Wikileaks : les précisions utiles du ministre tunisien des affaires étrangères, M. Kamel Morjane
Pour la deuxième en moins d’une semaine, un membre du gouvernement tunisien apporte des précisions utiles, claires et fermes "au sujet des fuites diffusées sur le site Wikileaks et "des éventuelles incidences qu'elles pourraient avoir sur les relations tuniso-américaines.» Vendredi 3 décembre, à la Chambre des Députés, M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères, a indiqué, comme l'a rapporté l’Agence TAP, qu'il s'agissait-là d'un fait surprenant, tant pour la Tunisie que pour tous les autres pays, et que notre pays suivait de près ce qui avait été diffusé à son propos par ce site afin de prendre la position appropriée. Il a rappelé, à ce propos, que la Tunisie avait été l'un des premiers pays à avoir mis en garde contre les retombées néfastes de l'usage de l'Internet."
Interpellé sur le même sujet, jeudi, à la Chambre des Conseillers, lors de la discussion du projet de budget du ministère pour l'exercice 2011, il a affirmé, que «ces fuites n'auront pas de conséquences sur les relations entre les deux pays». Le ministre a indiqué que ces conséquences avaient été, également, démenties par la Secrétaire d'Etat américaine qui avait affirmé, récemment, lors d'une conférence de presse et dans un entretien téléphonique qu'elle avait eu, lundi dernier, avec lui, que «ces fuites étaient des appréciations personnelles des ambassadeurs des Etats Unis d'Amérique et n'exprimaient aucunement les positions de Washington ni ses relations diplomatiques avec les différents pays».
Et M. Morjane d'ajouter: «Le contenu de certains rapports qui traitent des affaires internes d'un pays n'est qu'une reproduction de mensonges et de calomnies de certains détracteurs qui s'acharnent obstinément à nuire à la Tunisie», précisant que «ces allégations sont infondées et ne reflètent nullement la réalité de la Tunisie».
D'autre part, M. Kamel Morjane a expliqué que «ces fuites concernaient des rapports qui suscitaient la confusion sur les positions de la Tunisie et ses relations avec ses frères dans le Maghreb Arabe et certains autres pays arabes».
Il a, dans ce contexte, affirmé que «les relations et les positions de la Tunisie ne pouvaient pas être contestées», précisant que «ces fuites sont dénuées de toute crédibilité et ne pouvaient être admises».
M. Kamel Morjane a attiré l'attention sur le fait que ces rapports reflétaient, «même dans les comptes rendus des rencontres officielles, des présomptions, des idées et des préjugés du rapporteur» bien qu'il les impute à la partie tunisienne lors d'une rencontre.
L'exemple type, a-t-il soutenu, en était le rapport sur la rencontre avec l'émissaire américain Welch qui comportait des appréciations affectant les relations de la Tunisie avec ses frères. Ce rapport signale que la Tunisie ne participerait pas au Sommet de Damas, alors qu'elle a pris part à ses assises au plus haut niveau, a-t-il précisé.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que «les positions de la Tunisie sont connues et déclarées publiquement dans les différentes instances internationales. La Tunisie a toujours, soutenu les causes de justice et de paix dans le monde et rejeté l'ingérence dans les affaires d'autrui, tout comme elle réfute toute immixtion dans ses affaires».
Au-delà du sensationnel et du voyeurisme susceptibles, de prime abord, de séduire certains et de les induire en erreur, de nombreuses interrogations s’élèvent ici et là de par le monde quant aux réelles intentions qui se profilent derrières ces «fuites», les vies qu’elles mettent en danger et l’action diplomatique, en doute. Dans la presse internationale, nombre de penseurs, politologues et dirigeants politiques ont mis en garde l’opinion publique contre «cette vaste tentative de déstabilisation dévastatrice et aux objectifs malsains et inavoués» et appelé «à une grande vigilance quant au traitement de ces informations».
Depuis la fin de la guerre froide, la désinformation et les manipulations de l'opinion publique ont pris une telle ampleur, que les spécialistes acquis à la liberté d’expression et à la transparence n'ont cessé de tirer la sonnette d’alarme quant aux flux de fausses nouvelles déversés, dans le but inavoué de nuire. Dans la course à l’influence, la désinformation, soulignent-ils est devenue une arme fatale dont il faudrait se prémunir par l’intelligence et la capacité de discernement. Ceux qui croient y trouver l’assouvissement de leurs noirs desseins, en seront pour leurs frais, concluent-ils».