Aycha Taymour, l'une des premières écrivaines arabes 1840-1902
Par Abdelkader Maalej - Aycha Taymour, appelée aussi Attaymouria, était une écrivaine et poétesse connue et vénérée. Elle descendait d’une famille intellectuelle qui avait enfanté certains grands hommes de lettres célèbres à l’instar des nouvellistes Mohamed et surtout Mahmoud Taymour. Au demeurant, c’était en lisant les nouvelles écrites par ce dernier que j’ai moi même aimé ce genre littéraire et que j’ai commencé à écrire des nouvelles depuis ma jeune enfance.
Les Taymour étaient d’origine turque et plus exactement kurde. Aycha Taymour était l’une des premières écrivaines du Proche Orient à écrire en arabe en turque et en persan.
En prose elle avait écrit un roman allégorique et de nombreux essais. Dans certains essais elle avait parlé de son père Ismaël Pacha un haut fonctionnaire de carrière au gouvernement égyptien. C’était lui, disait elle qui recrutait des professeurs qui venaient à sa maison pour apprendre à sa fille le coran les sciences charaïques la langue la grammaire arabes et d’autres sciences ; elle avait aussi parlé de sa mère dont elle avait hérité la rigueur, la vigueur et la force de caractère.
Dans ses essais Aycha avait aussi traité de questions afférentes à la femme telles que l’éducation de la fille, le mariage le voile etc.
Mariée à l’âge de 15 ans elle dut cesser d’écrire pour s’occuper de son foyer. Mais après la mort de son mari et de son père elle revint à ses premières amours en se remettant à écrire des poèmes qu’ ’elle publia dans un recueil poétique qui était l’un des premiers ouvrages publiés par une femme de son époque.
Son recueil poétique est intitulé "Hiliati ettiraz" ou Broderie décorative. Le premier poème a pour titre « Avec ma main vertueuse je protège mon voile ». Je vous propose de lire ce poème suivi par une traduction approximative en français vu que le poème est difficile à comprendre car l’auteure y avait utilisé tous les procédés stylistiques et linguistiques possibles et imaginables tels que l’allusion, la métaphore l’emprunt le syllogisme l’allitération le sens figuré etc. La traduction ne peut être donc qu’approximative et peut être même un tantinet imprécise.
Avec ma vertueuse main je protège la force de mon voile
Et grâce à ma chasteté je surpasse mes émules,
Avec une pensée étincelante et une muse critique j’ai couronné ma littérature ;
Bien avant moi des femmes nobles appréciées et sages avaient écrit,
Ce que j’ai dit n’est que plaisanterie et jeu de mots,
Jouissant de l’éloquence du livre et la sagesse de la logique,
La fille de Mahdi et Leila sont mes modèles préférés ;
Grâce à mon instinct inné et mes jolies idées j’ai composé des poèmes ;
Superbes elles le sont ces dames, de quel noble tissu sont elles issues.
Ces vieillardes par les hommes vénérées,
Des perles littéraires à l’instar de la poétesse Elkhansa
Parcourant des chemins rocheux à la recherche de son frère Sakhr
Du front de mon calepin j’ai façonné mon miroir
Et des traces de l’encre j’ai crée mon ornement ;
Que de fois mes doigts ont décoré les joues de mes pages
Par des scripts d’écriture et des soupirs de jeunesse.
Les bougies de mon intellect envoient leur lumière très loin.
Avec l’odeur de mes mots je parfume le jardin de mes amis.
Des femmes immensément splendides sont enrôlées dans des draps de fine logique,
Toujours enviées en ma présence autant qu’en mon absence.
Au club des sentiments elles sont fondues
Rappelant des gens de bonne souche ;
Au moyen de mes arts j’ai sauvegardé mon intellect.
Grâce au beau talisman et au voile sauveur.
Tout en faisant de moi la plus belle rose des sages esprits
Je ne suis point affligée ni par la solitude ni par un bandeau au front
Ni encore par un habit brodé fière de son paradis.
Mon humilité ne m’a point empêchée de m’envoler haut,
Le voile couvrant mes boucles ne pourrait déformer mon image.
Rugueuse, l’arène les cavaliers les plus ambitieux
Ne pourraient y éviter la souffrance provoquée par la dureté du combat.
Je ne saurais m’empêcher de louer
La splendeur de mes hauts objectifs
Sans omettre de mentionner l’essence cachée
Nonobstant la perfusion de son étrangeté au milieu des étrangers.
Tout comme un misk dissimulé dans les tiroirs des trésoreries
Dont l’encens se répand en souffles d’orient,
Ou comme des mers pleines de perles et de pierres précieuses.
Les mains qui les touchent se paralysent
En voulant obtenir ces désirables perles ;
Les plongeurs se trouvent confrontés à des peines sans fin ;
Les ambres les plus connus du monde consentent à sauvegarder ces perles
Et cette histoire est relatée dans tous les livres que peut se procurer tout acheteur.
Elle enrichit en moi la lampe de dextérité,
Tel un don qui m’est offert par notre charitable omnipotent seigneur.
Abdelkader Maalej