Tunisie: Les grands rendez-vous d’une rentrée difficile
Chaque rentrée en septembre est de nature chaude. Celle de cette année l’est davantage sur les plans politique, économique, social et scolaire. Cour constitutionnelle, loi électorale, élections législatives, accord avec le FMI, dialogue social, sortie de crise dans l’appareil judiciaire, rentrée scolaire et autres échéances : les points de rupture risquent d’être nombreux, s’ils ne sont pas soigneusement pris en charge. Ils doivent être surveillés de près.
C'est d’abord la première rentrée après la promulgation de la nouvelle constitution, avec toutes les exigences de sa mise en œuvre et le nouveau calendrier politique qu’elle impose.
La mise en place de la Cour constitutionnelle (et dans un autre délai non lointain du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement), ainsi que l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, seront les deux pièces maîtresses pour la tenue, le 17 décembre prochain, d’élections législatives anticipées. L’ensemble de l’échiquier politique en sera déterminé.
Si pour la Cour constitutionnelle, la composition est connue d’avance s’agissant de membres siégeant ès qualité, le processus qui sera adopté par le président de la République pour la confection de la loi électorale sera suivi de près, pour s’assurer de son caractère inclusif et de ses dispositions équitables et démocratiques. Le mode de scrutin, très probablement uninominal, la taille des circonscriptions, vraisemblablement réduite au niveau de chaque délégation, et les conditions d’éligibilité seront mesurés avec beaucoup d’attention. Ils détermineront en grande partie l’avenir de la démocratie, des libertés et des droits en Tunisie.
L’accord avec le FMI, promis pour ce mois de septembre, sera crucial. Il permettra non seulement d’injecter avec le premier décaissement une bouffée d’oxygène salutaire pour les finances publiques, mais il ouvrira la voie à contracter d’autres prêts auprès de bailleurs de fonds institutionnels et souverains. De la mobilisation de ces financement sont tributaires la finalisation du nouveau plan de développement 2023-2025, le rattrapage de la loi de finances pour l’année 2022 et le bouclage de celle de 2023.
Le front social est loin de s’apaiser. Malgré les tentatives de «recoudre ce qui a été décousu», les relations entre l’Ugtt et le gouvernement ne sont pas apaisées. Pour la centrale syndicale, la priorité est à la reprise des négociations sociales, alors que la Kasbah s’échine à faire valoir la primauté d’un accord sur son programme de réformes. Dans un mouvement continu de balançoire, chaque avancée reste difficile à accomplir et précaire dans son effet. La hausse vertigineuse des prix, l’inflation galopante et le chômage persistant ne font qu’attiser les mouvements sociaux et accroître les tensions.
La sortie de crise dans l’appareil judiciaire est urgente. Il appartient au chef de l’Etat d’apporter les solutions appropriées.
La rentrée scolaire et universitaire est pénible pour tous. Le ministre de l’Éducation a les pieds sur la braise. De toute son énergie, il s’emploie à ne pas laisser un seul élève non inscrit dans une école primaire. Mais aussi à s’assurer que les 6 134 écoles, collèges et lycées sont tous opérationnels pour accueillir plus de 2.2 millions d’élèves et que les 154.309 enseignants sont tous au rendez-vous. Pour les familles, c’est le casse-tête afin de payer les fournitures scolaires et les frais d’inscription, assurer le transport et consentir les frais des cours de rattrapage…
Deux autres rendez-vous méritent attention : l’assemblée générale élective du conseil de l’Ordre national des avocats de Tunisie et le congrès de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Désormais au nombre de plus de 9 000, les avocats auront à tenir leurs assises les 10 et 11 septembre, sur fond de tensions professionnelles et politiques. Ils auront également à élire leur nouveau bâtonnier qui succédera au sortant, Me Brahim Bouderbala, ainsi que les membres du conseil national et des sections régionales.
De son côté, la Ltdh, à la recherche d’un souffle nouveau qui transcende ses conflits internes et renforce sa cohésion, tiendra son 8e congrès les 30 septembre et 1er octobre 2022.
Ces deux structures, revigorées, seront appelées à jouer un rôle important au cours de la période à venir.
Au plan international, deux rendez-vous figurent à l’agenda. La tenue du 18e sommet mondial de la Francophonie, prévu à Djerba les 19 et 20 novembre prochain, sauf changement de dernière minute. Et la participation du président Kaïs Saïed au sommet États-Unis d’Amérique-Afrique, convoqué par le président Joe Biden à Washington du 13 au 15 décembre prochain.
Autant de rendez-vous cruciaux… sauf imprévu.
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