Iéaki Takeda, directeur général de JETRO Paris: JETRO, un tremplin pour développer les affaires entre le Japon et l’Afrique
Quel appui fournit JETRO (Japan External Trade Organization), l’agence japonaise chargée de la promotion du commerce extérieur, aux entreprises ? Et quelle sera sa contribution lors de la Ticad 8 ? Interview de M. Iéaki Takeda, directeur général de JETRO Paris.
Qu’est-ce que JETRO?
En un mot, JETRO, l’Organisation japonaise du commerce extérieur, est l’homologue japonais de la Fipa et du Cepex en Tunisie. Nous sommes une agence administrative sous la tutelle du ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, avec un important réseau de 76 bureaux dans le monde entier.
La mission de JETRO est de promouvoir les échanges commerciaux et les collaborations industrielles entre le Japon et le reste du monde, ainsi que les investissements directs étrangers au Japon.
Quelle est la relation de JETRO avec l’Afrique?
Dans le contexte des affaires avec les pays africains, notre organisation avait depuis longtemps des bureaux en Egypte, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Kenya et en Afrique du Sud. Cependant, elle a considérablement renforcé sa présence après la Ticad 5 en 2013.
C’est ainsi que de nouveaux bureaux ont été ouverts à Rabat au Maroc, à Addis-Abeba en Éthiopie, à Maputo au Mozambique, suivis d’Accra au Ghana en 2020. Nous avons ainsi au total 9 bureaux actuellement sur le continent africain.
En outre, nous disposons aussi de « guichets Afrique » au sein de plusieurs grands bureaux de JETRO situés hors d’Afrique, notamment à Londres, Paris, Dubaï, Istanbul ou New Delhi, car ce sont des pays où les entreprises japonaises supervisent parfois leurs projets sur le continent africain. Ces guichets assurent le relais avec nos bureaux implantés en Afrique, et fournissent par ailleurs directement un soutien en fonction des demandes des entreprises japonaises, bien souvent, des mises en relation avec des entreprises locales ou des agences gouvernementales. C’est, précisément, dans ce cadre que depuis notre bureau de Paris, nous supervisons les projets de JETRO en Tunisie, en Algérie et en Mauritanie.
La crise du Covid n’a-t-elle pas pénalisé les activités de JETRO sur le continent?
JETRO a, au contraire, adapté ses dispositifs pendant la période du Covid, en introduisant par exemple des « Online Business Meetings » dans les secteurs des équipements industriels, médicaux et agricoles, pour continuer à soutenir les partenariats afro-japonais.
Deux nouveaux services ont par ailleurs vu le jour en 2021: Africa Business Desk et J-Bridge. L’Africa Business Desk propose de nombreux services sur mesure, tels que des mini-études de marché ou des prises de rendez-vous avec des partenaires potentiels, aux entreprises japonaises désireuses de s’implanter sur un marché ou de nouer des partenariats avec des entreprises locales : 15 pays africains sont couverts en 2022 par ce service, qui doit permettre de donner un coup d’accélérateur à la présence japonaise sur le continent.
Le deuxième dispositif, J-Bridge, consiste en une plateforme en ligne dont la couverture a été étendue au continent africain depuis cette année. Le principe est de permettre la coopération entre les entreprises japonaises membres de la plateforme J-Bridge et les start-up africaines, au travers d’alliances commerciales comprenant la coopération technique et la R&D conjointe, ainsi que des alliances capitalistiques.
Les secteurs concernés sont le numérique (mobilité, Health Tech, Agri Tech, Smart Cities, FinTech, robotique, etc.) et les solutions vertes (énergies renouvelables, conservation de l’énergie, batteries, hydrogène, Smart infrastructure, etc.).
Comment les entreprises japonaises perçoivent-elles les marchés africains?
JETRO réalise chaque année une étude auprès des entreprises japonaises implantées à l’étranger pour analyser l’état de leur activité et recueillir un aperçu de leurs stratégies pour les années à venir.
Selon notre étude, les perspectives sont positives : près de la moitié des entreprises japonaises confirment leur volonté d’élargir leurs projets en Afrique à court terme. C’est la nature même des marchés africains qui pousse les entreprises japonaises à s’y impliquer davantage, ce qui est très sain. C’est en effet la demande du marché, son potentiel et la base industrielle qu’il constitue pour des ventes à l’export qui sont les trois premières raisons citées.
Nous devons donc redoubler d’efforts pour les accompagner dans leur expansion en Afrique, et continuer de travailler avec nos partenaires africains pour rendre l’environnement de l’investissement plus attractif, afin d’inciter les entreprises à investir plus massivement dans des sites productifs plutôt que dans des représentations commerciales.
Si nous prenons le cas de la Tunisie et de ses atouts, nous pensons tout d’abord à sa position géostratégique avantageuse, proche de l’Europe et du Moyen-Orient, mais encore ses ressources humaines de niveau international dans les domaines scientifique et numérique. Ces deux atouts sont cruciaux, notamment dans le cadre de la possible révision de la chaîne d’approvisionnement mondiale après les impacts du Covid-19 et de la situation en Ukraine.
Qu’en est-il de la présence de JETRO à la Ticad 8?
JETRO a organisé diverses manifestations parallèles lors des précédentes éditions de la Ticad.
Ce sera aussi le cas lors de cette huitième édition. C’est ainsi qu’elle organisera une conférence d’affaires à la Ticad 8 qui se tiendra à Tunis les 27 et 28 août prochain. Nous nous réjouissons de pouvoir rassembler en un même lieu un grand nombre de leaders politiques et de décideurs importants du monde économique japonais et africain.
Cette conférence permettra de présenter des partenariats réussis, et ouvrira, j’en suis certain, de nouvelles perspectives de développement des affaires dans des secteurs clés en Afrique, tels que l’eau, l’énergie, les énergies renouvelables, le médical, le numérique, ou encore l’agriculture, pour lesquels de nombreuses technologies et solutions japonaises sont disponibles.
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