Journées de réflexion : Quel positionnement stratégique de la Tunisie
Analyser les défis, identifier les opportunités et définir un positionnement utile de la Tunisie dans ce nouveau monde en mutations accélérée. Tel est l’objectif des journées de réflexion sur le « positionnement stratégique de la Tunisie», qui tiendront leur session inaugurale du 16 au 18 novembre 2022 à Tunis. L’initiative en revient au Conseil tunisien des relations internationales, présidé par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui. L’effort de recherche, avec l’appui de la Fondation Konrad Adenauer, durera plusieurs mois, et portera lors de cette première sessionsur quatre grands axes : géopolitique, géoéconomique, géo-énergétique et enfin un axe sécuritaire.
Parmi les participants figurent notamment Mustapha Kamel Nabli, Ahmed Ounaïes, Hakim El Karoui, Sophie Bessis, Afif Chelbi, Khaled Kaddour, Faouzi Elloumi, Radhi Meddeb, Hajer Gueldiche, Jalloul Ayed, Ahmed El Karm, Abdessalem Ben Ayed, Mondher Gargouri, Mohamed Ennabli, Salah Hannachi, Amel Makhlouf, Mustapha Haddad, Néjib Osman, Moncef Baati, Mahmoud Mzoughi, Moncef Amri, Nabil Smida…Le Pr Abdelaziz Kacem donnera la veille des travaux une conférence sur «la culture, levier stratégique».
Concept paper
La Tunisie évolue dans un contexte régional et international en pleine mutation. Entre la pandémie du Covid-19 et la guerre d’Ukraine, un nouveau monde est en gestation. Il est caractérisé par la montée des populismes, la crise écologique, de nouvelles formes de conflits, la prolifération des mouvements terroristes et une crise de la démocratie représentative. Le temps de l’ordre mondial qui a prévalu après la guerre froide semble bien révolu.
Pour la Tunisie et l’ensemble des pays en développement, les transitions en cours – politique, écologique, numérique et démographique – présentent autant de menaces que d’opportunités. Elles pourraient permettre d’opérer le rattrapage tant attendu, mais elles pourraient aussi consacrer la fracture entre un monde qui sait mettre ses points forts au service de la démocratie et du développement et des pans entiers de la population mondiale, mal gouvernés et mal préparés aux changements, qui s’installeront dans la dépendance et la crise.
Dans le contexte global, un nouveau positionnement de la Tunisie est nécessaire. Face à la complexité de l’environnement international et à l’hyper compétition entre les Nations, notre pays est appelé à affirmer une vision stratégique à long terme et, à cette fin, entamer une réflexion et un diagnostic approfondi afin de tirer les conclusions des expériences passées, de définir les axes devant orienter l’action de l’Etat et de mobiliser les Tunisiens autour d’un nouveau modèle de développement.
L’objectif est d’assurer le positionnement de la Tunisie sur l’échiquier régional et mondial et de doter notre économie des outils nécessaires pour amorcer la relance et l’intégration dans l’économie mondiale. Nous réalisons que le repositionnement de la Tunisie nécessite avant tout une veille continue pour suivre l’évolution de la chaîne globale des valeurs ainsi qu’une lecture intelligente et objective des tendances et expériences de transition en cours dans la région et dans le monde, d’où l’importance d’une vision globale et la nécessité d’une volonté politique réelle et d’un leadership engagé pour définir une approche mieux ajustée.
En outre, évaluer la compétitivité de l’économie tunisienne comparée à ses concurrents est d’une importance cruciale : il convient d’identifier les atouts et les faiblesses de notre économie et, d’autre part, de s’inspirer des expériences et des bonnes pratiques des pays concurrents ayant enregistré de meilleures performances. Quelques cas de réussite tels que Singapour, le Mexique, la Corée du Sud, l’Irlande, l’Inde, le Maroc et le Rwanda seront analysés et apporteront une plus-value, en tant que sources d’inspiration quant au modèle économique que pourra adopter la Tunisie pour les années à venir.
Le positionnement de la Tunisie sur la scène régionale et internationale doit pouvoir concilier les intérêts diplomatiques, économiques et sécuritaires. Il faudrait approfondir la réflexion sur ces trois piliers en identifiant les points forts et les faiblesses de notre pays par rapport aux pays concurrents ainsi que les créneaux porteurs sur lesquels il est appelé à se concentrer pendant la période à venir.
La Tunisie aura également à gérer les conséquences du changement climatique. L’eau et les nouvelles formes d’énergie seront déterminantes pour la durabilité du développement. La transition écologique et énergétique nécessite tout autant une vision de la position de la Tunisie qu’une stratégie et une gouvernance basées sur la situation en interne et en externe.
Enfin, face aux interactions entre plusieurs registres (sanitaire, économique, sécuritaire, etc.), face également à l’émergence de nouveaux acteurs non étatiques, la question sécuritaire pourrait se poser en termes nouveaux et, là aussi, la Tunisie devra se positionner pour se prémunir contre les menaces provenant de l’environnement géographique immédiat, notamment de l’Afrique Sub-Saharienne et de la Libye voisine, mais également des phénomènes mondiaux liés aux changements climatiques, à l’immigration et à la montée du terrorisme et de la violence.
Alors que la transition politique est biaisée par des débats idéologiques entraînant le désintérêt évident de la base populaire, et alors que le pays connaît l’une des pires crises économiques de son histoire, la Tunisie devra se frayer son chemin dans le nouveau monde qui s’esquisse sous nos yeux et faire valoir ses avantages comparatifs à tous les niveaux afin de relancer l’économie, consolider leprocessus démocratique et renforcer sa position stratégique à l’échelle régionale et mondiale.
Notre programme se propose d’analyser l’ensemble de ces défis et de penser le positionnement de la Tunisie dans un monde en mutation. L’effort de recherche, qui durera plusieurs mois, portera sur plusieurs thèmes et sous-thèmes géopolitiques et économiques. Quatre grands axes structurent la conférence de novembre 2022: géopolitique, géoéconomique, géo-énergétique et enfin un axe sécuritaire.
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