Tunisie: Quand notre égoïsme exacerbé nous empêche de nous ressourcer à notre riche Histoire
Par le Colonel Boubaker Benkraiem (CR) - Le Tunisien se vante, et c’est à juste titre, que son pays, dont la position géostratégique a, depuis l’antiquité, été la convoitise de tant de peuples conquérants (Romains, Vandales, Byzantins), d’avoir assimilé une bonne partie des civilisations qui l’ont traversé et dont il en a retenu les plus intéressantes et c’est, semble-t-il, ce qui fait la différence de notre caractère et de notre mentalité avec les autres peuples de la région.
La Tunisie, petite par sa superficie mais grande par son histoire trois fois millénaire, n’est-elle pas le pays de Carthage, de Kairouan et de Mahdia, ces villes qui, durant plusieurs siècles, ont été les capitales de vastes territoires qui ont marqué de leur empreinte leur environnement méditerranéen, africain et même européen. N’était-ce pas de Carthage qu’Hannibal, après avoir soumis l’Espagne, le sud de La Gaule, traversa les Alpes avec ses blindés représentés par les éléphants, encercla Rome et là, tenant compte de ses grandes valeurs morales, décida de ne pas la détruire ? N’était-ce pas de Mahdia que sont partis les Fatimides pour conquérir l’Egypte où ils ont créé le Caire ?
Cette position géographique remarquable a donné, à notre pays, une Histoire plusieurs fois millénaire et particulièrement brillante. Et c’est cette situation au cœur de la Méditerranée qui a valu, à la Tunisie, de jouer, depuis l’antiquité, un rôle exceptionnel au cours de l’histoire. Le nom de Carthage évoque toujours un passé prestigieux, le souvenir de Didon, la grandeur d’Hannibal et les péripéties de son duel tragique avec Rome.
Cependant, la mauvaise gouvernance des différentes dynasties qui se sont succédé à la tête du pays, a occasionné, à la fin du dix neuvième siècle, l’établissement du protectorat français en 1881. Mais déjà et à la même année, une résistance farouche a été organisée, à Gabes, Sfax, et dans les zones tribales de la frontière tuniso-algérienne, par une bonne partie de la population qui n’a pas accepté l’assujettissement de notre pays. Il y a eu, aussi, une résistance politique, à l’occupation française, dès 1891, notamment par le combat d’un grand intellectuel et d’un père du nationalisme tunisien comme le fut Ali Bach Hamba.
Ali Bach Hamba, né en 1876, a été un membre actif, dès 1906, de l’Association des anciens du Collège Sadiki et a fait partie ainsi que Bechir Sfar de son Comité Directeur. Il contribue à faire de ce cadre associatif, un espace de débats sur la situation politique et sociale du pays. Il fonde, en 1907, l’hebdomadaire ° le Tunisien° et en devient le chef de sa rédaction politique. Dans son premier numéro, il publie le programme du parti des Jeunes Tunisiens et choisit d’éviter la confrontation directe avec les autorités françaises et privilégie les contacts avec la gauche française pour défendre la cause tunisienne. En 1909, et sur son initiative, un hebdomadaire et un autre journal arabophone voient le jour sous la direction d’Abdelaziz Thaalbi.
Aussi et à la suite du boycott, durant trois mois, des tramways tunisiens, le lobby pro-colonialiste accuse les dirigeants du mouvement des Jeunes Tunisiens dont Bach Hamba est un membre actif d’en être l’initiateur. Ce dernier a été arrêté et condamné à l’exil en 1912. Il s’installe en Suisse où il rejoint son frère Mhamed qui lance à Genève un journal °la Revue du Maghreb°. Les deux frères entrent en relation avec un animateur de la renaissance arabo-musulmane, le syrien Chakib Arslan. N’ayant pas réussi à réunir ses compagnons déchus, Bach Hamba décide, en 1913, de s’installer à Constantinople où il accède à d’importantes fonctions au sein du gouvernement ottoman tout en restant en contact avec l’évolution de la situation en Tunisie. Il décède en 1918 et sa dépouille est rapatriée en Tunisie le 9 avril 1962.
