Tunisie: Le populisme ronge la démocratie naissante actuelle
Par Nouredine Ben Mansour - Certains prétendent que la démocratie ne pourra jamais réussir dans les pays arabo-musulmans en prétendant que la religion fait obstacle au développement démocratique. Comme le confirme le politologue Dahl «Je suppose que la démocratie peut être inventée et réinventée indépendamment où qu'elle se trouve». De cette idée on peut conclure que la démocratie est le fruit de la circonstance et les conditions favorables ou autrement elle n’est pas une équation à plusieurs inconnus ou autrement la démocratie n’est pas un seul type puisque chaque société a ses propres caractéristiques. De cette conclusion on peut dire que de la Tunisie a sa propre démocratie ou autrement, démocratie à la tunisienne.
Ce que nous pouvons tirer de cette déclaration, c'est que la démocratie ne peut pas être considérée comme une mono-recette toute faite pour tous les peuples, sociétés et États. Chaque société a ses propres caractéristiques sociales, économiques et culturelles qui déterminent le type de démocratie à adopter par le pays. Mais tout ceci ne pourrait réussir que sous des conditions sociales et économiques bien appropriées ou autrement pour que la démocratie réussisse il faut en premier lieu éradiquer les inégalités sociales et anéantir la pauvreté. Deux conditions nécessaires pour la survie d’une société démocratique et prospère.
Comment est-elle la situation politique actuelle en Tunisie?
Des faux intellectuels de tout genre nous bombardent chaque jour par un langage de tout venu; un langage qui ressemble beaucoup a un plat de faux caftegi. Des faux politiciens et des pseudo-intellectuels à travers les émissions télévisées nous proposent des idées, nuit et jour avec un langage incompréhensible; un langage bavard. Une phrase en arabe garnie de quelques mots en français ou autrement du multicolore. Tous les maux de nos sociétés proviennent essentiellement de deux réalités: la première est qu’une bonne partie de l'élite tunisienne est loin de la masse puis l’influence des faux leaders politiques.
Les politiciens d’aujourd’hui pratiquent une sorte de démocratie avec des faux représentants des citoyens ; exception faite d’une minorité. Lorsqu’ ils veulent imposer une idée, ils inventent des mots et ce pour influencer les gens. Ils sont champions en déguisement. Dans l’ensemble, ils sont des partis sans doctrine et idéologie et cherchent seulement les opportunités à court terme et parfois à moyen terme tout en s’appuyant sur des imbéciles. La majorité de ces partis se présente comme le garant de la création de la richesse et du bien être du citoyen tout en affirmant qu’ils sont là pour éradiquer la pauvreté et la misère. Ils prêchent la démocratie sur mesure; une démocratie inapplicable et irréalisable.
Cette exclusivité de la révolution tunisienne et son nouveau système sociopolitique sont uniques. Une démocratisation dans un pays arabo-musulman est du jamais-vu. La Tunisie a fait exception dans une certaine mesure. Cette nouvelle vérité est en fait le fruit d' une entente entre les puissants courants politiques qui ont fait un genre de main mise sur la bonne marche et l’avenir de ce pays. C’était un compromis historique tant important pour la bonne marche des institutions de tout genre ainsi que pour la vie sociale dans sa grandeur. Une sorte de pacte de paix temporaire.
Cette démocratie tunisienne pourrait-elle résister devant les matraques des mauvaises conditions économiques de toutes sortes et comment pourrait elle coexister avec des jeunes chômeurs de tous âges et niveaux ? Pourrait-elle tenir le coup devant les complots de certains mercenaires qui sont à la solde de certains pays?
Qu’attendez-vous d’un nouveau régime démocratique tout à fait jeune dirigé et menée par des partis politiques sans principes ni boussoles et programmes dans son ample sens. Le danger réel et direct qui guette cette nouvelle démocratie naissante provient dans une grande mesure de la part de ces faux politiciens qui ne cherchent que leurs intérêts au court terme et aussi immédiatement. Des analphabètes en politique et des arrivistes voire même des corrompus. Une nation nouvellement démocratique dirigée par des novices en politique et par des opportunistes n’est en fait qu’une fuite en avant dont les conséquences sont connues d’avance. Misère, pauvreté et conflits. Le devenir du pays s’il s’endure de cette façon, la fin ne serait que la faillite absolue de tout le système et de là il faut s’attendre au pire. Des faux politiciens et des partis politiques ne sont là que pour faire du populisme et du show. Des promesses et des grattes ciels. Faux représentants du peuple dont une partie est d’une arrogance sans égal. Au nom de cette jeune démocratie naissante en Tunisie on trouve certains de ces populistes se comportent comme des pachas. Pour eux tout est parfait voire idéal.
