Tourisme et guerres: Le paradoxe qui suscite l'intérêt des voyageurs
Par Khaled Ben Rejeb - «Guerre» et «tourisme» sont deux antagonistes qui ne sont pas supposés être dans le même cadre ni dans la même phrase. Tourisme rime avec loisirs, découverte, exploration et surtout immersion. Alors qui voudrait faire ses valises pour vivre une guerre ou l’histoire d’une guerre ? Étonnamment, nous avons constaté une augmentation des soi-disant touristes de guerre, qui semblent brouiller les frontières entre les deux.
On appelle aussi tourisme de mémoire, tourisme militaire ou tourisme de guerre qui est une forme assez particulière d’activité touristique qui ouvre une fenêtre sur le passé et nous aide à comprendre les conflits militaires qui ont façonné notre monde. Il peut également être considéré comme un moyen de rendre hommage à ceux qui ont été touchés par ces conflits.
Tourisme de mémoire, c’est quoi au juste?
D’après Dominique Trouche, auteure du livre «Les mises en scène de l’histoire», la visite des lieux de mémoire est «une alchimie entre les dispositifs de communication, le rapport à l’histoire, les enjeux liés à la mémoire, la marque d’une pratique sociale». Pour l’anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire: faire mémoire, se recueillir et transmettre aux générations futures.
Les deux définitions nous poussent à faire la distinction entre un lieu de mémoire et un lieu d’histoire. Un champ de bataille ou un musée peut en ce sens être un lieu de mémoire et pas toujours un lieu d’histoire car le but affiché de la visite est le pèlerinage conduisant les touristes à se recueillir autour d’un lieu ou d’un épisode de l’histoire. Leur visite est marquée par les valeurs profondes de sacralité et de respect, de deuil et de commémoration des sacrifices qui occupent une place particulière dans leurs cœurs ou leur mémoire collective.
Un lieu d’histoire, quant à lui, a une notion de commémoration que de pèlerinage.
Ainsi, les visiteurs y viennent pour se rappeler ou apprendre, mais aussi dans la nécessité de tirer des leçons du passé.Parmi les lieux concernés par le tourisme de mémoire, il y a notamment les lieux ayant une histoire marquée par une bataille ou une guerre, et les mémoriaux et musées dédiés à la guerre. Sans oublier bien entendu les prisons et les cimetières qui sont des hauts lieux pour le tourisme de mémoire.
Par exemple, les visiteurs du parc du mémorial de la paix d'Hiroshima, au Japon, peuvent voir de leurs propres yeux la dévastation causée par la bombe atomique qui a été larguée sur la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. De même, les visiteurs des champs de bataille de Normandie en France peuvent découvrir le débarquement lancé dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 qui a joué un rôle crucial dans la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.Pas seulement ça, il y a certaines personnes qui ont le courage de visiter des pays en proie à des guerres civiles, des coups d'État politiques et des génocides… juste pour le plaisir. On est ici face à une catégorie de tourisme qui s’appelle «Dark Tourism» ou le «tourisme noir» qui fait référence à la visite de lieux où se sont déroulés certains des événements les plus sombres de l'histoire humaine. Cela peut inclure un génocide, un assassinat, une incarcération, une épuration ethnique, une catastrophe naturelle ou accidentelle.C’est le cas de l’étudiant britannique Miles Routledge, qui se fait appeler Lord Miles sur sa chaîne Youtube et son compte Twitter; un jeune de 23 ans de Birmingham qui passe son temps à voyager dans les endroits les plus dangereux du monde. L’une de ses destinations récentes, c’était l’Afghanistan où il a passé beaucoup de temps à publier des photos et des vidéos avant d’être détenu lors de son séjour à Kaboul par un groupe de combattants afghans, selon le journal britannique Daily Mail. Son compte twitter n’a pas été actif depuis le 27 février dernier, tandis que sa dernière publication sur YouTube remonte à plus de deux mois.
Les premières pratiques dans le monde
Les premières traces de tourisme de mémoire remontent à l'Antiquité. Les Grecs et les Romains visitaient des sites légendaires tels que Troie, où la guerre de Troie aurait eu lieu. Les voyageurs de l'époque cherchaient à comprendre les récits épiques qui leur étaient familiers et à voir de leurs propres yeux les lieux associés à ces histoires.Les campagnes napoléoniennes au début du XIXe siècle ont également marqué une période importante pour le tourisme de mémoire. De nombreux voyages ont été organisés pour permettre aux personnes de visiter les champs de bataille où Napoléon avait remporté ses victoires ou subi des défaites. Les touristes pouvaient ainsi suivre les traces de l'empereur français et revivre les moments clés de son règne.
