Israël: l’ultra droite fasciste et raciste veut allumer une guerre religieuse et expulser les Palestiniens
Mohamed Larbi Bouguerra
«Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont pas de bouche» Aimé Césaire
Il a fallu du temps à Benyamin Netanyahou pour échafauder ce gouvernement d’ultras et de racistes, composé des partis ultraorthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah et de ceux de l’extrême droite Noam et Force juive.
Pour l’éditorialiste du Monde, Israël est ainsi devenu «une démocratie illusoire». (31 décembre 2023, p. 32)
Sitôt intronisé, le ministre de la Sécurité Publique israélien de ce gouvernement, Itamar Ben-Gvir, chef du parti ultra Otzma Yehudi (Force Juive), s’est rendu sur l’Esplanade des Mosquées mardi 3 janvier 2023 rééditant le sale coup d’Ariel Sharon du 28 septembre 2008 qui avait déclenché une intifada qui a coûté la vie à 30 Palestiniens. Mais Sharon était alors dans l’opposition et non membre du gouvernement comme Ben-Gvir aujourd’hui. Ben-Gvir est «un incendiaire» dont «l’initiative a mis les alliés arabes d’Israël dans une bien mauvaise posture*» écrit le Monde. Dans le même temps, cette visite «conduite avec l’accord de Netanyahou, fait office de déclaration de politique générale.» (5 janvier 2023, p. 3)
En fait, il s’agit là d’une nouvelle provocation pour ce professionnel aux cinquante provocations recensées par le quotidien Haaretz qui nie la présence des Palestiniens et rêvait d’assassiner Rabin, coupable à ses yeux des Accords d’Oslo avec les Palestiniens honnis. D’ailleurs, Ben-Gvir a félicité le rabbin Dov Lior qui a trouvé des justifications théologiques à l’assassinat du Premier Ministre en 1995. En fait, avec cette visite sur l’Esplanade des Mosquées, on ne s’y prendrait pas autrement pour allumer une guerre religieuse. Le chef du gouvernement le plus à droite des 75 ans d’existence de l’Etat sioniste investi le 29 décembre 2022, Benyamin Netanyahou, a donné le feu vert à son ministre car une guerre religieuse ferait passer au second plan l’occupation, l’apartheid et les horreurs quotidiennes infligées aux Palestiniens… et ses propres problèmes judiciaires de corruption, d’abus de confiance et d’escroquerie. Pour ne rien dire des menaces qui se profilent à la Cour Internationale de Justice (CIJ) de la Haye bientôt saisie par l’ONU pour se prononcer sur l’occupation de la Cisjordanie. 85 membres des Nations Unies (dont des pays de l’UE et des BRICS) ont voté en faveur de cette saisine dont, entre autres, la Belgique, le Luxembourg, l’Irlande, la Pologne, le Portugal, la Russie, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud et plusieurs pays latino-américains… la France ayant opté pour l’abstention.
Tout le monde comprend qu’il ne s’agit nullement d’une guerre de religion ou d’une guerre contre les juifs; le cœur du problème est l’occupation du territoire palestinien.
