Département d'Etat: fin de la discrimination physique à l’embauche
Par Mohsen Redissi - Les questions qui tourmentent chaque candidat, qui appréhende son entretien d’embauche, sont celles de son physique et de sa tenue vestimentaire. Auront-ils une quelconque influence sur sa candidature? Auront-ils l’effet escompté sur les juges? Il passera des heures durant à s’arranger devant sa glace, à se poser machinalement des questions et à chercher d’y trouver des réponses en attendant de passer devant ses examinateurs.
Esprit sain dans un corps sain
L’handicap physique d’un candidat ne doit pas être un obstacle pour embrasser une carrière diplomatique, ni l'empêcher de servir au mieux son pays sous toutes les latitudes. Un employé qui se suffit à lui-même, telle était la condition sine qua none pour servir le gouvernement fédéral en tant que diplomate.
Le département d’Etat vient de s'incliner vaincu une fois de plus. Bien des années après la fin de la ségrégation de la race, un autre pas vient d'être franchi dans l’égalité des chances au sein du département. Justice rendue pour les déshérités. La Commission pour l'égalité des chances en matière d'emploi, Equal Employment Opportunity Commission, EEOC, vient de rendre son vertdict après plus de dix ans de combats dans le procès qui oppose Meyer, et al. vs. Clinton, à l’époque Hillary était la secrétaire d’Etat sous l’administration Obama.
Sain de corps et d’esprit, une exigence souvent difficile, parfois impossible à remplir par certains candidats qui ont passé haut la main toutes les étapes de sélection. Les doléances des refusés à cause de handicap seraient restées lettres mortes sans la ténacité d’une candidate. Doering Meyer, atteinte de sclérose en plaques, s’est sentie blessée dans sa chair et dans son esprit, déchue même de sa personne à cause de ses problèmes de santé. Son rêve américain d'intégrer le département d’Etat a été brisé net; elle était non conforme aux critères.
Meyer, et al. vs. Clinton
Des décennies durant, des Américains amoindris se sont vus refuser l'entrée dans le corps diplomatique. Plus de deux cent trente personnes, à leur tête la candidate Meyer, ont porté plainte contre leur futur employeur. Leurs aptitudes physiques ont fait barrage. Aucun d’eux n’a obtenu la certification médicale «classe 1», celle qui certifie la pleine possession de leurs facultés physiques et mentales.
Selon le Rehabilitation Act, toute agence gouvernementale doit étudier l’handicap cas par cas, chacun selon ses capacités, chacun selon ses limites. Le gouvernement fédéral doit entreprendre des aménagements raisonnables et nécessaires pour faciliter la vie au quotidien de la personne handicapée. Le département d’Etat a fait semblant d’ignorer cette politesse.
L’Etat a failli à sa mission première, celle d'être un employeur modèle. Il a ainsi violé les lois fédérales antidiscriminatoires et a porté préjudice à une catégorie de son personnel en ignorant leurs exigences. “L'État ne me considérait même pas comme une personne" rétorque Doering Meyer sous l’emprise de la colère.
Bas le handicap
Une victoire, au goût amer, l'employeur de Meyer n’est autre que le défendeur. Enfin elle réalise son rêve en rejoignant le département d’Etat mais en échange elle renonce à poursuivre l’Etat selon les termes de l’entente. Doering, émue, semble être “aussi heureuse aujourd'hui que j'étais en colère lorsqu'on m'a refusée la carrière de mes rêves sans être évaluée en tant qu'individu, comme l'exige la loi».
Le Département d'État a longtemps claqué la porte au nez d’une catégorie spéciale de candidats et assombri leurs horizons. Le changement d’attitude dans le mode de recrutement vis-à-vis de l’handicap est le reflet d’une Amérique apaisée avec un passé d’exclusion et de discrimination. Le gouvernement fédéral devient chaque jour l’image d’une Amérique tolérante; un idéal cher au président Joe Biden.
Mohsen Redissi