Le Touring Club de France (TCF), fondé en 1890 et liquidé en 1983 à la suite de graves problèmes financiers, est une organisation dédiée à la promotion du tourisme et de l'exploration en France. Au fil des ans, le Touring Club de France s'est ouvert à toutes les formes de tourisme, couvrant une large gamme d'activités, y compris le tourisme de mémoire axé sur l’aspect militaire et guerrier des événements. Très vite après la fin de la Première Guerre mondiale, TCF perçoit l’opportunité, et le conflit est perçu comme un atout touristique, ce dont prend conscience l’auteur de l’article «Rapport sur la situation morale» paru en novembre 1918 dans le revue de Touring Club de France, en indiquant que «la guerre a fait ouvrir, en Alsace, des routes stratégiques de part et d’autre de la ligne de feu, routes qui, du côté français, suivent à peu près les crêtes et mettent en communication directe les différents cols des Vosges. C’est là un merveilleux réseau de routes de tourisme auquel pourra se ramifier un non moins remarquable ensemble de sentiers de montagne aménagés».
Dans leur pensée, elles doivent être le point de départ de ce réseau de routes de grand tourisme dont la route des Alpes a été une première amorce.
«Des légions de permissionnaires américains […] seront bientôt suivies de légions de touristes venus de toutes les parties du monde pour visiter les champs de bataille. Nul doute, en effet, que les Américains venus par millions, les Anglais, les Italiens, lesquels n’auront vu de la France que les parties ravagées, n’éprouvent un vif désir de connaître les beautés de cette terre sur laquelle ils auront vécu tant d’heures inoubliables.», a-t-il poursuivi.
Tunisie, terre de mémoire et d’histoire militaire
La Tunisie a été le théâtre de nombreux événements et conflits militaires qui ont marqué son histoire. De l'époque des Carthaginois aux luttes pour l'indépendance et aux guerres mondiales, le pays regorge de sites historiques et de monuments commémoratifs liés à ces événements. Des forts, des musées, des cimetières militaires et des sites de bataille offrent une immersion dans l'histoire militaire tunisienne.
En 1942, les forces alliées ont lancé l'opération Torch, une vaste offensive pour libérer l'Afrique du Nord. La Tunisie est devenue un champ de bataille crucial entre les forces de l'Axe et les forces alliées, principalement britanniques et américaines. Des batailles féroces se sont déroulées sur le sol tunisien, notamment à Bizerte, Tunis et Kasserine.
Au cours de l'année 1942, l'opération Torch a été exécutée par les forces alliées dans le but de libérer l'Afrique du Nord des forces de l'Axe. Le champ de bataille en Tunisie est devenu d'une importance capitale pour le succès de la campagne. Les troupes britanniques et américaines se sont engagées avec acharnement dans des batailles cruciales qui ont eu lieu au niveau de la Medjerda, Mjez El Bab, le col de Faid, la trouée de Jebel Semema, Mareth, Médenine-Ksar Ghilane Takrouna, sainte Marie de Zit (Zaghouan), Kasserine. Aujourd'hui, de nombreux monuments commémoratifs et cimetières militaires témoignent de cette période sombre de l'histoire tunisienne. Les voyageurs intéressés par l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Tunisie peuvent visiter le cimetière militaire britannique d'Enfidha, le cimetière de Bizerte, le cimetière militaire allemand de Borj Cédria où on trouve les tombes de 8 562 soldats allemands, le cimetière militaire français de Gammarth, et enfin le cimetière militaire américain à Carthage.
En réponse à cette tendance, les voyagistes proposent une gamme de produits qui répondent aux différentes préférences, certains étant plus explicitement thématiques que d'autres.
Parmi les premiers acteurs de ce produit touristique, indéniablement, Brahim Ouerzazi, le propriétaire et CEO d’une agence de voyages tunisienne. Cette agence a le mérite de se distinguer comme l'unique fournisseur de circuits de tourisme de mémoire militaire en Afrique du Nord.Lors d’une interview accordée au magazine Leaders, Brahim Ouerzazi a déclaré que tout a commencé à la fin des années 90 où il a eu deux fois l’occasion d’accompagner des groupes d’anciens militaires qui ont combattu sur le sol tunisien lors des événements de la campagne de Tunisie 1942-1943. C’est à ce moment-là, poursuit-il, qu’il a constaté que le territoire tunisien regorgeait d’une centaine de sites de mémoire de combats et de vestiges de cette grande guerre.Quelques années plus tard, il a créé sa propre agence de voyages axée principalement sur le tourisme culturel thématique, d’où l’idée de concevoir un itinéraire de mémoire autour de la campagne de Tunisie. Il a affirmé: «Passionné d’histoire militaire et afin de promouvoir cette nouvelle niche de tourisme culturel, j’ai conçu en 2002 ma propre brochure d’histoire militaire pour la promotion de ce nouveau produit.» Ce qui a abouti à l’accueil de ses premiers groupes en 2004, en l’occurrence l’organisation d’un voyage d’étude de six jours autour d’un circuit mémoriel de la Seconde Guerre mondiale. 200 officiers de l’Ecole spéciale militaire de St. Syr Coëtquidan ont pris part à ce circuit.«Ce voyage a conféré une grande notoriété au tourisme de mémoire militaire qui se lance pour la première fois en Tunisie.», a-t-il souligné. Selon lui, ce voyage a été très apprécié aussi bien par les autorités tunisiennes que par les professionnels du secteur. En outre, plusieurs autres pays ont manifesté un vif intérêt pour que leur futur personnel militaire participe à de tels voyages.