Pour l’écrivain israélien David Grossman, Benyamin Netanyahou a «une vision folle et malhonnête», lui qui a «semé le chaos et récolté ses fruits». Netanyahou «nous dupe en ce moment même… empoche notre argent, mais nous vole aussi notre avenir et celui de nos enfants, et l’existence que nous voulions mener ici.» Pour Grossman, les négociations qui ont mené à la formation du gouvernement d’extrême droite «ont plutôt ressemblé à un pillage généralisé», un gouvernement où siège «le criminel récidiviste Dery…» condamné notamment pour fraude fiscale. (Libération, 30 décembre 2022, p. 23)
La droite religieuse aux commandes en Israël
L’extrémisme de Ben-Gvir est tel que l’armée israélienne n’a pas voulu l’enrôler (Le Canard Enchaîné, 28 décembre 2023, p. 8). Pour Ben-Gvir, suprémaciste et raciste affirmé, les Palestiniens sont des ennemis qu’il faut éliminer et les «jeunes des colonies» qui s’emparent des propriétés des Palestiniens, avec la protection de l’armée israélienne, sont « le Sel de la Terre.» Avec eux, il est prêt, en sa qualité de ministre, à mettre sur pied «une milice privée en Cisjordanie» dit David Grosssman. Lors de la campagne électorale, il se pavanait dans les lycées du pays au cri «Mort aux Arabes» poussé par les jeunes. Habitant la colonie de Kyriat Arba en Cisjordanie, Ben-Gvir - déjà condamné pour incitation à la haine - est un disciple du rabbin américano-israélien Meir Kahane, fondateur du parti Kach (interdit aux E.U), partisan du Gand Israël et du transfert des Palestiniens hors de leur patrie. Elu seul député du Kach en 1984 à la Knesset, Kahane parlait devant des travées vides car ni les députés ni le gouvernement de l’époque ne consentaient à écouter ses diatribes racistes, anti-palestiniennes et anti-arabes. Aujourd’hui, le gouvernement israélien «prend part et impulse» tout ce qui est de nature à changer le statu quo à Jérusalem d’après le correspondant du journal le Monde qui ajoute que les ministres racistes et fascistes Ben Gvir et Smotrich visent «l’expulsion des Palestiniens, que ce soit du mont du Temple ou de la Cisjordanie.» Le parti de Kahane avait été interdit de participer aux élections israéliennes en 1988 car «raciste et non-démocratique.» Ben-Gvir est sur la même ligne que Kahane qui réserve la démocratie israélienne aux seuls juifs et appelait à l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza. Kahane sera assassiné à New York en septembre 1990. Autre idole de Ben-Gvir : Baruch Goldstein, un Américano-israélien né aux Etats Unis, médecin capitaine de l’armée israélienne, qui assassina 29 Palestiniens en prière et en blessa 125 le matin du 25 février 1994, fête de Pourim. Il les assassina avec une arme à feu automatique, avant d’être massacré par le reste des fidèles alors qu’il rechargeait son engin de mort. Goldstein disait que «les Arabes sont les nazis de notre époque.» Goldstein est enterré au cimetière de la colonie de Kyriat Arba, là où habite Ben-Gvir, ministre israélien habitant à l’étranger et qui lui rend hommage à chaque 25 février!
Le monde laissera-t-il ce gouvernement raciste exproprier les Palestiniens, tuer leurs enfants à bout portant, détruire leurs maisons et leurs cultures, gêner à l’extrême leurs déplacements au moyen d’une violence asymétrique?
Les Américains qui fournissent l’arsenal de mort d’Israël en ignorant la loi Leahy qui interdit l’assistance militaire aux armées étrangères qui violent les droits de l’homme sont-ils prêts à revoir cette politique mortifère? Agiront-ils pour ne pas gêner la CIJ quand elle se penchera sur la question de l’occupation israélienne de la Cisjordanie?
L’éditorial du Monde (31 décembre 2022) traite, à cet égard, du rôle des pays occidentaux et écrit : «Ils ont longtemps exalté des valeurs communes pour masquer leurs reniements sur la question palestinienne … Qu’ils ne s’étonnent donc pas de susciter l’indifférence d’une partie du monde lorsqu’ils appellent, ailleurs, au respect des droits des peuples.**»
Mohamed Larbi Bouguerra
*L’ambassadeur des Etats Arabes Unis (EAU) en Israël a félicité Itamar Ben-Gvir lors de sa nomination comme ministre.
**L’armée israélienne a assassiné à l’aube aujourd’hui 5 janvier 2023, le jeune Amer Abou Zeitoun, 16 ans, lors d’une incursion au camp de réfugiés de Balata. C’est le 4ème Palestinien et le 2ème enfant assassiné par Israël depuis le 1er janvier 2023. Saluons la libération des prisons israéliennes de Karim Younis après 40 ans d’enfermement politique inhumain. Israël oublie-t-il que Nelson Mandela, après 26 ans de prison, n’a rien perdu de ses convictions?