Face à l’occupation sioniste, la journée du prisonnier palestinien à travers le monde
Par Mohamed Larbi Bouguerra - Le 17 avril célèbre la Journée du Prisonnier Palestinien. Cet évènement permet au peuple palestinien et aux militants de la justice et de la paix à travers le monde d’exprimer leur soutien à ces femmes et à ces hommes qui sont au cœur de la résistance à l’occupation sioniste. Cette Journée est destinée à la dénonciation de la torture, de l’emprisonnement des enfants et de l’utilisation coloniale de la prison et des geôles israéliennes comme armes contre la libération de la Palestine et son auto-détermination.
Au 19 mars 2023, on compte 4800 prisonniers politiques palestiniens dans les geôles sionistes, 967 Palestiniens en détention administrative (sans procès et sans preuves), 170 enfants prisonniers (moins de 18 ans), 29 Palestiniennes en détention (dont une mineure), 150 prisonniers arabes-israéliens (territoire de1948), 400 prisonniers de Jérusalem-Est, 200 prisonniers de Gaza, 5 membres du Conseil Législatif Palestinien (parlementaires), 360 prisonniers purgeant une peine supérieure à 20 ans de détention, 40 prisonniers purgeant une peine supérieure à 25 ans et 554 prisonniers purgeant une peine de prison à vie.
Depuis janvier 2022, Israël procède à des arrestations de masse et a mis en prison pas moins de 2140 Palestiniens.
En 2022, sur l’ensemble des territoires occupés (y compris Gaza), voici quelques chiffres : 7000 arrestations dont plus de 3000 cas d’arrestations et 800 cas d’assignations à résidence pour Jérusalem ; environ 2400 ordres de détention administrative émis au cours de la seule année 2022 (nouveaux ordres et ordres de renouvellement) (Lire Addameer 02/2023 et Palestine Solidarité n° 84, avril 2023). Israël compte près de 20 prisons comme Nefha, Ramon, Queziot, Ayala dans le Neguev, Ramleh près de Jaffa, Ofer près de Ramallah…..
La grande majorité des prisonniers palestiniens sont détenus dans des prisons israéliennes à l’intérieur de la Ligne Verte, ce qui équivaut à des actes de transfert forcé depuis le territoire occupé, en violation de l’article 49 de la quatrième Convention de Genève (1949).
Les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes continuent d’être systématiquement maltraités. Actuellement, plus de 600 prisonniers palestiniens dans les cachots israéliens souffrent d’un grand nombre de maladies et d’un manque d’accès aux soins médicaux. 200 d’entre eux ont reçu un diagnostic de maladie chronique - et 22 d’entr’eux souffrent de cancer. Le cas le plus grave est celui de Nasser Abu Hmaid, qui est dans un état critique et souffre d’un cancer du poumon.
En outre, Israël détient des Palestiniens en détention administrative, une procédure par laquelle Israël emprisonne des Palestiniens sans procès sur la base de « renseignements secrets », en violation du droit à l’application régulière de la loi et à une procédure équitable en vertu des articles 9 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et d’un crime de guerre en vertu de l’alinéa 8(2)a)(vi) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Un ministre au casier judiciaire chargé
Le ministre de la Sécurité Nationale Itamar Ben-Gvir regrette que ces prisons « soient des colonies de vacances » pour Palestiniens. Alors, pour mettre fin à « ces délices », vomissant toute sa haine de ces résistants, ce fasciste a décidé de réduire la durée de la douche à 4 minutes et a interdit que les prisonniers fassent leur pain eux-mêmes. Ce ministre est à la tête du parti Otzma Yehudi (Force Juive) dont le père spirituel est l’abominable rabbin Meir Kahane qui voulait exclure tous les Palestiniens de leur patrie. Cette « Excellence » suprémaciste honore en outre l’assassin Meir Goldstein, un médecin, colon américano-israélien qui assassina 29 Palestiniens en prière, à l’aube, à Hébron, en février 1994 avant d’être abattu par les fidèles.
Itamar Ben-Gvir a fait l’objet entre 1993 et 2007 de 15 mises en accusation criminelles. L’armée israélienne a refusé de l’enrôler pour ses positions extrémistes. Apparemment, ce pedigree de bandit a fait de lui, aujourd’hui, le chef de la police israélienne, cette police qui a si durement frappé les fidèles à terre, à l’intérieur de la mosquée Al Aqsa à Jérusalem et détruit son minbar la semaine dernière.
Ce ministre fasciste est aux commandes alors que les foules israéliennes manifestent pour la démocratie et pour défendre la Cour Suprême depuis plusieurs semaines.
Mais de quelle démocratie parle-t-on ?
