Hamed Souayah (Radio IFM) : il y a de quoi désespérer
Goût amer d’une saga qui risque de tourner en échec. Hamed Souayah, fondateur de radio IFM, ne savoure plus l’ascension fulgurante de la station Ibtissama FM qu’il avait lancée au lendemain du 14 janvier 2011. Fort de son expérience avérée à Phnom Penh, au Cambodge et en France, cet ancien de Radio Tunis Chaîne Internationale espérait ardemment offrir aux auditeurs tunisiens une radio différente, décontractée, indépendante et attractive. Il y réussira et parviendra même à rallier à ses côté un grand groupe financier entré au capital. Mais, contre vents et marées, Hamed Souayah devait se battre au quotidien, non seulement pour assurer la qualité de ses émissions, mais aussi pour attirer les annonceurs et régler les charges.
La réussite de la radio, plébiscitée par une audience en croissance, n’est pas confirmée par les résultats financiers. Les charges sociales auprès de la Cnss et fiscales, ainsi que les frais de radiodiffusion, tout comme les autres frais de production, connaissent des augmentations faramineuses. Rien que l’Office national de télédiffusion coûte à IFM près de 1 million 400 000 D par an, soit plus du tiers de son maigre chiffre d’affaires.
«C’est un vrai cauchemar, déplore Hamed Souayah. Le marché publicitaire se rétrécit comme peau de chagrin, les annonceurs payent avec beaucoup de retard, les charges sont aussi énormes que pressantes, de quoi perdre la tête. La Steg est capable de couper le courant et l’on est obligé d’arrêter la diffusion. Aucune aide publique ne nous parvient. J’ai beau expliquer à la Haica la situation très critique des médias audiovisuels, souligné la nécessité d’une fiscalité particulière et d’un soutien financier au titre de la préservation de la pluralité des opinions, mais…»
«Pas facile de garder le moral, poursuit Souayah, de mobiliser les équipes, de continuer à assurer de bonnes émissions et de maintenir la fidélité des auditeurs. Je risque de ne plus tenir longtemps.»
Lire aussi
Moez Ben Gharbia mène l’enquête
Les radios tunisiennes menacées de dérives
Les Télés tunisiennes sous haute tention
Tunisie: Les médias dans l’œil du cyclone