Aïssa Baccouche: La culture, c’est ce qui reste quand tout aura été oublié
La Tunisie, chargé d’Histoire se doit de perpétuer l’héritage des siècles de sa splendeur. Maurice Druon (1918-2009)* déclara un jour à la télévision : «En Tunisie, il suffit de se pencher un peu, pour rencontrer l’Histoire».
La mise en valeur des vestiges carthaginois, de l’aqueduc romain, du fort espagnol, du fort turc, des médinas arabes doit être accentuée afin de rendre à ces sites, éléments du patrimoine universel, leur lustre d’antan.
Dans les villes qui n’en ont pas, un musée des arts et des traditions devra être créé pour permettre aux générations de se ressourcer aux origines de la maîtrise des anciens.
Les touristes et les visiteurs étrangers y feront également la découverte d’un pays de culture ancestrale.
Mais la culture, c’est aussi une passion. Il faudra la mettre à la portée de tous.
Des lieux devront être édifiés afin de donner à tous et à toutes la joie d’écouter, de voir, de lire et de créer.
Dans les grandes villes devront éclore des maisons de théâtre et de musique, véritables temples des arts, sur les planches des quelles évolueront les promotions des écoles d’art dramatique et des conservatoires de musique.
Des médiathèques devront être implantées pour permettre aux jeunes et aux moins jeunes de vivre au tempo de l’actualité.
Il faudra veiller à ce que la Tunisie, riche de ses trois mille ans de création artistique dont sont témoins les théâtres de Carthage, de Oudhna, de Dougga, de Bulla Régia, de Sbeïtla et d’El Jem, redevienne cette république des lettres et des arts chantés par les poètes de l’Antiquité.
Il faudra encourager la création cinématographique qui profite du choix de notre pays par les grandes firmes de production comme site de tournage des principales œuvres contemporaines.
Il faudra favoriser le développement des arts plastiques en instituant une politique d’incitation à l’acquisition par l’Etat et les collectivités publiques des œuvres picturales, d’encouragement aux sculpteurs ainsi qu’aux architectes pour la renaissance urbanistique de nos villes.
Un nouvel art de vivre devait être pensé, qui allierait tradition et modernité pour aboutir à l’émergence d’un style tunisien pour le 21ème siècle.
Aïssa Baccouche
* Auteur des Rois maudits, académicien et ancien ministre français de la culture.