Le FMI cherche des garanties quant à l’engagement de l’UGTT et la capacité de la Tunisie de mettre en œuvre les réformes nécessaires
Rédigé dans le langage du siège, c’est-à-dire aseptisé et nécessitant exégèse, le communiqué de presse publié par le Fonds monétaire international (FMI), à l’issue de la mission qu’il avait récemment mandatée en Tunisie du 23 au 25 mars 2002, ne dit pas tout. Cette mission, conduite par Taline Koranchelian, directrice adjointe du département Moyen-Orient et Asie Centrale, qui était accompagnée de Chris Geiregat, chef de mission du FMI pour la Tunisie, était arrivée, non sans quelques fragilités présentes à l’esprit, à la recherche de garanties quant à l’exécution du programme à convenir. Ces garanties, essentiellement politiques, sont de diverses natures, à commencer par la stabilité des institutions. La dissolution, mercredi soir de l'Assemblée des representants du peuple (ARP), introduit sans doute une nouvelle donne que Tunis souhaite "minimiser". Sur un autre plan, échaudé par le non-aboutissement réussi des deux programmes précédents à cause du bras de fer UGTT – Gouvernement, le Fonds entend obtenir confirmation quant à l’adhésion de la centrale syndicale ouvrière aux réformes esquissées, et s’assurer de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre le programme, en y ralliant également la population.
Au niveau technique, la Tunisie et le FMI sont très proches au sujet des principaux aspects du programme. La Tunisie a présenté un schéma cohérent pour la maitrise de la masse salariale. Elle a aligné une bonne équipe, solide et compétente et affiché une grande fluidité des rapports entre le gouvernement et la Banque centrale. La cheffe du gouvernement a exprimé toute sa détermination à réussir ce programme. Autant d’éléments qui doivent compléter la documentation nécessaire à la mission dépêchée de Washington afin de soumettre son rapport au conseil du conseil d’administration pour obtenir un mandat de négociation d’un accord avec la Tunisie. La visite à Tunis aura été utile, selon certainse sources proches du dossier.
La tenue des assemblées annuelles et réunions du printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, dans la capitale fédérale américaine du 18 au 24 avril 2022, offrira à la Tunisie une bonne opportunité pour soutenir sa requête. Marouane El Abassi, Samir Saïed et Sihem Boughdiri Nemsia s’y rendront avec l’ardente volonté d’engager les négociations appropriées.
Le FMI n’a pas manqué de rappeler dans son communiqué « les défis structurels majeurs qui se manifestent à travers des déséquilibres macroéconomiques profonds, une croissance très faible malgré son fort potentiel, un taux de chômage trop élevé, un investissement trop faible, et des inégalité sociales. A ces défis structurels s’ajoutent aujourd’hui l’impact de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. »
Le FMI « considère qu’une réduction consciencieuse du déficit budgétaire à travers une fiscalité équitable, une stricte maîtrise de la masse salariale, un meilleur ciblage des subventions, et une réforme profonde des entreprises publiques est essentiel pour la résorption des déséquilibres macroéconomiques, ainsi que pour améliorer l’efficacité du secteur des entreprises publiques et rétablir la compétitivité de l’économie tunisienne. Des initiatives visant à renforcer la concurrence et le climat des affaires seront également critiques afin de libérer le potentiel de croissance du pays et la création d’emplois. »
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