ONAS : L’engagement du secteur de l’assainissement au titre de l’adaptation aux changements climatiques et en faveur de la transition écologique
La transition écologique en Tunisie est reflétée par la Contribution déterminée à l’échelle nationale à l’horizon 2030 (CDN, élaborée en 2015, actualisée en 2021) et par la Stratégie de développement neutre en carbone et résilient aux changements climatiques (SDNC-RCC), établie en 2022 à l’horizon 2050.
En matière d’adaptation, l’objectif général de la CDN actualisée consiste à «promouvoir une Tunisie résiliente aux changements climatiques, ayant significativement réduit les vulnérabilités et renforcé les capacités d’adaptation de ses écosystèmes, de sa population, de son économie et de ses territoires et opéré les transformations nécessaires, à même d’assurer un modèle de développement socioéconomique inclusif et durable et, ce faisant, contribuer à un monde plus résilient».
L’atteinte de cet objectif repose sur une approche systémique et intersectorielle permettant de décliner la résilience dans ses différentes dimensions : alimentaire, hydrique, écologique, sociale, économique, territoriale et sanitaire, en renforçant la capacité des populations de se relever suite aux catastrophes naturelles liées aux changements climatiques. Cette approche forme «l’Etoile de la résilience» qui est conçue comme un cadre structurant pour accompagner les efforts d’adaptation.
Les grands défis de l’adaptation aux impacts des changements climatiques en ce qui concerne les ressources en eau, à savoir la résilience hydrique, sont les suivants:
• maîtriser la demande en eau et régler les conflits d’usage;
• protéger les eaux souterraines contre la surexploitation;
• lutter contre l’érosion et l’envasement des retenues des barrages;
• lutter contre la pollution hydrique et la dégradation de la qualité des eaux;
• promouvoir la réutilisation des eaux usées traitées (EUT) et le dessalement;
• respecter les besoins (en eau) écologiques dans une vision intégrée et durable.
La contribution du secteur de l’assainissement se manifeste au niveau de la résilience hydrique, sachant que ce secteur s’engage à améliorer la qualité des eaux usées traitées et à augmenter le potentiel, permettant ainsi d’atteindre un taux de réutilisation de 50% en 2030 et de 100 % en 2050 (selon le Plan d’action de la Stratégie Eau 2050).
Cet engagement a vocation à se traduire par les actions suivantes:
• la réalisation de projets/programmes d’amélioration de la qualité des eaux épurées pour étendre la réutilisation et diversifier les usages (espaces verts, industries, écosystèmes, golfs, etc.)
• développement de l’assainissement en milieu rural
• extension et généralisation du traitement tertiaire des eaux usées
• exécution du Programme d’adaptation des infrastructures aux changements climatiques, développement des filières d’assainissement et augmentation de leur résilience aux risques extrêmes et aux catastrophes.
Les besoins financiers pour la mise en œuvre de la totalité des mesures d’adaptation ciblant l’amélioration de la résilience hydrique sont estimés à 655 millions USD au cours de la période 2021-2030.
Il convient de noter que les engagements du secteur de l’assainissement en matière d’atténuation vont aussi servir à l’amélioration de la qualité des eaux usées traitées, contribuant ainsi à l’amélioration de la résilience hydrique et à l’atteinte des objectifs de l’adaptation.
Ces engagements en matière d’atténuation se résument en ce qui suit:
• amélioration du taux de prise en charge des eaux usées (90% d’ici 2030),
• amélioration de la gestion des stations d’épuration urbaines et rurales, notamment par la réhabilitation de plusieurs d’entre elles,
• amélioration des branchements industriels et baisse de la DCO, tout en préconisant le recyclage/ valorisation;
• valorisation des boues (en milieu agricole et éventuellement au niveau des cimenteries)
• amélioration de l’efficacité énergétique des stations d’épuration,
• développement de la cogénération (installation d’une puissance de 4 MW d’ici 2030),
• mise en place de systèmes photovoltaïques (installation d’une puissance de 10 MWc d’ici 2030).
La mise en œuvre de la contribution tunisienne en matière d’atténuation nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers estimés à environ 14,4 milliards USD au cours de la période 2021-2030, dont 869 millions USD (soit 6% des besoins financiers) alloués au secteur de l’assainissement pour la concrétisation de ses engagements.
Etat des réalisations
Plusieurs initiatives visant à générer des réductions de GES sont en cours:
• l’installation d’une douzaine de digesteurs à biogaz/cogénération pour la production d’électricité;
• la réalisation d’un programme d’assainissement couvrant 9 zones industrielles, au cours de la période 2020-2024,
• la mise à niveau de la filière boue (2016-2021),
• la mise en place d’un programme d’assainissement rural (2016-2021),
• l’exécution d’un programme d’assainissement dans 34 communes (population supérieure à 10 000 habitants),
• le lancement d’un programme d’efficience énergétique.
Enfin, en s’engageant résolument à développer les ressources en eau non conventionnelles et à renforcer la démarche de réduction des émissions de GES, via l’adoption progressive de la démarche nationale de transition énergétique dans ses deux aspects (énergies renouvelables et efficacité énergétique), le secteur de l’assainissement contribue à la fois à l’adaptation aux changements climatiques et à la résilience, ainsi qu’à la transition écologique du pays.