De celle qui assassine à bout portant quotidiennement des civils palestiniens sans armes, femmes, enfants et journalistes inclus ?
De celle qui s’arroge le droit de mettre la main sur des terres palestiniennes et d’en chasser les habitants et les propriétaires légitimes ?
De celle qui s’arroge le droit d’expulser les citoyens et les résidents palestiniens d’Israël ?
Quant à la Cour Suprême, elle a jugé qu’une loi israélienne qui viole le droit international n’est pas inconstitutionnelle.
Mais une « démocratie » qui s’accommode de l’apartheid peut-elle encore être une démocratie ? Gideon Levy écrit dans Haaretz (13 avril 2023) sur cette société israélienne disparate qui manifeste :
« Et quelle est cette normalité à laquelle tout le monde aspire aujourd'hui ? Une plaie ethnique profonde et saignante qui s'est encore élargie.
Un militarisme profondément ancré dans la société, dont la profondeur n'a fait que croître avec les manifestations.
Une société dont l'exclusion des Arabes n'a été qu'accentuée par la protestation.
Un État dont le budget de défense est démesuré, au détriment de tout le reste.
L'État le plus religieux du monde occidental, qui ne connaît pas la séparation entre l'État et la religion.
Une Cour suprême qui est la plus grande légitimatrice de l'occupation.
Un projet de colonisation - mis en place par la gauche et le centre et développé par la droite - qui n'est rien d'autre qu'un grand crime de guerre permanent. »
La journée du prisonnier palestinien à travers le monde
Le Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens Samidoun annonce une belle brochette de manifestations internationales à travers le monde:
• Le 14 avril, au Cap et à Prétoria devant l’ambassade d’Israël (Afrique du Sud), aux Etats Unis à Chicago, à Columbus, à Houston, à Tucson, à l’Université Rutgers à New Brunswick…
• Le 15 avril à Bruxelles, Cleveland (EU), à Cologne, à Francfort, à Hambourg, à Lyon, à Sydney (Australie), à Toronto (Canada)…
• Le 16 avril, à Cincinnati (EU), Durban (Afrique du Sud), Londres, Nashville (EU)
• Le 17 avril, à Bristol, Malmo (Suède), Manchester, Vienne (Autriche) devant le consulat américain…
Samidoun affirme que cette Journée internationale permettra de faire connaître le nom et les récits des prisonniers qui continuent de diriger et de lutter derrière les barreaux comme Khader Adnan, en grève de la faim depuis 68 jours, ou Walid Daqqah, qui souffre d’un cancer rare depuis plusieurs années et qui est complètement délaissé par les autorités pénitentiaires israéliennes.
L’évènement permet de rendre hommage à Israa Jaabis, Ahmed Sa’adat, Marwan Barghouti, Nael Barghouti, Abdallah Barghouti, Ahmed Manasra et tous les 4800 prisonniers ainsi qu’à Georges Ibrahim Abdallah, en prison en France depuis 38 ans, et aux activistes palestiniens en détention aux Etats Unis.
Samidoun s’élève contre l’interdiction le 13 avril par la ville de Berlin de deux manifestations prévues les 15 et 16 avril dans la capitale allemande où se trouve la plus forte communauté palestinienne d’Europe et déclare : « Il est clair que l’Allemagne n’est pas une partie neutre dans la colonisation en cours et vis-à-vis de l’occupation. Elle fournit des armes** et un soutien politique illimité à l’occupation de notre peuple en Palestine et viole en même temps les droits humains des Palestiniens non seulement en Palestine mais aussi en Allemagne où se trouve une forte communauté de nos frères. » Samidoun Deutschland appelle à manifester à Cologne, à Hambourg, à Stuttgart et à Francfort le 15 avril et insiste sur le fait que la lutte des Palestiniens pour la libération de leur patrie est un combat contre le colonialisme et l’antiracisme. La répression d’Etat et les campagnes calomnieuses n’arriveront pas à bâillonner le combat pour la libération de la Palestine, conclut Samidoun.
Israël a hérité de Hendrik Verwoerd « le grand architecte de l’apartheid » sud-africain, les idées nauséabondes qu’il met en application aux territoires qu’il contrôle mais, ce faisant, les sionistes oublient que 37 ans de prison ne sont pas venus à bout de la soif de justice et de liberté de Nelson Mandela.
Mohamed Larbi Bouguerra
** Les magouilles de Benyamin Netanyahou lors de l’achat à prix d’amis de six sous-marins allemands l’ont conduit aux accusations de corruption et à une probable comparution devant la Cour Suprême d’où son alliance avec l’extrême droite fasciste, raciste et suprémaciste de Smotrich, Ben-Gvir et Arié Dery.