Aïd El Idha : des comportements à bannir
La campagne d’islamophobie qui déferle sur l’Europe depuis une bonne dizaine d’années enregistre des pics à l’approche des fêtes musulmanes. Tel un réflexe conditionné, celles-ci sont autant d’occasions de stigmatisations où l’on s’en prend, pêle-mêle, à l’Islam, aux musulmans et à leurs rites, où on dénonce « l’islamisation rampante de l’Europe ». Des attaques qui reviennent tels un leit motiv. A l'instar de sénateur Caton qui terminait, il y a plus de deux mille ans, ses discours, par un « delenda cartago est » jusqu’à ce qu’il fût entendu ; des nazis qui « calomniaient, calomniaient » dans l’espoir « qu’il en restera toujours quelque chose.»
Après le péril noir, le péril rouge, jaune et enfin vert. L'Occident aime se faire peur. Le danger extérieur, il n'y a pas mieux pour galvaniser les énergies et renforcer l'unité nationale. Leurs auteurs de ces attaques ? Il y a ceux qui avancent à visage découvert comme l’extrême-droite qui n’a pas fini de régler ses comptes avec l’Islam. Islamophobes et fiers de l'être. Il y a les défenseurs de causes subliminales, comme les partisans d’Israël qui ne sont jamais très loin dès qu’on s’attaque aux Arabes ; il y a, enfin, le petit peuple « qui n’est pas raciste, mais… ». On se souvient de l’appel lancé il y a quatre ans par l’ancienne actrice, Brigitte Bardot, au président Sarkozy pour arrêter « la boucherie, le désastre », auxquels donnerait lieu la célébration de l’aïd El Idha par les musulmans de France. On pense à l’histoire de la paille et de la poutre. Indulgents quand il s’agit de nos propres défauts, sévères envers ce qu’on croit être les défauts des autres. A-t-on oublié le spectacle des mises à mort des taureaux dans les arènes d’Espagne, du sud de la France ou d’Amérique latine ?
Cela ne nous dispense pas de certains efforts pour éviter, par notre comportement, de donner prise à certaines critiques en partie justifiées. Gardons-nous de faire dans la victimisation comme on a trop tendance à le faire quand on fait l’objet de critiques. Il n’y a qu’à voir les conditions dont ces pauvres bêtes sont transportées, parfois dans les coffres de voitures, parfois sur les porte-bagages exposées au soleil et aux intempéries sur de longs trajets ; ces scènes d’égorgement collectif dans les faubourgs de la capitale, dans les quartiers résidentiels et dans les appartements dont les salles de bains sont transformées pour l’occasion en abattoirs pour comprendre que nous aussi, avons notre part de responsabilité dans ces réactions. Evitons de donner des arguments à ceux qui nous en veulent d'être tout simplement différents.
Hédi Béhi