En guise de message d’adieu, l’ambassadeur d’Italie Lorenzo Fanara : la Tunisie et Rome Expo 2030
L’ambassadeur d’Italie à Tunis, Lorezno Fanara rejoindra dès le début de la semaine prochaine son nouveau poste à Abu Dhabi. Très attaché à la Tunisie où il a servi avec beaucoup d’enthousiasme et de conviction, partout présent aux différentes manifestations, investi sur divers projets de coopération bilatérale, il nous livre en guise de message d’adieu un appel pour relever un nouveau défi: tant d’opportunités à tirer de voir l’Exposition universelle de 2030 se tenir à Rome. Bon vent, Ambassadeur Fanara, aux Emirats arabes unis, merci pour votre contribution à la consolidation des relations tuniso-italiennes et tous nos vœux de plein succès à Rome pour l’Expo 2030.
Au moment où je m’apprête à quitter Tunis après quatre ans et demi passés à renforcer les relations bilatérales et après avoir vécu une période extraordinairement intense, je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur les opportunités qui s'ouvrent pour la Tunisie avec la candidature de Rome à Expo 2030.
Une promenade au cœur de Rome suffit pour se rendre compte à quel point son nom de «Ville éternelle» est mérité. Depuis près de trois mille ans, la capitale italienne offre un exemple de continuité, de capacité à s’adapter aux changements et à réinventer son présent. Sa profonde richesse artistique, qui témoigne de l’adaptation de Rome aux circonstances changeantes au cours des millénaires, en est la preuve. Aujourd’hui, cette ville propose sa candidature pour accueillir l’Exposition Universelle de 2030.
Depuis l’Antiquité, Rome a ouvert la voie en inventant des solutions avant-gardistes pour les besoins de ses communautés. Il suffit de penser au réseau d’aqueducs, dont une trace splendide se trouve dans la route pour Zaghouan et qui a valu à Rome le surnom de «Regina Aquarium» (Reine des eaux); ou on pense au réseau des routes consulaires qui reliait la Ville éternelle à toutes les provinces de la Péninsule et de l’Empire (tous les chemins mènent à Rome). La vision que Rome veut donner à l’Expo part précisément de sa capacité à interpréter son patrimoine passé et présent, tout en se tournant vers l’avenir.
Depuis sa naissance, Rome - située au centre de la Méditerranée, au carrefour de trois continents - a attiré les idées et les talents venus de l’extérieur de ses frontières. Son extraordinaire collection artistique et culturelle n’aurait pas été possible sans la contribution d’autres civilisations. Le résultat : un mélange unique d’histoire, de nature et d’individus qui fait aujourd’hui de Rome une capitale moderne, une destination pour des millions de visiteurs et un lieu où, comme il y a deux millénaires, les gens vivent ensemble, rassemblés autour des valeurs de liberté et d’acceptation mutuelle.
Rome est également la métropole qui dispose du plus grand nombre d’espaces verts en Europe. Ses parcs et ses réserves naturelles lui confèrent un équilibre particulier, une intégration ancienne entre les citoyens et la nature, qui peut servir d’exemple pour l’avenir.
Ici aussi, l’héritage du passé n’est pas un poids mais un tremplin vers des solutions durables pour notre avenir commun et non un simple décor. Rome a choisi un slogan de programme qui se tourne avant tout vers le présent et l’avenir : «Personnes et territoires: régénération urbaine, inclusion et innovation». Le thème exprime un défi commun à tous les pays de la communauté internationale, en faisant référence aux recommandations des Nations unies définies dans l’Agenda 2030.
Ce choix thématique concerne la totalité de la planète et tous ses habitants. Il englobe des domaines tels que l’évolution et la régénération de nos territoires sous la menace du changement climatique et de ses effets dévastateurs; la diversité et l’inclusivité de nos communautés; la durabilité de nos agglomérations urbaines et l’économie circulaire; la décentralisation et la mobilité aux niveaux local, national et international; la connectivité numérique comme moteur du développement économique et social. Expo Roma 2030 compte aborder ces questions, stimuler le débat, indiquer un cheminement partagé et identifier des solutions communes non pas en s’exposant, mais en proposant aux pays participants un parcours opérationnel de collaboration.
Le site choisi pour accueillir l’Exposition universelle 2030 se trouve dans une zone reliée à certains quartiers historiques de la ville et jouxtant l’un des campus universitaires de Rome, qui servira de trait d’union avec la vaste communauté scientifique de la capitale. L’événement, dont le plan directeur est signé par l’architecte Carlo Ratti, a l’ambition d’établir de nouvelles normes de durabilité, avec zéro émission de CO2, la réutilisation des matériaux ou encore le respect du cycle de l’eau, de l’air et de l’énergie. En un mot, non seulement pour être un site autosuffisant, mais aussi pour être capable de créer et de donner de l’énergie propre à d’autres territoires.
Enfin, le logo de Rome 2030: il s’agit d’une arche stylisée, qui change de couleur et donne lieu à des combinaisons infinies. Il représente la solidité, l’élégance des anciens monuments romains et la suggestion d’un présent numérique. L’arche est un point d’entrée, c’est une porte ouverte à des influences nouvelles et différentes. Elle propose également un parcours commun, un éventail d’opportunités telles que la co-création de différents pavillons nationaux. Rome attend le passage de 30 millions de visiteurs sous cette arche en 2030, qui iront admirer les pavillons d’exposition de 150 pays.
Il n’échappe à personne que Rome a une relation historique très particulière avec la Tunisie : l’histoire de Rome et Carthage est étudiée partout dans le monde : du Brésil au Vietnam, de la Norvège à l’Afrique du Sud. Il s’agit d’un capital historique et culturel capable d'attirer des millions de touristes, comme cela a été démontré lors de la splendide exposition sur Carthage que l'Ambassade d'Italie a contribué à organiser au Colisée de Rome. La présence du patrimoine culturel et architectural de la Rome antique en Tunisie est extraordinaire de par sa beauté et de sa qualité. Je pense, par exemple, au Colisée d'El Jem, aux mosaïques du Bardo, aux monuments de Dougga, aux chambres souterraines de Bulla Regia. Rome et Tunis peuvent ainsi développer, sur la base de leur amitié historique, un partenariat qui débloquera de nouvelles collaborations dans le secteur du tourisme grâce à l'Expo 2030 dans la capitale italienne. Les 30 millions de touristes attendus à l'Expo pourraient facilement, en moins d'une heure de vol, atterrir aussi à Carthage pour profiter des merveilles de notre longue histoire commune.
Ainsi, Carthage et Rome pourraient devenir, en termes de projets touristiques, d’échanges culturels et de valorisation du patrimoine commun, un prolongement l'une de l'autre.
Travaillons ensemble sur ces thèmes à Rome Expo 2030 !
Lorenzo Fanara