Malek Ezzahi, Ministre des Affaires sociales: Au cœur du dialogue national
Porter le dialogue national tant promis par le président Kaïs Saïed, pour paver la voie au référendum du 25 juillet 2022. Malek Ezzahi, compagnon de route et fidèle parmi les fidèles, aura lui aussi à s’y investir. Ministre des Affaires sociales, il est au carrefour des concertations avec les organisations syndicales nationales, et de nombreuses composantes de la société civile.
Mais au-delà du ministre se profile un long parcours politique croisé avec un engagement dans l’action militante, depuis ses années au Campus universitaire au sein de l’Uget (2000-2001). Très actif, depuis lors, dans de nombreuses manifestations (en faveur de la Palestine, pour les droits et libertés, etc.) ainsi que les grands évènements politiques et sociaux, il sera aux premiers rangs, au lendemain du 14 janvier 2011, dans les sit-in de la Kasbah 1 & 2. C’est à cette occasion qu’il fera la connaissance du futur président de la République, Kaïs Saïed. Un nouveau combat commence, jusqu’à la conquête du pouvoir. Il se poursuivra après l’accession à Carthage pour relayer la parole présidentielle, entretenir les relations, expliquer la vision et porter le projet.
Malek Ezzahi, soulignent ses proches, a toujours été «un homme de contacts, d’échanges, de discussion». «En toute discrétion, il établit les liaisons, fait passer les messages, et assure le rapprochement des points de vue, soutiennent ses proches». Homme de confiance de Kaïs Saïed, très imprégné de sa vision, proche de l’Ugtt et de l’Utica, mais aussi de la Ltdh et d’autres acteurs significatifs, resté à l’écart des tiraillements, et bien connecté avec les ‘’Tansikiet’’, il est en mesure de contribuer à l’aboutissement du dialogue national, estiment ceux qui le connaissent de près.
Qui est Malek Ezzahi ? Quel rôle joue-t-il dans le nouvel échiquier politique post-25 juillet 2021 ? Et comment gère-t-il son ministère ?
Portrait
Front dégarni, léger embonpoint qui obère une silhouette de judoka, et le propos direct. A 42 ans, titulaire d’une maîtrise en gestion et d’un mastère en gestion des risques, marié et père d’une fille, cet agent général d’assurance a toujours évolué, depuis sa naissance, dans un milieu d’activisme politique et syndical. Fils unique d’un père, Mohamed Moncef Ezzahi, longtemps membre du bureau exécutif de l’Ugtt (chargé de la Fonction publique) et d’une mère fonctionnaire, il a déjà hérité de son grand-père le sens du patriotisme. Né à Gafsa où il fera ses études primaires, il suivra ses parents qui montent s’installer à Tunis, élisant domicile à la Mornaguia. Cette proche banlieue de Tunis, jadis rurale, deviendra son fief… et même son lieu d’incarcération, lorsqu’il sera arrêté avec des camarades de quartier, dans une affaire d’atteinte à la sécurité et détenu en tant que préven pendant six mois, avant d’être acquitté, comme le confirmera Me Mokhtar Trifi.
Activiste, syndicaliste
Etudiant à la faculté des Sciences économiques et de Gestion de Tunis, Malek Ezzahi trouvera au campus d’El Manar un vaste champ de militantisme. Nationaliste arabe, il évoluera à travers différentes mouvances, se fera élire au bureau exécutif de l’Uget et côtoiera de près les Bassam Trifi, Abdennaceur Layouni, et autres Semia Faraoues… Son enthousiasme le portera au sein des différents comités de soutien à la cause palestinienne, aux actions de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (Ltdh), etc.
Recruté au sein de la compagnie d’assurances AMI, Malek Ezzahi y grimpera les échelons jusqu’à devenir chef de service commercial et secrétaire général du syndicat de base…Il finira par obtenir son agrément d’agent général d’assurance et ouvrir sa première agence en 2012 à Regueb, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Le choix de Regueb, au-delà de la symbolique révolutionnaire de la ville, explique-t-il, s’est fait par les nombreuses amitiés qu’il y avait nouées en 2011. Plus encore, aucune compagnie d’assurances n’y était représentée à l’époque. Cette agence, il la gardera jusqu’en 2019, lorsqu’il s’installera au Bardo.