Bien que le système politique actuel ne soit pas encore remis profondément en question le destin de la démocratie naissante en Tunisie s’est orienté vers d’autres cieux où la fin de cette orientation est de plus en plus sans boussole et vraie direction. Peut-on croire positivement que la situation politique actuelle est vraiment une étape inhérente à la consolidation des acquis et à la mise en place et la concrétisation de cette jeune démocratie qui est en phase de transition démocratique c’est à dire une démocratie incomplète car elle n’a pas atteint le niveau adéquat de la conscience patriotique. La majorité des tunisiens sont furieux et contre surtout certains politiciens et hommes influents du pays en les accusant de responsables de la mauvaise situation économique du pays. Comment peut on croire à ces politiciens où le pays en plein dérive sans précédant. Aussi il ne faut-il pas oublier que l’impasse politique actuel pourrait avoir des conséquences graves et déclencherait plus de méfiance qui saperait cette démocratie fragile.
La Tunisie est encore loin de la démocratie des pays avancés comme l’Allemagne ou le Suède. Il ne faut donc pas miser sur l’étape actuelle mais au contraire les tunisiens doivent être aussi et obligatoirement patients. Il est plus nécessaire et avant tout de se concentrer sur la préservation de la paix civile et l’amélioration des conditions sociales des citoyens. De l’autre coté la majorité des électeurs tunisiens ont fait obstacles aux anciens politiciens et pour cette raison ils ont donné leurs voix pour Kaies Saied qui est considéré comme un anti système. C’est sûrement ils cherchent un changement profond en se débarrassant des responsables de ce temps là.
La politique du populisme menée par certains partis surtout ceux qui soutiennent Kaies Saied n’est pas en fait une remise en cause de la démocratie actuelle mais tout au contraire ces dits partis cherchent à la concrétiser à leur façon et selon leurs intérêts surtout immédiats. Ce populisme tunisien, on peut le classer comme populisme de gauche. Il touche essentiellement les inégalités sociales mais sans une vraie concrétisation. Les représentants se réclament être représentants exclusifs du peuple.
Il se pourrait qu’une révolte sociale soit à nos portes. Le système représentatif, le parlement a fermé ses portes et la constitution est mise en cause. Tout le système est contesté. Le citoyen tunisien est en révolte continue surtout que les conditions nécessaires de vie n’existent plus. Le populisme ronge la démocratie naissante actuelle. Un mécontentement continu se propage et en faisant place dans tous les espaces de la vie. Le pessimisme et la méfiance sont devenus l’aspect dominant de la vie sociale du citoyen. Partout du mécontentement et refus de l’autre. Un égoïsme accru est entrain de se développer et un régionalisme sans précédent se propage surtout auprès des jeunes. Le chômage et l’opportunisme sont deux facteurs essentiels qui nourrissent ce genre de révoltes.
Pour que la Tunisie avance et instaure une vraie démocratie à l’européenne, il serait nécessaire de préserver la paix sociale et améliorer les conditions de vie des citoyens par une concrétisation réelle de leurs attentes et pouvoir d’achat ainsi que la création de la richesse et l’éradication du chômage
L’insécurité économique actuelle qui s’est intensifiée active les forces anti système. Le populisme actuel a pris une certaine position et qui avance sans donner importance aux critiques des adversaires et surtout auprès des antisystèmes. Une réaction qui s’est renforcée et elle était le résultat d un profond ressentiment et mécontentement contre les partis actuels toute orientation confondue et les arrivistes. Aussi la nouvelle révolte douce qui s’est traduite par la montée d’une nouvelle vague de jeunes bien formés politiquement qui réclament constamment une vie meilleure sachant qu’une bonne partie de cette jeunesse est en proie du chômage et de la misère. Des jeunes diplômés sans avenir.
Ce qui est grave aujourd’hui en Tunisie est la montée de la méfiance des citoyens les uns envers les autres. C’est une défiance qui a pris position en force dans la société civile du fait du manque de cohésion des citoyens et l’absence de coopération entre eux mais aussi elle se ranime par certains politiciens qui veulent toujours faire marche arrière et instaurer un régime d’autrefois. Ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie n’est pas le résultat de l’hasard ou des circonstances mais plutôt d’une intention stratégique qui vise essentiellement le pouvoir ou autrement une stratégie qui cherche discrètement le changement de la nature du régime politique actuel et c’en optant pour un régime présidentiel où toute l’autorité serait entre les mains d’une seule personne.
Depuis la révolution, la Tunisie n’est pas bien appréciée par certains dirigeants arabes surtout ceux du pays du Golfe. Aujourd’hui, ils sont bien contents de la situation actuelle de la Tunisie car pour eux la Tunisie rentre de nouveau dans le rang de la normalité arabe. Enfin, un président qui rejoint le club des pays arabes qui n'ont pas envie d'une démocratie totale car surtout pour certains leaders arabes c’est de l’aventurisme.
Nouredine Ben Mansour