Le Groupe Tawhida Ben Cheikh solidaire des femmes américaines face au droit à l’avortement
Les femmes tunisiennes, membres de la société civile, activistes de la région MENA qui défendons avec détermination les droits sexuels et reproductifs y compris le droit à l'avortement sommes solidaires avec les millions d'Américaines qui vont perdre leur droit légal à l'avortement. C’est ce qu’elles ont affirmé dans un communiqué publié par le Groupe Tawhida Ben Cheikh, suite du retrait du droit fédéral à l’avortement aux États Unis d’Amérique et sur l’urgence de protéger ce droit en Tunisie. "Aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait), ont-elles ajouté, dicter à une femme ce qu'elle peut faire ou ne pas faire avec son corps".
Communiqué
La Cour suprême des États-Unis a enterré, ce vendredi 24 Juin 2022 un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit fédéral des Américaines à l'avortement. Ce droit n'avait jamais été accepté par la droite religieuse. La nouvelle décision de la Cour laisse aux états le droit de l'interdire ou le restreindre, renversant près de 50 ans de précédent historique en matière de droits des femmes. Elle laisse ainsi au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit. Ces nouvelles en provenance des États-Unis sont dramatiques pour les femmes américaines.
Nous, femmes Tunisiennes, membres de la société civile, activistes de la région MENA qui défendons avec détermination les droits sexuels et reproductifs y compris le droit à l'avortement sommes solidaires avec les millions d'Américaines qui vont perdre leur droit légal à l'avortement. "Aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait) dicter à une femme ce qu'elle peut faire ou ne pas faire avec son corps".
Rappelons qu’en Tunisie, alors que le droit à un avortement sécurisé sans conditions est défini par l'article 214 du Code pénal depuis 1973, la situation actuelle en matière de Santé Sexuelle et Reproductive est particulièrement alarmante en raison du fléchissement de la performance du programme national de santé reproductive, exacerbé par la crise de COVID-19.
Les taux d’utilisation de la contraception étaient déjà en régression en 2018 avec augmentation des besoins non satisfaits en contraception, et se sont détériorés davantage avec un taux de prévalence contraceptive inférieur à 50%. Les ruptures de stocks répétées en contraceptifs sûrs et performants tels que les pilules oestro-progestatives, de la pilule du lendemain, des préservatifs et des produits d’avortement médicamenteux découragent les utilisatrices.eurs et les privent des services de santé sexuelle et reproductive. Les constats de refus d’avortement dans les structures publiques et privées sont en hausse. Et surtout la dé-priorisation de la santé sexuelle et reproductive par l'état avec les réductions des budgets alloués.
Les témoignages de femmes le plus souvent fragilisées et vulnérables montrent les barrières administratives et logistiques dont elles sont les victimes, rendant une procédure légale tout à fait inaccessible avec des couts matériels, psychologiques, parfois dramatiques.
Alors qu’une nouvelle constitution se prépare pour les jours qui viennent, dont le contenu en matière de droit à la santé reste inconnu, nous demandons à ce que le droit à la santé soit inscrit dans la constitution et que les droits sexuels et reproductifs et plus particulièrement l'avortement légal, sécurisé soient protégés, défendus et appliqués par les institutions publiques pour toutes les femmes vivant en Tunisie.
Soyons uni.es et solidaires avec les Américain.es, et participons à la contre-offensive pour que le droit à l'avortement intégré dans l’ensemble des droits sexuels et reproductifs, soit un droit inaliénable.
Première liste des signataires du Communiqué pour protéger le droit à l'avortement en Tunisie et de soutien aux femmes américaines à la suite de l'abolition du droit fédéral à l'avortement aux Etats Unis
Les organisations
• Groupe Tawhida Ben Cheikh
• Réseau RAWSA
• Association tunisienne pour les droits et les libertés
• Association pour la promotiondu droit à la différence (ADD)
• DAMJ: Association Tunisienne pour la Justice et l'Egalité
• Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles
• Association M’nemtyHEDUCAP
• AswatNissaa
• Médecins du Monde
• Association Femmes et Dignité
• Association HANEN pour la promotion de l’allaitement maternel
• Beity
• Association NESS pour la prévention combinée
• Association Danner
• Free Sight Association
• Avocat sans frontières ASF
• Association Tunisienne de Lutte Contre les MST et le SIDA (ATL SIDA)
Les individus
• Dr Hedia Belhadj
• Dr Selma Hajri
• Dr Fethi Mansouri
• Dr Mohamed Hsairi
• Dr Sihem Essafi
• Wahid Ferchichi
• Hafidha Chekir
• Dr Amel Ben Said
• Agnès Hamzaoui
• Dr Ali Garraoui
• Dr Mohamed Salah Ben Ammar
• Dr Hanène Chaabane
• Dr Zahra Marrakchi
• Pr Habiba Ben Romdhane
• Dr Jaouhar Mzid
• Dr Hédi Achouri
• Saoussan Jaadi
• Sana Ben Achour
• Hafedh Chekir
• Dr Thouraya Annabi-Attia