Abdelaziz Kacem et la délicate mission de directeur de la radio du temps de Bourguiba
Diriger une radio nationale sous l’écoute vigilante et assidue d’un chef de l’Etat, de la carrure de Bourguiba, n’est guère chose aisée. Avec des hauts et des bas, des félicitations et des « recentrages », Abdelaziz Kacem s’en était acquitté pendant de longues années, au prix de deux « départs ». Il en rapporte des souvenirs évocateurs dans un livre intitulé « Bourguiba, l’auditeur suprême » (Editions Cérès).
De la radio, Bourguiba avait fait un instrument de pouvoir, tant pour écouter ce qui se passe dans le pays, suivre l’activité de ses ministres et gouverneurs, apprécier la production littéraire et artistique, que pour faire passer ses discours et messages. Le transistor était devenu son compagnon notamment le matin, après la sieste et le soir pour vaincre son insomnie. Auditeur fidèle et attentif, il n’hésitait pas à appeler le directeur de la radio pour l’interroger à propos de telle ou telle émission, l’inviter auprès de lui accompagné de producteurs, d’animateurs et autres. Parfois encore, c’est pour lui montrer son mécontentement, lui donner des instructions précises, lui suggérer des thèmes à traiter. Les scènes difficiles, comme les anecdotes, ne manquent pas. Dans son style raffiné, Abdelaziz Kacem les rapporte avec délicatesse, montrant surtout son talent à savoir répondre à Bourguiba, et éviter son ire.
Un livre très agréable à lire qui nous révèle une relation très particulière entre Bourguiba et « sa » radio.