Par ailleurs, et à la fin de la 1° Guerre Mondiale, le Président américain Wilson, proclame le 8 janvier 1918, la nécessité de prendre en compte les intérêts des populations colonisées, déclaration bien saisie et mise à profit du réveil du combat nationaliste en Afrique du Nord. C’est alors que les évènements suivants se succèdent :
1- Dès le 18 novembre 1918, les Egyptiens entament les négociations sur l’indépendance de leur pays,
2- Le 1 janvier 1919, la Tripolitaine obtint ° lo Statuto° qui permet l’institution d’un parlement libyen élu au suffrage universel et un gouvernement à majorité musulmane (10 membres contre 8),
3- En juin 1919, Abdelaziz Thaalbi part pour Paris présenter les revendications tunisiennes au gouvernement et aux Hommes Politiques français ainsi qu’aux organes de presse en France , revendications faisant l’objet d’un document portant le titre de °la Tunisie martyre° dont 2000 exemplaires ont été distribués aux responsables politiques et aux médias français.
Cependant, ce n’est qu’à partir des années 20 du siècle dernier que les choses sérieuses s’organisent : comme l’élite commence à se rendre compte de l’asservissement de leur pays par le comportement du régime colonial d’une part et par l’absence totale de réactions des différents Beys d’autre part, des agitations populaires se font remarquer, ici et là, à travers le pays. Ces mouvements sont appréciés par le parti politique, le Destour, héritier du mouvement des Jeunes Tunisiens, fondé en 1920 par des notables dont des jeunes médecins, avocats, certains membres de la famille beylicale, des journalistes, des membres de familles bourgeoises et de nombreuses personnalités de l’époque. Ayant voulu rester dans le cadre légal, ce parti est dépassé, en 1934 par des évènements qui marqueront l’Histoire du pays et dont l’auteur, n’est autre que Mr Habib Bourguiba qui, bardé de diplômes obtenus en France, était revenu au pays. Son origine le prédisposait à incarner la Tunisie moderne : Habib Bourguiba vient de la petite bourgeoisie rurale à demi ruinée par la concurrence de la colonisation, de cette région du Sahel qui est le cœur même du pays. Son père, sans ressources, avait dû s'engager dans l'armée. Habib Bourguiba est né à Monastir en 1903, dernier d'une famille nombreuse. Avec l'aide pécuniaire de son frère aîné, il put faire des études sérieuses au collège Sadiki à Tunis, foyer de culture franco-arabe, puis à Paris, à la faculté de droit et à l'École libre des sciences politiques (1924-1927). Quand, nanti de diplômes, séduit par la France et par son système politique, il retrouve la Tunisie, c'est pour constater le cruel décalage entre les principes libéraux, base de l'enseignement qu'il a reçu à Paris, et la pratique quotidienne coloniale. Très vite, il milite au sein du parti «Destour» dont il découvre l'inefficience. En vue de le rajeunir et de le «muscler», il provoque une dissidence et convoque en 1934 à Ksar-Hellal un congrès où est fondé le Néo-Destour.
Le nouveau parti n'est plus aristocratique mais populaire ; il n'est plus exclusivement urbain mais largement rural ; il refuse la politique du «tout ou rien», et accepte la négociation avec le pouvoir colonial. Cette organisation restera longtemps le seul parti moderne du monde arabe, capable de faire passer la société musulmane de l'âge théologique à l'âge politique, et le groupe oriental du style de la caravane conduite par le «zaïm» prophétique, à celui de l'organisation de masse appuyant le leader politique. Bien sûr, le pouvoir de Bourguiba reste fondé sur des données charismatiques, mais son ascendant est désormais rationalisé.
Incarcéré à Marseille en 1938, Bourguiba est libéré par les Allemands en 1942 ; il ne fut pas fasciné par les forces nazies et fascistes de l'Axe ( Allemagne-Italie –Japon) et joue la carte du monde libre et des démocraties, ce qui lui vaut l'estime durable des Américains, mais non des Français, qui mettront longtemps à comprendre que, dans le monde arabe, il représente une chance exceptionnelle d'entente avec l'Occident.
Aussi et de tous les hommes d'État d'une époque qui en vit paraître beaucoup de flamboyants ou d'abusifs, Habib Bourguiba est probablement celui dont le nom se confond le plus totalement avec la fondation et les premiers développements d'un État. Créateur de la première organisation qui posât avec sérieux le problème de l'indépendance tunisienne, chef de parti et d'insurrection, négociateur, prisonnier, fondateur de l'État, «combattant suprême» et guide incontesté, Bourguiba aura, de 1934 à 1987, dominé de sa puissante personnalité, la vie du peuple tunisien et pendant un demi-siècle, imprimé sa marque, pour le meilleur et pour le pire, sur le nouvel État.