Aux origines d’El Machrouu, avec Kaïs Saïed
L’année 2011 sera celle du grand tournant pour Malek Ezzahi. Très engagé dans les mouvements contestataires au lendemain du 14 janvier, il fera partie de l’équipe centrale des sit-in successifs à la Kasbah 1&2. «Déjà, Kaïs Saïed nous rendait visite, confie-t-il à Leaders. Il aimait venir discuter avec les protestataires et leur témoigner de son soutien. Mais, c’est surtout lors du sit-in du Destin, organisé en 2012 à la Place des Droits de l’Homme, sur l’avenue Mohamed-V, que nos liens se sont affermis, à la faveur des cercles de discussion. Nous étions tous animés d’un même idéal révolutionnaire, déterminés à rompre avec un passé toxique et soucieux de forger un nouveau projet pour notre pays et notre peuple.»
«Nos idées, poursuit Malek Ezzahi, se sont croisées avec celles de Kaïs Saïed, pour s’approfondir et cheminer ensemble vers un véritable ‘’Machrouu’’. Nos discussions étaient interminables et nous allions avec Kaïs Saïed dans différentes localités rendre visite aux familles de martyrs de la révolution et au chevet de blessés. Et aussi soutenir des mouvements de protestation un peu partout. Le président a été très ému par sa visite à Menzel Bouzayane, l’un des berceaux de la révolution, dans la région de Sidi Bouzid. D’ailleurs, il continue à l’entourer de son attention… »
Le mystère du chiffre 17
«Autour de Kaïs Saïed, poursuit-il, nous avions formé une petite équipe composée notamment de Sonia Charbati, Kamel Feki, Faouzi Daas, Ahmed Caftar, Samir Abdellaoui et d’autres compagnons de lutte. Là où on allait, on rencontrait des gens, on nouait des amitiés. Ce vaste carnet d’adresses ainsi constitué servira de base aux coordinations ‘’Tansikiet’’ qui animeront notre campagne électorale en 2019. Le noyau dur était composé de 12 personnes, en plus de Kaïs Saïed, soit 13 au total.»
«Nous n’avions pas de moyens, ajoute Malek Ezzahi, et nous ne pouvions que compter sur nous-mêmes. C’est ainsi que nous avons pu louer un petit local, dans un vieil immeuble du centre-ville pour en faire notre quartier général et dû utiliser nos vieilles voitures personnelles, cotisant pour payer l’essence, et prenant chacun à sa charge nos frais d’hébergement dans de modestes hôtels. Les ralliements se faisaient de plus en plus nombreux, renforçant nos rangs par des jeunes et des moins jeunes, de toutes les catégories : demandeurs d’emploi, avocats, médecins, pharmaciens et autres. Au fur et à mesure, il fallait choisir les membres des ‘’Tansikiet’’, désigner les chefs de file et les aider à se déployer. En neuf jours, durant cette tournée électorale, nous avons visité 106 délégations, du nord au sud du pays, du littoral à l’arrière-pays.»
Une nouvelle mission
Point de trêve pour Malek Ezzahi après l’accession de Kaïs Saïed à la présidence de la République en octobre 2019. « Ma charge a redoublé de poids, nous confie-t-il. L’euphorie des premiers jours s’est rapidement convertie en sens profond de la mission qui nous attend, nous les proches compagnons de Kaïs Saïed. Notre place ne devait être ni au palais de Carthage en tant que conseillers, ni au gouvernement, en tant que ministres et secrétaires d’Etat. Il fallait en effet entretenir le lien que le président avait déjà tissé avec des organisations nationales, la société civile et autres partenaires. Cette mission fondamentale a toujours été cruciale, à différentes étapes, pour porter le projet qui est le nôtre, l’expliciter, en débattre.»
C’est dans la continuité de l’accomplissement de cette même mission que Malek Ezzahi considère sa nomination à la tête du ministère des Affaires sociales. Certes gérer un département clé où doit se réaliser une bonne partie de la vision d’ensemble du président Saïed, mais aussi entretenir un dialogue qu’il juge «absolument nécessaire» avec de larges franges du paysage politique et sociétal tunisien.
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