Social, numérique... Rattraper tant de retard
Au mieux, il va falloir attendre le mois de février 2023 pour que la Tunisie puisse se doter d’un nouveau gouvernement. C’est-à-dire dix mois pour qu’une nouvelle équipe, issue des élections législatives anticipées, promises pour le 17 décembre prochain, soit légitimement hissée aux commandes, pour une période espérée stable. D’ici là, le gouvernement Najla Bouden doit pouvoir tenir et résister aux aléas des multiples crises. Son unique salut est de ne guère se considérer comme un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, de dépoussiérer tant de dossiers ensevelis par des gouvernements précédents et relégués aux oubliettes d’une administration désenchantée.
Le gouvernement Mechichi, rapidement rattrapé par la disgrâce de Carthage, dès le début de 2021, a vogué de tiraillements politiques en blocages, accumulant les chantiers laissés à l’abandon. Ralentissement général, relâchement quasi-total, ni réformes, ni nouveaux projets, juste des effets d’annonce. Le retard est un peu partout pris dans la gestion des affaires courantes, comme dans l’avancement des projets en cours. Les guerres parlementaires ont totalement anéanti tout débat programmatique. Plus personne dans les états-majors politiques ne prenait à bras-le-corps les véritables préoccupations des Tunisiens, encore moins celles de l’avenir. La société civile, de son côté, pare au plus urgent.
La remise à plat des politiques publiques et l’émergence de nouvelles orientations ne trouvent pas de parties prenantes. La rotation rapide des ministres ne favorise guère une action en profondeur et finit pas échauder l’Administration. Les dossiers moisissent dans les boîtes d’archives et les retards s’accumulent.
Déblocage et visions innovantes
Que peuvent faire les ministres de Kaïs Saïed ? Sont-ils capables de lever tant d’entraves ? Comment procèdent-ils pour relancer leurs départements et faire redéployer leurs services ? Deux exemples sont examinés dans ce numéro de Leaders. Il s’agit de celui du ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi, et du ministre des Technologies de la communication, Nizar Ben Néji.
Le premier affiche un profil politique, vient de la société civile et fait partie du noyau dur de l’équipe de Kaïs Saïed depuis de longues années. Il se retrouve à la tête d’un ministère en première ligne tant pour ce qui est des relations professionnelles que de la lutte contre la précarité. Mais aussi impliqué dans le dialogue national annoncé.
Le second est technologique. Enseignant-chercheur et expert international, il a été choisi pour sa compétence et son indépendance. Sa première grande mission sera de concevoir et faire tourner la plateforme électronique de la consultation nationale. Tout en relançant les grands projets, en accélérant les chantiers du numérique et en introduisant des visions innovantes.
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