Riadh Benslimane, ambassadeur de Tunisie à Stockholm, défend l’honneur de la diplomatie
Quand un ambassadeur se retrouve seul, livré à la meute des chiens qui s’acharnent contre le Corps auquel il appartient, il ne lui reste plus que sa plume pour défendre son honneur et celui de ses pairs. L’ambassadeur de Tunisie à Stockholm, Riadh Benslimane, a dû se faire violence avant de s’y résoudre. Un membre de l’ambassade qui a reçu notification de sa fin de mission, à l’instar de nombreux de ses collègues dans différents postes à l’étranger, a refusé d’y obtempérer, créant un climat très tendu au sein de la Chancellerie. En dernier recours, il avait fallu recourir à la police pour lui faire quitter les lieux. Certes, les faits sont très rares dans les annales des ambassades et consulats de Tunisie à l’étranger, mais ne font pas exception. De là à en faire une grande victime et embraser les réseaux sociaux, « les âmes charitables » n’ont pas hésité à y aller. Sans se demander dans quelles conditions cette « victime » avait rejoint les Affaires étrangères, et affectée à Stockholm, ou vérifier si ses agissements ont fait ou pas l’objet d’une enquête de la part de l’Inspection du ministère.
Accablé par les réseaux sociaux (sans être défendu par son hiérarchie) y compris par certains qui ne sont guère « blanc comme neige » en matière de bonne gestion (un ancien ambassadeur concerné s'y reconnaîtra), l’ambassadeur Benslimane ne pouvait garder silence. Diplomate de carrière qui s’était distingué dans de grands postes (Londres, New York par deux fois) et à de hautes fonctions au siège du département, il a toujours fait preuve de compétence et de droiture, attestent ses collègues. D’un seul trait, mais sans se départir de son obligation de réserve quant au fond, il a levé un coin de voile sur ce qui s’est passé. Un texte poignant à lire et à méditer.
Texte
"Je n’ai pas une grande estime pour les réseaux sociaux qui a mon sens constituent un affront à l’intelligence humaine mais je voudrais mettre à la connaissance des utilisateurs de cette plateforme ces quelques éclaircissements .
Jeter en pâture un représentant de l’Etat pour avoir simplement fait son devoir de protéger l’Ambassade de Tunisie à Stockholm au regard de l’article 22 de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) sans vérification des faits ni recul par rapport aux événements qui s’y sont passés démontre une légèreté et une facilité de céder à l’ignoble climat de délation généralisée qui infeste notre pays depuis plus d’une décennie.
Dans son article 22, la Convention de Vienne stipule que « l’Etat accréditaire a l’obligation spéciale de prendre toutes les mesures appropriées afin d’empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie » ou encore que “ les locaux de la mission, leur ameublement et les autres objets qui s’y trouvent ainsi que les moyens de transport de la mission, ne peuvent faire l’objet d’aucune perquisition, réquisition, saisie ou mesure d’exécution ».
La mission diplomatique tunisienne à Stockholm a fait l’objet d’une flagrante violation de la protection que lui apporte ladite convention de Vienne : son inviolabilité. Le fonctionnaire de l’Etat et quel que soit son grade ou sa fonction est un soldat au service de cet État et doit obéir à ses ordres et se conformer à ses injonctions qu’il soit en service à l’intérieur du pays ou servant sa patrie au sein d’une représentation diplomatique tunisienne dans un pays étranger.
Les deux dernières années ont été difficiles à gérer au sens du respect et du traitement sur une base égale de nos concitoyens tunisiens qui sollicitaient les services consulaires en vue d’établir les documents nécessaires en lien avec leur appartenance et leur attachement à notre beau pays.
La communauté tunisienne en Suède et au Danemark comme d’ailleurs dans tous les autres pays force l’estime et il est effroyable de voir des hommes pleurer parce que subissant des réactions brutales de la part d’un agent qui bien qu’ayant reçu plusieurs avertissements en vue de traiter nos chers concitoyens sur un pied d’égalité, s’est entêté à traiter « à la carte » les services rendus à nos compatriotes.
J’appartiens à une génération qui, pur produit des années glorieuses de l’école publique tunisienne, a été élevée dans le stricte respect de la loi et des institutions de l’Etat. Ma génération n’a pas connu la déliquescence, ni l’affaiblissement des structures de l’Etat par une démocratie travestie et une interprétation erronée de la jouissance des libertés individuelles.
Les libertés individuelles doivent se blottir devant l’Etat, ce colosse qu’il faut vénérer, parce qu’il est revenu aux tunisiens.
Aussi l’on se réjouit que de vraies patriotes sont au commande depuis maintenant plus d’une année.
L’ignorance et les mensonges véhiculés sur les réseaux sociaux bousculent tous les gouvernements du monde.
Il y’a une tendance à travers le monde à vouloir se déconnecter de ses réseaux sociaux pour bien se ressourcer dans le monde réel celui de l’esprit rationnel et non celui de souiller par ignorance et esprit étroit et figé, l’honneur d’un homme qui a érigé le sérieux, la sincérité, l’intégrité, la pureté de l’âme, l’amour d’autrui en religion ayant guidé sa vie.
J’ai passé ma vie à observer le comportement humain et j’en tire un enseignement. C’est qu’il est de nos jours acceptable de livrer l’honneur d’un homme aux chiens."