Kais Saïed remporte son référendum : le plus dur commence
Sans surprise, le président Kais Saïed a fait plébisciter sa constitution par un score quasi absolu (estimations : 92%) parmi un peu plus du quart du corps électoral (taux de participation lundi à 22 H : 27.4%). Fort réjoui de sa performance, il ne s’est pas privé de descendre à l’avenue Bourguiba, tard dans la soirée, s’offrir un bain de foule, parmi ses supporters.
Kais Saïed s’est senti poussé des ailes, confirmé dans sa vision, encore plus déterminé à aller de l’avant dans l’édification de la troisième République qu’il a promise. Se prêtant à plusieurs haltes aux questions des journalistes, il alterné réaffirmation de ses convictions, explications du contexte, et promesses d’une « transition bénéfique ». « La démocratie formelle est révolue, a-t-il martelé. C’est une rupture totale avec un système à jamais rejeté... » Et d’ajouter : « J’ai tout essayé de faire associer à ce scrutin le maximum des Tunisiens, mais… Le taux de participation ne diminue en rien la valeur du verdict des urnes. » Il ne voit que la partie pleine, faisant fi de 73% de Tunisiens qui ont boudé les urnes.
Pour Kais Saïed, c’est « un avenir nettement meilleur » qui attend les Tunisiens : équité, participation réelle du peuple au pouvoir, amélioration des conditions de vie, réduction des inégalités, lutte contre la malversation… S’il n’explique pas comment il compte y procéder, il est dans la célébration de sa victoire.
L'opposition qui n'a pu se coaliser a fortement appelé au boycott, affichant sa crainte de dérives totalitaires. Elle multiplie les dénonciations de la légitimité du référendum lui-même que de la constitution proposée, signalant nombre d’irrégularités. Mais, pour Kais Saied, les jeux sont faits : « Ceux qui se sont abstenus sont libres de leur choix, clamera-t-il haut et fort. Le peuple s’est prononcé ! »
Malgré un faible taux de participation, le référendum du 25 juillet 2022 aura montré la capacité de l’ISIE à se remobiliser en très peu de temps et à remettre sa machine en marche. La logistique n’était guère facile à gérer, encore moins le choix des agents et des volontaires affectés aux bureaux de vote, dans les instances régionales et à l’étranger, ainsi qu’au siège et au centre de presse à Tunis. En dépit d’incidents relevés par des observateurs, l’administration électorale a bien fonctionné, de l'avis de plusieurs délégations étrangères d'observateurs, capitalisant sur les expériences précédentes.
Pour Kais Saïed, le plus dur commence : l’élaboration des décrets-lois sur les élections, les partis politiques et les associations, les élections législatives anticipées et la composition de la deuxième chambre du parlement, à savoir le conseil des régions et des districts… Pour pouvoir passer à la formation d’un nouveau gouvernement…