Appartenant à la génération de l’indépendance, j’ai eu la chance de vivre toutes les péripéties et les vicissitudes qu’à vécues notre pays, les joies qui l’ont comblé et les difficultés qu’il a connues et supportées tant bien que mal. Compte tenu de tout ce que Bourguiba a enduré comme emprisonnement et exil, j’estime qu’aucun Homme politique tunisien n’a donné à notre pays autant que lui.
Plus de dix ans se sont écoulés depuis que notre pays a réussi une révolution vraiment °soft° comme on le dit et contrairement à ce que le peuple attendait, rien de positif, à l’exception de la liberté d’expression, ne s’est produit:
• Le niveau de vie a régressé,
• Le chômage a progressé,
• Pas de grands projets réalisés,
• Pas de perspectives positives à court terme, surtout pour les jeunes ainsi que pour les diplômés du supérieur,
• Et ambiance globale assez morose.
L’impression qui se dégage de cette situation inopportune est que le contact entre les gouvernants et le peuple est presqu’inexistant surtout dans cette période post 25 juillet 2021, alors que la population a besoin d’être , en permanence, informée, orientée, revigorée pour aller de l’avant, pour travailler et produire davantage, pour ne pas perdre espoir et participer au développement économique qui est la seule voie de salut pour tous nos concitoyens. La situation étant ce qu’elle est, et le monde ce que nous savons, nous devons compter sur nos propres moyens pour nous en sortir car viendra un jour où les organismes internationaux et nos amis traditionnels ne pourront plus nous soutenir ou ne voudront plus le faire.
Mais ce qui retient l’attention de cette première décennie post révolution, c’est que nous n’avons pas progressé d’un iota alors que notre pays regorge de compétences dans tous les domaines, compétences qui ne sont, malheureusement pas utilisées parce qu’elles ont……. servi l’ancien régime comme si tous ceux qui ont servi le pays sous le régime des Présidents BOURGUIBA ou BEN ALI sont des traitres, des incapables, des incompétents et qu’ils n’ont plus leur place dans l’administration de ce pays. D’ailleurs, a-t-on le droit, quelque soit la position qu’on occupe, de porter un jugement sur le passé de quelqu’un alors que seule la justice est compétente en la matière. Aussi, n’avons-nous pas encore saisi le coût de ce préjugé quand on observe l’état actuel de la situation économique et sociale de notre pays ? Négliger de grandes compétences à la renommée internationale bien établie et aux carnets d’adresses bien garnis est une preuve de manque d’expérience manifeste et cela est, déjà, en train de nous coûter très cher.
D’autre part, nous constatons que nos gouvernants n’ont pas la pratique requise pour faire face à certaines situations délicates ou urgentes nécessitant des initiatives rapides telle que la lutte anti Covid 19 quant à l’approvisionnement en vaccins, notre pays n’ayant pas été assez prompt dans l’acquisition de ces immunisations. D’autre part, quand le pays traverse une période aussi délicate, sérieuse et sensible comme celle de la Covid 19, il a grandement besoin d’être en communion directe avec les Grands Responsables. Malheureusement, aucun d’eux n’a jugé bon de s’adresser au peuple pour lui remonter le moral, le soutenir, le tranquilliser, le mettre en confiance et le rassurer à ce propos. Et d’ailleurs pourquoi on n’a pas vu les Grands responsables de l’Etat se faire vacciner, les premiers, pour donner l’exemple aux concitoyens encore hésitants et il parait qu’ils sont, encore, assez nombreux?
En cette période de vacances, les touristes courageux, profitant de l’amélioration de la situation sanitaire du Covid 19, viendront en vacances en Tunisie. Dans quel état de propreté vont-ils trouver notre pays ? Nos responsables, à tous les niveaux et dans toutes les régions, sont-ils satisfaits de la propreté de nos villes, de nos villages, de nos rues, de nos avenues, de nos plages et de l’environnement de nos nombreux sites touristiques qui accueilleront ces touristes ?
