Tunisie: le régime de change face à l’inflation importée
Par Atef Hannachi. Expert Comptable - Depuis la guerre en Ukraine la Tunisie comme la plupart des pays de l’union européenne s’est trouvé face à une inflation importé.
Pour faire face à cette inflation la Banque Centrale de Tunisie a augmenté le taux d’intérêt directeur de 75 points de base pour passer de 6.25% à 7%.
Cette mesure malgré son adéquation d’un point de vue économique, a des impacts négatifs sur la performance de l’économie Tunisienne où le crédit constitue un élément important au niveau de la consommation et de l’investissement.
Nous pouvons signaler le ralentissement des intentions d’investissements vue l’augmentation des couts et la pression sociale et un risque sur la capacité au niveau de potentiel de réalisation de valeur ajoutée.
Le montant des intentions d’investissement industriel a atteint 784.1 MD pour les 4 premiers mois de l’année 2022 contre 908.2 MD pour la même période 2021, enregistrant ainsi une baisse de 13.7%. La majorité des intentions par secteur sont en baisse à l’exception du secteur de l’industrie du cuir et des chaussures (+67.7%), du secteur TH (+14.3%) et du secteur des industries diverses (+104.6%). Concernant le secteur des services, les intentions d’investissement déclarées sont en hausse de 25.3%.
Les intentions d’investissements peuvent être détaillées comme suit:
En MDT | 2018 | 2019 | 2020 | 4 prs Mois 2021 | 4 premiers mois 2022 | Variation |
Industries | 3534 | 2937 | 3491 | 908 | 784 | -13,70% |
Services | 1411 | 869 | 1179 | 295 | 369 | 25,30% |
Source APII
Cette situation met en doute la capacité de la Tunisie au niveau de la réalisation de la croissance prévue.
D’un point de vue monétaire le régime de change constitue une solution alternative pour faire face à l’inflation importée.
En effet en soutenant le dinar Tunisien avec une politique de change contrôlées pour un niveau d’inflation souhaités et ce en agissant sur la variable du taux de change nominal du dinar Tunisien.
Lorsque le dinar s’apprécie par rapport aux devises étrangères les achats importés coutent moins cher sur l’économie Tunisienne et de ce fait l’impact sur l’inflation sera réduit.
L’analyse a un certain nombre d’implications politiques claires, toutes basées sur le fait empirique que les variations du taux de change affectent de façon importante l’inflation domestique et par conséquent dans n’importe quelle expérience de désinflation on devrait donner le rôle central au taux de change nominal. Un fort effet de transmission du taux de change à l’inflation domestique réduit la marge de flexibilité des taux de change. Même en faisant abstraction du problème de la propagation des chocs exogènes provenant des marchés financiers internationaux (voir Habib (2002) sur cette question), les taux de change flexibles ne sont pas un instrument efficace pour absorber des chocs réels asymétriques (Masten, 2002). Un fort effet de transmission facilite la substitution des dépenses (expenditureswitching) et incite les décideurs à essayer ex post de gérer le taux de change de façon à maintenir la compétitivité externe. Comme on peut le voir dans le cas de la Slovénie, une telle politique de ciblage de taux de change réel crée des pressions inflationnistes persistantes qui ne peuvent être combattues qu’en adoptant de manière crédible une politique de change non-accommodante. Pour une petite économie ouverte, cela peut impliquer l’adoption d’un taux de change fixe.
A l’échelle internationale ces mesures ont été prises par les pays de l’Europe centrale lors de leur adhésion à l’union européenne.
Nous préconisons à la BCT de diversifier les outils de maitrise de l’inflationafin de réduire les chocs économiques vue la fragilité de l’économie Tunisienne face à la mondialisation.
Atef Hannachi
Expert Comptable