Chadli Laroussi - Le changement climatique et la gestion de l’eau en Tunisie: Le tournant du mois de Juillet 2023
.jpg)
Juillet 2023 sonne l’alarme d’un changement climatique apocalyptique
L’ONU qui lança le 23 mars 2023 une alerte au monde entier sur «une crise de l’eau imminente»(1) vient de lancer ce 27 juillet 2023 par la voix de son secrétaire général Antonio Guterres une nouvelle alerte annonçant que «le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c'est juste le début. L'ère du réchauffement climatique est terminée, place à l'ère de l'ébullition mondiale»(2).
«Alors que les incendies de forêt font rage dans le sud de l'Europe et en Afrique du Nord, les climatologues de l'ONU ont déclaré ce jeudi 27 juillet 2023 qu’il était "pratiquement certain" que juillet 2023 sera le plus chaud jamais enregistré.»(3)
Quid de la Tunisie dans ce contexte de réchauffement climatique de notre planète?
Coincée entre une mer Méditerranée, en ébullition, dont le niveau de l’eau ne cesse de monter menaçant le littoral de son territoire et un Sahara envahissant qui rogne ses terres agricoles, la Tunisie paie un lourd tribut au réchauffement climatique.
Par rapport aux températures moyennes annuelles de juillet, la Tunisie est parmi les pays qui ont enregistré, en ce mois de juillet 2023, les hausses de température les plus élevées dans le monde.
Deux raisons principales expliquent les records de réchauffement climatique enregistrés en Tunisie
1. Le réchauffement de la mer Méditerranée qui s’effectue à un rythme plus rapide que celui du reste de la planète
Ceci est dû aux émissions de gaz à effet de serre provoquées par la concentration des activités économiques sur le littoral méditerranéen et qui ont fait de la Méditerranée «la deuxième zone de la planète qui se réchauffe le plus vite après l’Arctique.»(4)
Cette accélération du réchauffement climatique aggrave «la crise de l’eau en Tunisie» par l’occurrence et le prolongement des sécheresses récurrentes qui frappent les différentes régions du pays. En outre, les phénomènes extrêmes engendrent des crues catastrophiques, tandis que la fonte des neiges provoquée par le changement climatique fait que le niveau d’eau de la Méditerranée enregistre une montée qui ne cesse de s’accélérer d’une décennie à l’autre constituant une menace réelle pour certaines zones du littoral.
2. Le Sahara avance de plus en plus vite
Les études scientifiques montrent que «le plus grand désert chaud du monde, le Sahara a grandi de 10% en près d'un siècle»(5), entrainant une perte de terres agricoles et une diminution des précipitations, ce qui accentue les menaces sur la sécurité hydraulique et la sécurité alimentaire de notre pays.
Pour parer à une «crise de l’eau» que le changement climatique rend imminente, il est temps d’agir vite
Pour cela, nous devons d’abord prendre conscience tous, citoyens et responsables dans tous les secteurs et à tous les niveaux, du caractère vital de la ressource Eau pour la pérennité de la vie sur le globe terrestre. Il n’y a pas de vie sans eau.
Au-delà de la durabilité de notre agriculture(6), la raréfaction de nos ressources en eau menace le développement socio-économique de notre pays et à terme la pérennité même de la vie sur ses terres. Aussi est-il urgent que la Tunisie érige la gestion rationnelle de ses ressources en eau en priorité nationale.
Consciente de l’importance de l’enjeu, la Tunisie qui, dès le lendemain de son indépendance, a élaboré des stratégies successives pour la mobilisation de ses ressources en eau(7), vient de finaliser en fin juin 2023 l’étude intitulée: «Élaboration de la vision et de la stratégie du secteur de l’eau à l’horizon 2050 pour la Tunisie: eau 2050».
Il s’agit maintenant de passer à sa mise en œuvre. Le planning pour la concrétisation du plan opérationnel des différentes actions à entreprendre doit revêtir un caractère dynamique capable de prendre en compte l’accélération du changement climatique en cours.
Le mois de Juillet 2023 nous a donné la preuve que le réchauffement climatique est bien réel. Pour preuve les pics de température jamais enregistrés auparavant.
«Les conditions météorologiques extrêmes qui ont affecté des millions de personnes en juillet 2023 sont malheureusement la dure réalité du changement climatique et un avant-goût de l’avenir», a déclaré le professeur Petteri Taalas, Secrétaire général de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM). «La nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre est plus urgente que jamais. L’action en faveur du climat n’est pas un luxe, mais une nécessité»(8).
On pense souvent à la paix et on oublie la vie. N’est-il pas temps de penser à un «pacte international pour l’eau» qui sera un pacte pour préserver la vie sur terre?
Chadli Laroussi
3) https://news.un.org/fr/story/2023/07/1137182