L’aventure se poursuit pour Brahim Ouerzazi en organisant, au mois d’octobre 2018, un séjour d’histoire militaire avec 45 membres de la Fondation de la France Libre accompagnés de onze généraux dont un survivant de la bataille de Takrouna, en l’occurrence le colonel Robedat.En revanche, le créneau du tourisme de mémoire militaire fait face à plusieurs problèmes, et l'un d'entre eux concerne l’absence de démocratisation de cette activité auprès des agences de voyages tunisiennes. Il a affirmé que «ce thème ne doit nullement être limité par une visite de musée», en soulignant «l’importance de créer de nouvelles routes et itinéraires thématiques à l’instar de la route cinématographique ou la route culinaire initiées par la GIZ dans son programme ‘’Tounes Wejhetouna’’.»
On peut dire que le tourisme de mémoire en Tunisie autour de la Seconde Guerre mondiale rentre dans une perspective de diversification de l’offre touristique sur un territoire qui regorge d'un patrimoine immatériel et matériel mémoriel riche. C’est pour cette raison que Brahim Ouerzazi exprime son espoir de voir de nouvelles synergies entre plusieurs intervenants, afin de coordonner les initiatives et d’asseoir une stratégie commune dans le domaine du tourisme militaire dont l’objectif est de faire émerger une nouvelle offre à visibilité internationale.
Le ministère de la Défense nationale, acteur principal dans le développement du tourisme de mémoire
Conscient de l’importance de ce patrimoine militaire, le ministère de la Défense nationale n’épargne aucun effort pour valoriser touristiquement les musées et champs de bataille en créant et en aménageant 5 musées d'importance historique et militaire, à savoir le Musée militaire national abritant des collections archéologiques comprenant plus de 23 000 pièces, le Musée de la mémoire nationale qui dépend administrativement et financièrement du Musée militaire national, le Musée de la mémoire commune tuniso-algérienne sis à Ghardimaou, le Musée de la marine tunisienne à Bizerte, inauguré le 15 octobre 2022, et enfin le musée militaire de la Ligne défensive de Mareth à l'intérieur duquel sont exposés des uniformes, des insignes et des armes des différentes troupes françaises, britanniques, allemandes et italiennes qui se sont affrontées à Mareth, ainsi que des cartes et des photos qui illustrent la bataille de Mareth dont celles d'Erwin Rommel et ses soldats.Selon les statistiques fournies par la Direction du patrimoine, de l’information et de la culture, placée sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, le nombre de visiteurs de ces musées en 2022 a atteint 21 951, soit une croissance de plus de 71% par rapport à 2019. Mais, ce nombre reste insuffisant et ne reflète pas l’importance patrimoniale et commémorative de ces musées militaires si on les compare aux 62 sites archéologiques, monuments historiques, musées… dont les entrées annuelles oscillent entre 555 000 et 998 000 par an. S’inscrivant dans le cadre de la conservation et l’enrichissement du patrimoine historique militaire, une commission nationale d’histoire militaire a été créée et placée sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, en vertu du décret no 2003-1701 du 11 août 2003.
Le secrétaire général de cette commission, le colonel Dr Samir Chemi, a affirmé, lors de l’interview accordée au magazine Leaders, que la commission est chargée, entre autres, de l’établissement d’un inventaire des monuments historiques et des biens culturels à caractère militaire et la collecte de la documentation les concernant, selon l’article 2 dudit décret.
Selon le même article, elle est également chargée de l’organisation de colloques et d’expositions pour faire connaître le patrimoine national militaire et les monuments archéologiques militaires du pays. «C’est une commission consultative ayant pour objectif le développement de la recherche dans le domaine de l’histoire militaire.», fait-il remarquer.Puisque le patrimoine est un secteur transversal, la commission se compose des représentants du ministère de l’Enseignement supérieur, un représentant du ministère des Affaires culturelles, un représentant de l’Institut supérieur de l’histoire de la Tunisie contemporaine, un représentant de l’Institut national du patrimoine, un représentant de l’Amvppc et enfin un représentant du ministère du Tourisme.
