L’édito de Taoufik Habaieb: A la recherche d’une lueur d’espoir
Les jeux sont faits ! Ceux qui postulent à la nouvelle Assemblée sont à présent connus, ayant déjà présenté leur candidature. La validation sera annoncée par l’Isie à la fin de ce mois. La joute commencera alors, haute en couleur. Les surprises ne manqueront pas.
A quoi ressemblera la nouvelle ARP ? D’avance, on sait qu’elle sera très masculine, bigarrée, et peu fournie en députés issus des professions libérales. Elle laissera difficilement émerger des groupes de poids, fondés sur des programmes largement partagés. L’atomisation voulue par le scrutin uninominal dans des circonscriptions réduites et l’exclusion des partis politiques aboutissent à une Chambre qui mettra longtemps pour pouvoir se structurer. L’absence d’avocats, de médecins de libre pratique, de pharmaciens, de chefs d’entreprise et autres, qui auront accepté de renoncer à leur activité professionnelle rémunérée, se fera ressentir sous la Coupole du Bardo.
Le nouveau montage constitutionnel réduit les pouvoirs des élus. Ils devront cependant s’ingénier à s’inventer un rôle utile à jouer dans l’édifice institutionnel. Tout l’enjeu est là.
Ce qui compte pour le moment, c’est la transparence et l’intégrité du processus électoral. Tous les regards, en Tunisie et à l’étranger, sont braqués sur le déroulement du scrutin. Le retour à une vie parlementaire, tant escompté, est censé marquer une relance de la transition démocratique. Le soutien financier étranger en est tributaire.
Une bouffée d’oxygène nous provient du FMI. L’accord de principe pour l’octroi à la Tunisie d’un prêt de 1.9 milliard de dollars, un montant encore bien en deçà des besoins, est important. Il vient endosser le programme de réformes présenté, confirmer la soutenabilité de la dette, et ouvrir la voie à d’autres financements extérieurs. Deux facteurs majeurs seront décisifs: la détermination du gouvernement à conduire les réformes et l’adhésion de l’Ugtt. Rien ne saurait être occulté aux Tunisiens. Tout doit être mis en débat public. Des moments difficiles nous attendent, autant les affronter en pleine connaissance de cause.
Le souci majeur des Tunisiens est de préserver leur pouvoir d’achat, protéger leur épargne, et sauvegarder leur patrimoine. La crainte d’une inflation galopante, d’une érosion monétaire continue et de pénuries imprévisibles de produits essentiels devient encore plus préoccupante. Ni les banques, ni la bourse n’offrent aux plus heureux des valeurs refuges pour sanctuariser leurs placements. De rares produits financiers permettent à peine de réduire l’impact de l’inflation. Mais, pour l’immense majorité des Tunisiens, le risque de voir fondre leurs maigres économies ne cesse de les hanter. Les plus démunis, eux, sont dans le désarroi.
Une lueur d’espoir serait fondée sur la réussite des élections du 17 décembre 2022. Sans se faire d’illusion, sur le profil de la nouvelle assemblée la bonne tenue de ce scrutin remettrait le pays sous les radars internationaux. Ceux qui voudront apporter leur soutien à la Tunisie y verront un bon signal. Pour s’en sortir, le pays a besoin de financements massifs.
Carthage doit agir d’urgence pour décrisper la vie politique si tendue, instaurer un dialogue inclusif, rééquilibrer les pouvoirs en exercice, libérer les échanges économiques et redéployer la diplomatie. Il n’y a pas d’autres voies pour que la Tunisie se remette en selle.
Un moment de répit s’offre ces jours-ci aux Tunisiens. Trois semaines durant, les regards se tourneront vers la Coupe du monde à Doha où le Onze national sera confronté à une rude compétition. Ils trouveront, sans doute, dans ces joutes planétaires un réel plaisir à suivre ces duels au sommet. Sans commune mesure avec le Sommet de la Francophonie à Djerba, où celui du Climat (Cop 27) en Égypte, c’est le football qui l’emporte. Pour s’évader un peu.
Pourvu que le réveil ne soit pas difficile.
Taoufik Habaieb
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