Mohamed Koubaa, directeur général de l’UBCI: Passer de l’ambition au projet
«Les réalisations accomplies par la banque en 2022 apportent, dans la qualité, de bonnes réponses à nos attentes et confirment l’amorce de la transformation engagée.» Aux commandes depuis maintenant plus d’un an et demi, Mohamed Koubaa, directeur général de l’UBCI, garde un regard attentif sur le tableau de bord. Agissant à la fois sur la croissance et la nouvelle stratégie qui doit la porter, il s’emploie à explorer de nouveaux gisements et à forger des modèles appropriés. De l’ambition, la banque entend passer à la mise en œuvre de son projet.
L'exercice 2022 de l’UBCI s’est soldé par de bonnes performances grâce à une dynamique commerciale retrouvée. C’est ainsi que le PNB a enregistré une croissance de 11%, passant de 265.9 MD en 2021 à 295.2 MD. Les dépôts se sont accrus de 3.01 MD à 3.18 D et les créances accrochées comprimées à 5.9%, avec un taux de couverture de 82% La part de marché se situe entre 4 et 5%, ce qui dénote le large potentiel qui s’offre.
Les gisements de la croissance
D’où viendra la croissance escomptée par UBCI malgré cette conjoncture si particulière ? Pour Mohamed Koubaa, la réponse est claire. «D’abord, dit-il, consolider nos services à la clientèle, en apportant plus et mieux. Nous avons beaucoup d’atouts. Le nouveau système d’information qui est en cours de finalisation permettra de digitaliser les services, de renforcer la proximité avec nos clients, de mieux connaître leurs besoins et de leur apporter des réponses dans des délais raccourcis. Cela suppose l’élaboration d’un catalogue de produits appropriés et de nouvelles pratiques».
Sur ce même élan et dans l’élargissement de sa base de clientèle, l’UBCI s’intéresse de près aux très petites et moyennes entreprises (TPME). «C’est une suite naturelle de ce que nous faisons, explique Mohamed Koubaa. L’UBCI a la réputation d’être active sur le corporate. Il nous appartient d’accorder une attention plus particulière aux TPME et de créer en leur faveur un modèle spécifique à même de leur apporter un accompagnement durable. Le tissu de TPME est dense, varié et porteur. Il mérite notre concours. Comme nous l’avons fait pour le corporate des grandes entreprises, nous comptons accorder une attention redimensionnée aux TPME, avec des réponses adaptées et la qualité requise».
«Sur tous les segments, le conseil est un axe fort à développer, estime M. Koubaa, pour sortir du concept de trésorerie au rôle de banquier. A l’ère de la financiarisation de l’économie, la banque garde une fonction spécifique à accomplir, souligne-t-il. L’écosystème crée un plafond de verre que beaucoup d’entreprises atteignent sans pouvoir le faire bouger».
Savoir écouter la monnaie
«Nous sommes en fin de cycle de tout un modèle, ce qui nous incite à concevoir de nouvelles approches, souligne le directeur général de l’UBCI. Ce qui fait défaut derrière les banques, c’est un système financier favorable. La consommation des crédits est très forte, à l’instar de ce qui se passe dans les économies immatures. On arrive à la limite d’un certain exercice dont nous sommes victimes et nous devons nous en sortir. On ne peut pas tout financer par des crédits. D’autres acteurs manquent dans la chaîne de financement. Je pense particulièrement aux capital-risqueurs, aux gestionnaires de fonds et autres. Aussi, le système doit-il encourager l’épargne bancaire, à travers l’ouverture de capital, la création de fonds et autres, ce qui permettra aux épargnants d’accéder à des actifs et de mieux rémunérer leurs ressources. Il faudrait savoir écouter la monnaie. C’est en circulant qu’elle créera de la richesse».
Un projet dans le projet
Pour revenir à l’UBCI, Mohamed Koubaa affirme que la banque fait le pari d’occuper une bonne position sur la place. Son projet de transformation lui apportera la dynamique et les outils nécessaires. «L’objectif, dit-il, est de disposer de suffisamment d’atouts pour réaliser nos projets, en capitalisant sur nos acquis, notre positionnement, notre expertise en gestion de risque et nos valeurs humaines.»
Au cœur de ce projet de transformation figure notamment la bancassurance. Le nouvel actionnaire de référence, le groupe CARTE, fondateur des assurances CARTE, y apportera des atouts majeurs. Ce sera «le projet dans le projet». Mais d’autres innovations se préparent.