Messieurs, notre pays, petit par sa superficie mais Grand par son Peuple, son Histoire et ses Hommes et Femmes illustres, jouissait, grâce à la Révolution de la Dignité et de la Liberté, et à l’immense prestige du Grand BOURGUIBA, d’un courant de sympathie et de considération à travers tous les continents. Notre devoir est de faire réussir cette expérience pour qu’elle serve d’exemple et de modèle, stigmatise toutes les formes de dictature et redonne espoir aux peuples épris de Démocratie et de Liberté. Nous devons en profiter pour attirer le maximum de touristes qui viendront * en pèlerinage * dans * le Pays de la Révolution du Jasmin*, les investisseurs et nos partenaires européens qui, parce qu’ils sont proches de nous et qu’ils nous connaissent mieux que quiconque, peuvent nous soutenir et nous aider pour peu qu’on les rassure sur les questions de sécurité, de stabilité et de liberté.
Ce qui est grave et même triste, c’est que l’Etat est en train de perdre, jour après jour, de son Autorité et de son Prestige et le Gouvernement de sa crédibilité: comment peut-on accepter, dix ans après la Révolution, que quelques dizaines de citoyens, outrepassant l’interdiction de circulation dans la zone saharienne, ont, il y a quelques années et pour des motifs, malgré tout, discutables parce qu’ils touchent aux intérêts suprêmes du pays, pénétré dans une zone militaire saharienne interdite, fermé la vanne du gazoduc causant des pertes incalculables à l’entreprise et au pays et n’ont été, nullement, dérangé par les Autorités. Ils ont posé leurs conditions pour rouvrir la vanne, augmentant de la sorte les difficultés financières que vit la Tunisie. Et ils ont eu gain de cause .Ceci est aussi valable pour la région des phosphates à tel point que nous avons été obligé d’en importer ( quelle honte !!!) de bonnes quantités pour respecter nos engagements avec certains clients. D’autres jeunes, et pour diverses raisons, venaient devant le siège d’un Gouvernorat ou d’une Délégation, ou d’une Direction régionale, scander le slogan *DEGAGE* à l’intention du responsable en place, qu’il soit Gouverneur, PDG, Délégué ou Directeur? Dans un cas comme dans l’autre, de quel droit peuvent-ils mettre en péril l’économie du pays ? Comment, quelques soient les raisons des manifestations et des demandes, aussi légitimes soient-elles, comment on avait admis et toléré cela ? Aussi, ne voyant aucune réaction énergique de l’Etat condamnant et interdisant ce comportement nuisible et dangereux parce qu’il est contagieux, l’on est en droit de se poser des questions : pourquoi cet immobilisme, ce laxisme et ce mutisme de la part des Autorités ? Dans quel but a-t-on laissé faire et autorisé pareille conduite ? Est-ce ainsi que nous allons vaincre le chômage ? Est-ce ainsi que nous allons encourager les bailleurs de fonds à venir investir dans le pays ? Est-ce ainsi que la Démocratie va être ancrée dans nos esprits, dans notre attitude, et dans nos mœurs ? Ceci était compréhensible durant les premiers mois de la Révolution pour plusieurs raisons dont l’absence d’une autorité légitime mais cela s’est prolongé durant des années et si cela est devenu une habitude, banalisé, alors adieu veau, vache, *bœuf*, couvée, comme l’a si bien dit le poète De La Fontaine !! Admettre cela et ne pas réagir en utilisant, tous les moyens légaux disponibles, et même, au besoin, la force, détériorera davantage le Prestige de l’Etat et rendra encore plus difficile la reprise en mains nécessaire et indispensable au développement économique tant souhaité (retour des investisseurs étrangers et tunisiens et encouragement aux nouveaux, reprise des activités touristiques, etc.….) sans lequel le pays ne peut ni évoluer, ni juguler le chômage, l’ennemi public numéro un par excellence.
Je suis désolé de faire ce constat : un gouvernement légitime, soutenu et appuyé par le Peuple et ayant sa confiance ne doit pas se contenter, sous prétexte de Démocratie et de Liberté, d’observer, de laisser faire ou de négocier timidement, tout en démontrant une quelconque nonchalance ou une certaine faiblesse. C’est alors la Loi de la jungle et tout le monde y perdra, à commencer par le gouvernement lui-même. Relisons l’histoire tout à fait récente et rappelons-nous comment les choses ont commencé et évolué, chez certains voisins non loin de nous, il n’y a pas si longtemps.
Comment se fait-il que le pays vive des situations jamais connues par le passé,… telles que le manque de certains produits de première nécessité : un jour, c’est le sucre qui manque, un autre c’est le café ou la farine, un troisième jour c’est…, etc. ….
