétaire général du ministère, de mettre toute l’offre de l’Algérie, en package, dans une attractivité marketing moderne, avec les impératifs de qualité totale, conception architecturale, services et animation.
Mais, comment attirer le touriste étranger, à commencer par l’Européen ? Quels sont les préalables à mettre en place ? Quel est le rôle du secteur privé local et quelles synergies possibles avec des partenaires étrangers, notamment tunisiens ? Autant de questions qui ont bénéficié d’éclairages officiels et de débats croisés, entre spécialistes et professionnels. C’est ainsi qu’Ahmed Bouchdjira, patron de l’Office National du Tourisme présentera le schéma directeur adopté, la stratégie marketing et ses cinq piliers dynamiques mises en place, dans une double perspective d’abord économique de l’après-hydrocarbures et ensuite, institutionnelle, pour ce qui est de l’image globale de l’Algérie. L’objectif, comme le diront nombre d'intervenants, est de rendre l’Algérie plus attractive, plus fréquentée, gommant toute appréhension d’insécurité, et développant tout un éco-système. D’où l’importance du marketing et de la communication pour contribuer à la construction de cette image et sa large diffusion.
Quelle stratégie marketing adopter pour l’ONT, les chaînes et les hôtels, quels produits lancer le plus et quelle communication et quels thèmes favoriser ? Du fond de la salle, une trentaine d’étudiants en marketing, piaffaient d’impatience pour en découdre. Des discours, oui, mais ce sont dls stratégies et les campagnes qui les excitent le plus.
Enseignements et synergies
Citée souvent en référence très proche, à prendre en considération, l’expérience de la communication publicitaire du tourisme tunisien, présentée par Taoufik Habaieb (THCOM), à travers une rétrospective des positionnements et campagnes, a été suivie avec intérêt. Les enseignements à partager sont nombreux, tant pour ce qui est des axes que des médias et autres outils hors médias. Comment concevoir un positionnement distinctif, l’adosser à une marque-pays qui sera déclinée sur tous supports, veiller à la puissance de l’image en l’enrichissant continuellement et faire de tout un chacun à la fois prescripteur du voyage, porteur d’image et gardien de cette image ? Comment aussi bénéficier de toute la puissance des outils interactifs et médias sociaux, tout en faisant attention au revers de la médaille que représente aujourd’hui la réclamation d’un touriste déçu, voire son dénigrement de la destination. Sans oublier de réfléchir en profondeur aux synergies indispensables à développer avec les pays voisins, notamment la Tunisie.
On ne peut pas aujourd’hui aller en Chine, en Corée, en Australie ou aux Etats-Unis, parler d’un seul pays d’Afrique du Nord et y proposer un séjour unique. Si pour l’Europe, si proche, on peut vendre une destination unique, dans ces contrées lointaines, il va falloir se présenter en offre régionale des pays du Maghreb, quitte à la décliner, pour le moment, sur deux ou trois pays seulement. Celui qui viendra à Tozeur, adorera poursuivre son voyage dans le Sud Algérien. Celui qui ira à Tabarka, n’aura que quelques dizaines de kilomètres à parcourir pour savourer la côte algérienne.
Le potentiel de synergies touristiques entre la Tunisie et l’Algérie est beaucoup plus large que la commercialisation. Il commence par le partenariat et s’étend à la formation, à la gestion et à nombre d’autres domaines. Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui les hôteliers tunisiens d’aller investir et s’investir avec leurs homologues, voire en troisième relation, d’autres partenaires étrangers, en Algérie ? Ils ont acquis un savoir - faire qu’ils gagnent à partager. De même pour ce qui est du réseau tunisien de formation des qualifications et compétences hôtelières, l’ouvrir aux jeunes algériens à accueillir en Tunisie, le dupliquer avec les adaptations nécessaires en Algérie et envisager des institutions communes à l’instar de l’IFID et autres établissements qui forment aujourd’hui de hauts cadres pour les deux pays.
Bref, de grandes opportunités s’offrent aux deux pays. Il appartient aux officiels de les encourager et aux professionnels de le convertir en réussites mutuellement bénéfiques.