Accord salarial UGTT – Gouvernement : le contenu, la portée et la symbolique
Tous deux sont gagnants dans l’accord finalement conclu entre la centrale syndicale ouvrière et le gouvernement. Augmentation des salaires des agents de la Fonction publique (plus de 630.000) et bientôt des entreprises publiques (200.000), à raison de 5% sur trois ans, révision de la circulaire N° 20 de l’année 2021 interdisant toute négociation directe entre l’UGTT et les ministères et établissements publics, et liquidation des augmentations signées le 6 février 2022 : une lueur d’espoir pour les salariés éprouvés face à une inflation record de 8.6%. Variant de 195 D à 300 D, selon les catégories, et servies d’ici 2025, en trois tranches, à compter d’octobre 2022, ces augmentations sont certes modiques pour les ménages qui en bénéficieront mais bien lourdes pour le budget de l’Etat. L’UGTT aura montré sa ténacité à faire aboutir une forte revendication de ses troupes, et le Gouvernement aura fait preuve de toute sa bonne volonté, faisant de son mieux malgré des caisses siphonnées.
Le FMI qui doit suivre de près ces négociations y trouvera sans doute un motif de satisfaction, quant à sa « recommandation de contenir la masse salariale ». Il réalise sans doute l’ampleur des sacrifices tant par les agents de l’Etat au pouvoir d’achat fortement érodé, et du gouvernement Bouden de plus en plus démuni.
La révision de la loi relative au statut des agents des offices, entreprises et établissements publics sera poursuivie, avec une date butoir fixée à fin novembre prochain.
Un seul point est cependant resté entre crochets : l’annulation de la contribution sociale solidaire réclamée par l’UGTT. D’un commun accord, la question a été reportée jusqu’u rétablissement de l’équilibre financier des caisses sociales, c’est-à-dire aux calendes grecques.
En contre-partie de tout ce que le gouvernement a consenti, l’UGTT renoncera à toute revendication d’augmentation salariale au titre des années 2023, 2024 et 2025. L’engagement sera-t-il pleinement tenu ? L’essentiel est que l’effet d’annonce de cet accord et de la trêve sociale escomptée, puisse servir aux yeux du FMI et des autres bailleurs de fonds. La Tunisie en a grandement besoin.
Prochain round, le secteur privé. La paix sociale en dépendra.
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