Aïssa Baccouche: Une nouvelle voie… de salut ?
Les voies du seigneur sont, dit-on, impénétrables. Celles, dont les baliseurs clament à cor et à cri pouvoir assurer à tous le bonheur sur terre ne sont-elles pas aussi mystérieuses que les voies célestes?
En effet, contrairement à ce que prétendent les uns et les autres, la lumière ne jaillit guère du fonds de commerce qu’entretiennent les prophètes du temps présent Les idéologies qu’ils prônent pour réguler le progrès de l’espèce humaine sont souvent entachées d’ombre. En voulant avoir réponse à tout par souci d’universalisme, ils finissent par occulter des pans entiers de leur construction théorique. Si bien que tôt ou tard le puzzle ainsi réalisé finit par s’effondrer parce que certains de ses éléments de base ne peuvent guère résister aux épreuves de la vérité.
Tel fut le sort du communisme. Marx est ainsi mort deux fois: En 1883 puis en l989. Quant au capitalisme, il ne saurait trop survivre aux coups de boutoir que lui assène le néo-libéralisme.
Quid de la social- démocratie? Si l’on en croit les théoriciens de la 3ème voie elle sera bientôt reléguée au musée de l’histoire des idées politiques.
La 3ème voie, ce fut la coqueluche de la fin du 20ème siècle. Il faut avouer cependant que beaucoup d’auteurs et hommes politiques avaient employé le vocable depuis les années 60.
De Gaulle, par exemple, quand il affirmait en 1962 que «le monde se partage entre deux systèmes rivaux: le capitalisme et le collectivisme. Le capitalisme écrase les humbles et transforme l’homme en un loup pour l’homme. Le collectivisme, lui, ôte aux gens le goût de se battre. Il en fait des moutons... Il faut trouver une troisième voie entre les loups et les moutons».
Soixante ans plus tard, s’agit-il de la même voie encensée dans la littérature politique actuelle? A en croire le discours propagé par les idéologues du temps présent, la troisième voie se trouverait à mi-chemin entre la social- démocratie et le néo-libéralisme. Puisque toutes les deux ne sont ni efficientes sur les plans économique et social, ni «payantes» sur le plan électoral, pourquoi, semblent s’interroger ces nouveaux apôtres, ne pas rechercher une synthèse qui permettrait à la nouvelle gauche dans les démocraties occidentales d’avoir des réponses adéquates aux attentes et aspirations de la société et de pouvoir ainsi «ratisser large» dans l’opinion publique?
Telle est, semble-t-il, la découverte des thuriféraires du «en même temps» cher à Emmanuel Macron. Il en a découlé une sorte de bréviaire qui constitue un nouveau code pour ceux qui emprunteraient cette nouvelle voie… de salut.
Aïssa Baccouche