Comment Mellouli a failli rater le titre de champion du monde du 1500 mètres
Sur fond de polémique avec la Fédération tunisienne de natation, le champion olympique, Oussama Mellouli vient de s'illustrer aux Championnats du Monde de natation en petit bassin de Dubaï, en remportant la médaille d'or de son épreuve favorite, le 1500 mètres NL après avoir décroché l'argent au 400 m. 4 nages et le bronze aux 200 et 400 m. NL. Son mérite est d'autant plus grand qu'il n'a pas pas pris part à la série rapide qui réunissait les meilleurs spécialistes du 1500 mètres (en prenant en considération leurs performances antérieures) mais à la série lente réservée, si l'on ose dire aux "seconds couteaux". Le titre de champion devant couronner celui qui aura réalisé le meilleur temps des deux séries. Le champion tunisien devait prendre part à la première série compte tenu des temps qu'il a réalisés. Il dût se contenter de la seconde réussissant malgré tout l'excellent temps de 14mn 24 sec. 16/100 . Le vainqueur ne pouvait être issu, en bonne logique que de la série rapide. Ce fut notre compatriote qui réalise par la même occasion, le meilleur temps pour 2010. Un exploit suffisamment rare dans les annales de la natation mondiale pour être relevé par les commentateurs et salué par les spectateurs tunisiens présents avec l'enthousiasme qu'on imagine.
Reste le choix de cette série lente qui a failli coûter ce titre à Mellouli. Selon l'entourage de notre champion, le dossier présenté par la fédération Tunisienne de natation ne mentionnait pas les performances qui l'auraient autorisé à concourir dans la série rapide. Faux, répond le président de FTN. Le dossier qui a été déposé a été refusés, parce que ces temps ont été réalisés dans un bassin olympique et non dans un petit bassin comme le stipule le règlement, puisqu'il s'agit d'un championnat du monde (PB).
A vrai dire, cette polémique révèle les relations exécrables entre la Fédération tunisienne de natation et Mellouli qui remontent aux derniers championnats d'Afrique qui ont eu lieu au Maroc. Avec beaucoup d'amertume, le champion olympique s'en est ouvert récemment à un journal français :"les gens ne voient pas les coulisses. Ce fut une année très difficile pour moi. Avec un manque de soutien, d'entourage, de tout. Après tout ce que j'avais fait pour la Tunisie. On s'attend à ce que les gens soient derrière nous. J'ai été massacré sur le plan médiatique. Mais je suis toujours là". Dimanche soir, dans un duplex avec l'émission "Dimanche Sport", il s'est montré tout aussi laconique, laissant le soin au journaliste tunisien expatrié, Hosni Zaghdoudi, d'exprimer plus clairement son point de vue. La FTN n'a pas les moyens de gérer la carrière d'un champion olympique. Seul le ministère de tutelle est à même de remplir cette tâche". Le silence de Mellouli donne à penser qu'il n'en pense pas moins.
En tout cas, la question qui doit être tranchée au plus vite, car à 26 ans, Mellouli a 4 ou 5 ans de compétition de haut niveau devant lui dans une discipline où l'âge canonique se situe autour de la trentaine. Il faudra mettre à profit ce temps-là pour préparer la relève en aidant Mellouli à mener sa carrière avec la sérénité requise et à jouer le rôle qu'on est en droit d'attendre de lui : celui de locomotive de la natation tunisienne. Il s'agit, ni plus, ni moins de réunir les conditions nécessaires à un décollage durable d'une discipline qui pourrait nous valoir bien des satisfactions à l'avenir.