FIFA : Blanchi de corruption, Slim Aloulou condamné pour … non délation
Curieuse FIFA ! Deux poids, deux mesures. A deux semaines de l’annonce des noms des organisateurs des Mondiaux de 2018 et 2022, la Commission d’Ethique de la FIFA vient de rendre son verdict dans l’affaire de corruption où certains de ses membres sont accusés d’avoir trempé. Des suspensions de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre aux niveaux national et international) variant d’une année à quatre ans ont été prononcées à l’encontre de six officiels, dont Slim Aloulou qui, blanchi d’accusation de corruption, écope de 2 ans, pour violation de certains articles du Code de l’Ethique. Sans doute, il interjettera appel. Deux grands chefs d’inculpations ont, en effet, été retenus même s’ils ont été occultés dans le communiqué officiel rendu public, par une formule vague à savoir « violation de divers articles du Code d’Ethique de la FIFA », entendez pratiques de corruption pour les uns et, essentiellement, non-dénonciation au Secrétaire général de la FIFA de tentative de corruption, pour d’autres.
En clair, ou les dirigeants traduits devant la Commission d’Ethique ont été convaincus de corruption avérée et ils ont alors écopé de suspension de 3 et de 4 ans (est-ce assez ?), ou, ils sont lavés de cette grave accusation, mais, condamnés pour d’autres manquements, tels que l’évocation et la reconnaissance, dans des conversations privées de l’existence de certaines pratiques délictueuses, et non-dénonciation au Secrétaire général de la moindre approche subie et pouvant être assimilée à une tentative de corruption. Slim Aloulou, est dans le deuxième cas. Il a dû acquiescer, en cercle privé, quand on a parlé devant lui de corruption dans le milieu footballistique, voire au sein de la FIFA même. Pouvait-il le démentir ? Qui l’aurait cru ?
Incorruptible, et c’est confirmé, et peu enclin à la délation, et il en est puni de 2 ans de suspension (et une amende de 10000 FS, soit près de 14 000 DT). S’il était confondu de corruption, il n’aurait pris qu’un an ou deux de plus. Et c’est tout. La page sera alors tournée pour les corrompus. Drôle de justice de la FIFA, drôle de relativité des peines et des sanctions, drôle footbusiness, tout court.
Par sa sévérité, la peine inique frappant Slim Aloulou, malgré sa conduite exemplaire comme l’attestent ses 32 années passées à la FIFA, à des postes sensibles, sans que jamais, son intégrité ait été mise en cause, ne laisse pas de surprendre comparée à celle prononcée contre le vice président de la FIFA, qui s’en sort avec une peine plus légère alors qu’il avait été directement mis en cause par le journal britannique, The Sunday Times. Ce qui nous conduit à nous interroger sur les véritables mobiles de cette sanction injuste et inacceptable. Pour bien blinder leur candidature à organiser la Coupe du Monde 2018 ou 2022, les Anglais, qui ont déclenché l’affaire, avaient-ils mené des manœuvres d’approches corruptives pour se constituer un dossier solide à mettre en chantage au visage de la FIFA ? En tous cas, Slim Aloulou n’a rien à voir dans tout cela. Sa réserve naturelle, son mépris pour les basses manœuvres et son honnêteté lui ont coûté cher. On s’attendait au plus à un avertissement, voire un blâme, et le voilà contraint de s’abstenir de toute activité à caractère sportif, pendant 2 ans. Il en sort certes la tête haute, mais c’est la FIFA qui le regrettera le plus. Il lui manquera.
Leaders
Communiqué intégral de la FIFA
La Commission d’Éthique prononce des suspensions d’un à quatre ans à l’encontre de six officiels
La Commission d’Éthique de la FIFA, présidée par Claudio Sulser (Suisse), et réunissant Petrus Damaseb (Namibie), Juan Pedro Damiani (Uruguay), Dominique Rocheteau (France), Dali Tahir (Indonésie) et Robert Torres (Guam), a décidé de suspendre six officiels de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) pour des périodes allant d’un an à quatre ans, après qu’ils ont été convaincus de violation de divers articles du Code d’éthique de la FIFA. Ces décisions, prises lors d’une séance de la Commission d’Éthique tenue à Zurich du 15 au 17 novembre 2010, sont les suivantes :
• Reynald Temarii (vice-président de la FIFA) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée d’un an. Il écope en outre d’une amende de CHF 5 000.
• Amos Adamu (membre du Comité Exécutif de la FIFA) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée de trois ans. Il écope en outre d’une amende de CHF 10 000.
• Slim Aloulou (président de la Chambre de Résolution des Litiges de la FIFA et membre de la Commission du Statut du Joueur de la FIFA) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée de deux ans. Il écope en outre d’une amende de CHF 10 000.
• Ahongalu Fusimalohi (secrétaire général de la Fédération Tongienne de Football) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée de trois ans. Il écope en outre d’une amende de CHF 10 000.
• Amadou Diakité (membre de la Commission des Arbitres de la FIFA) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée de trois ans. Il écope en outre d’une amende de CHF 10 000.
• Ismael Bhamjee (membre d’honneur de la CAF) est suspendu de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international pour une durée de quatre ans. Il écope en outre d’une amende de CHF 10 000.
La FIFA a entamé le 18 octobre 2010 une procédure à l’encontre des deux membres du Comité Exécutif et a demandé à la Commission d’Éthique de mener une enquête approfondie et indépendante à ce sujet. Le 20 octobre, la Commission d’Éthique avait provisoirement suspendu les six officiels (cf. communiqué de presse du 20 octobre "Deux membres du Comité Exécutif de la FIFA provisoirement suspendus").
Enfin, la Commission d’Éthique a examiné les informations relatives à des accords prétendument conclus entre des associations membres - ou leur comité de candidature respectif - en relation avec la procédure de candidature à l’organisation des Coupes du Monde de la FIFA 2018 et 2022, mais n’a pas trouvé de preuves suffisantes qu’une violation du cahier des charges des candidatures et du Code d’éthique de la FIFA ait été commise.