Kais Saïed amorce un changement de cap significatif de la diplomatie tunisienne
Un grand soulagement et un immense espoir ! Le limogeage du ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, et son remplacement par l’ambassadeur Nabil Ammar est partout accueilli avec une double appréciation. Celle de mettre fin à un situation de blocage qui a failli ankyloser l’appareil diplomatique tunisien et priver ainsi le pays d’un levier puissant de dialogue stratégique et de coopération international. Et celle de marquer un nouveau tournant dans notre politique extérieure.
En changeant de messager à l’international, le président Kais Saïed est sans doute convaincu de la nécessité de changer de message. Tout un nouveau discours national est à forger pour s’adresser à la communauté internationale, dans la haute tradition de la grande diplomatie tunisienne, dans un vocabulaire très spécifique et un contenu plus substantiel. Sur la base d’une analyse très fine de la crise que traverse la Tunisie, il s’agit en effet d’en expliquer le contexte et les conséquences à nos partenaires, en toute sincérité et transparence. Dans un partenariat renouvelé, d’égal à égal, les amis de la Tunisie ont intérêt à ce que la situation du pays ne sombre pas dans la crise, au risque de constituer un foyer de tension redoutable pour tous dans cet espace stratégique. Ni aide, ni don, c’est faire confiance à la Tunisie, croire en son avenir démocratique et à son potentiel de croissance et de prospérité : un acte de foi, de solidarité. A son ampleur, les Tunisiens comptent désormais leurs amis.
Les grands dossiers chauds qui attendent Nabil Ammar
Interrogé par Leaders sur les priorités du nouveau ministre des Affaires étrangères, un ancien diplomate a été droit au but. « C’est un véritable chantier ! » s’est-il exclamé. « Oui, il s’agit bien de changer de lexique et d’approche pour renouer avec un minimum de bon sens dans nos relations avec nos partenaires, ajoute-t-il. Il va falloir agir vite et sans plus tarder pour leur faire part de nos soucis économiques urgents, leur expliquer notre démarche politique et solliciter leur concours pour nous permettre de relever les défis, notamment au niveau de l’équilibre budgétaire. »
« Il appartient également au nouveau ministre des Affaires étrangères, souligne notre interlocuteur, de pourvoir rapidement aux postes diplomatiques et consulaires restés vacants et de rassurer le personnel du Département, sensiblement secoué par trois ans d’improvisation, de marginalisation et surtout d’incertitudes. Sa priorité ira également à la reprise de contact avec le FMI (en mobilisant le soutien des principaux pays actionnaires), les bailleurs de fonds et les pays du Golfe pour essayer de bénéficier des ressources nécessaires au financement du budget et au lancement des réformes. »
« Riche d’une longue expérience et puisant dans les fondamentaux de la diplomatie tunisienne qui a toujours été pionnière, le nouveau ministre Nabil Ammar, saura sans doute faire preuve d’une grande capacité de rayonnement international » commente un diplomate qui l’a connu de près. Il est issu des rangs, connaît les équipes, maîtrise les dossiers et les rouages et saura faire aboutir le nouveau cap que fixera chef de l’Etat. »
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