D’autre part, je demande à la classe politique et surtout aux responsables des Partis, petits ou grands, d’avoir une certaine honnêteté intellectuelle en parlant du passé de la Tunisie, et surtout des réalisations qui y ont été effectuées durant le demi-siècle écoulé : Messieurs, avant de continuer à dire que rien n’a été fait dans le passé, dites-nous ce qui l’a été au cours de cette dernière décennie et continuez à dire que les régions de l’intérieur étaient les oubliées de la Planète car, ainsi, vous perdrez de votre crédibilité car le monde entier et surtout nos partenaires occidentaux ainsi que les organismes internationaux connaissent mieux que quiconque le niveau atteint par notre pays, dans tous les domaines et ce, depuis l’indépendance. En 1956, nous étions à peine trois millions à trois millions et demi d’habitants et nous avions, au minimum, près de soixante-dix pour cent d’illettrés parmi la population. Le pays ne comptait en tout et pour tout qu’une dizaine de lycées lors de l’indépendance et le Président Bourguiba en a laissé, trente ans plus tard, plusieurs centaines en 1987. Soyons sérieux et honnêtes et faisons la comparaison avec ce qui existe aujourd’hui ou même ce qui existait, déjà, en 2011. Je ne veux pas défendre ni le Président Bourguiba, qui, malgré les erreurs commises, demeurera l’un des plus grands Hommes d’Etat de l’Histoire de la Tunisie si ce n’est le plus grand ni celui de Ben Ali qui a réalisé, quand même, beaucoup de choses et les faits sont là. Je n’ai pas entendu beaucoup de responsables politiques reconnaitre qu’en cinquante cinq ans d’indépendance (1956-2011), beaucoup de choses positives ont été achevées et cela est regrettable car on ne peut, en aucune manière, effacer notre histoire. Et, en toute honnêteté, qu’avons-nous réalisé durant cette dernière décennie, la décennie de la Révolution ?
Mais ce qui se passe, ces jours-ci, n’est ni glorieux ni valeureux. Il y a des choses qu’on ne peut, pour des raisons de souveraineté et de prestige, déballer, en plein public, car elles peuvent nuire à notre pays, à sa réputation, à sa révolution respectée partout parce qu’elle a été «leaderness», peu sanglante et menée d’une manière civilisée.
Des bribes d’informations provenant de Washington (FMI) ne sont, malheureusement, ni brillantes, ni tranquilisantes. Alors que faire ?
Je propose que les °magisters° qui gouvernent le pays prennent, et avec les quatre représentants des organisations nationales (UGTT, UTICA, UNAP, Union des Femmes) le taureau par les cornes et trouver, très rapidement, la solution à cette situation inédite depuis plusieurs années. Ils doivent mettre de côté leur égo, leur sensibilité politique, leur fierté, leur ambition et ne penser qu’à sauver le pays de la banqueroute. Le dialogue et rien que le dialogue est la solution de tous nos problèmes. Les partis politiques qui ont injecté des dizaines de milliers de leurs partisans dans la fonction publique qui n’en avait, nullement, besoin, au lendemain de la révolution du 14 janvier, doivent être les premiers, s’ils sont capables, à mobiliser leurs alliés arabes pour venir, en aide, à notre pays qui ne mérite pas la situation dans laquelle il se trouve.
L' Histoire, trois fois millénaire, ne pardonne pas et nous jugera car nous devons être les dignes héritiers d’Elyssa, d’Hannibal, de Jugurtha, d’Ibn Khaldoun, de Tahar el Haddad, d’Ali Bachamba, d’Abdelaziz Thaalbi, d’Aboul Kacem Echabbi, de Hached, de Bourguiba, et de milliers de militants qui doivent, maintenant, se retourner dans leur tombe, de crainte de voir s’écrouler tous les acquis obtenus, tout au long du demi-siècle écoulé, grâce aux sacrifices et au sang des martyrs.
A égard, pourquoi ne ne pas faire appel et grands militants qui ont eu le courage de militer, d’éveiller le peuple, de s’opposer au colonialisme et, parfois, de sacrifier leur vie pour les faire étudier par les élèves des classes terminales de l’école primaire et des premières classes du lycée. C’est ainsi qu’on veillera à la formation de la jeunesse, à la préparer à aimer la patrie et à devenir des responsables fiers de leur pays et jaloux pour sa liberté et son indépendance.
Colonel Boubaker Benkraiem
Ancien Sous- Chef d’Etat- Major de l’Armée de Terre,
Ancien Commandant des Unités Sahariennes,
Ancien Gouverneur.