Le colonel Dr Samir Chemi a mis l’accent sur la volonté et l’ouverture du ministère de la Défense nationale de collaborer avec tous les acteurs du tourisme afin de valoriser et promouvoir notre patrimoine militaire. «Nous croyons fermement que le patrimoine militaire joue un rôle important dans l'histoire de notre pays et mérite d'être préservé et partagé avec le public.», souligne-t-il.
Ainsi, le ministère de la Défense travaille en étroite collaboration avec le ministère du Tourisme et le ministère des Affaires culturelles pour mettre en place des conventions qui faciliteront la promotion du patrimoine militaire auprès des visiteurs et le rendre accessible à tous. «Pour mieux accueillir ses visiteurs à mobilité réduite et faciliter leur accès au palais-musée, le Musée militaire national s'est équipé le 8 avril 2022», fait-il savoir.
En outre, il s’avère important et crucial de lancer des candidatures pour l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco des sites où se sont déroulées des batailles marquant une étape importante. L'objectif principal est de souligner la valeur universelle exceptionnelle des sites qui représentent des événements de l'histoire mondiale, dotés d'une signification universelle. Le but ultime est de promouvoir le "tourisme militaire" en Tunisie comme catalyseur de la diffusion de valeurs partagées, au-delà de l'histoire guerrière.
La bataille de Zama, à titre d’exemple, qui a eu lieu lors de la Troisième Guerre punique, est un événement historique d'une importance incontestable. Cet affrontement entre les forces de la République romaine et de Carthage a marqué un tournant décisif dans l'histoire antique. Aujourd'hui, il est essentiel de reconnaître la valeur exceptionnelle de cette bataille et de la préserver en tant que patrimoine mondial de l'humanité. Sa valeur historique, archéologique, symbolique et son potentiel touristique en font un site d'importance mondiale.
Dans le même ordre d’idées, le colonel Dr Samir Chemi a fait savoir que suite à une demande du ministère de la Défense nationale, les vestiges de la Ligne défensive fortifiée de Mareth ont été inscrits comme monument historique et archéologique national, et ce, en vertu de l’arrêté de la ministre des Affaires culturelles du 26 décembre 2022, portant protection des monuments historiques et archéologiques. Il a ajouté : «Actuellement, nous préparons un dossier de candidature complet pour inscrire ces vestiges sur la liste du patrimoine mondial en suivant les lignes directrices fournies par l’organisation.»
Il est recommandé d’intensifier les conférences, les séminaires et les ateliers qui traitent spécifiquement de ce sujet intéressant. Il serait bénéfique, également, de rechercher des idées et des connaissances auprès d'autres pays qui ont excellé dans le domaine du tourisme. Cette approche permettrait d'améliorer la compréhension et l'expertise de l'industrie.
Dans ce contexte, nous saluons les efforts de notre ministère de la Défense nationale qui a récemment organisé, les 9 et 10 mai 2023, un colloque international, lors du 80e anniversaire de la fin de la campagne de Tunisie, au site archéologique d’Oudhna. Placé sous le thème «Les batailles de la Seconde Guerre mondiale en Tunisie: patrimoine partagé et valorisation de la mémoire», ce colloque a vu la participation de chercheurs, professeurs d’histoire (militaires et civils) de Tunisie et d’ailleurs : France, Etats-Unis, Allemagne et Canada.
Un avion C130 a été mobilisé par le MDN pour le transport des participants au musée et à la Ligne défensive de Mareth le 11 mai 2023 dans une visite guidée organisée à leur profit. Les ambassadeurs de quatre pays amis, les membres de la Commission nationale d’histoire militaire ainsi que tous les conférenciers ont eu l’occasion de s’immerger dans la mémoire partagée de la Campagne de Tunisie aussi bien au musée que dans les casemates de différents types qui forment la Ligne Mareth dont le fameux PC du général Rommel limitrophe au musée.
Toutefois, il est à signaler que ce type de colloque devrait non seulement englober la participation d'experts et chercheurs, mais aussi accueillir la société civile et les acteurs du tourisme, dans le but de contribuer à enrichir ce patrimoine du pays et surtout élargir le développement du créneau du tourisme militaire.
Il convient de noter que le colonel Dr Samir Chemi nous a annoncé que le Musée militaire national devait organiser le 21 juin 2023 une journée d’étude en hommage à Hannibal et en commémoration de la bataille du Lac Trasimène (21 juin 217 av. J.-C). C’est une bataille clé de l’épopée d’Hannibal pendant la deuxième guerre romano-carthaginoise sur le territoire romain dans laquelle Hannibal a su prendre ses adversaires dans une embuscade sans précédent qui demeure enseignée de nos jours dans les académies militaires. Par la même occasion, une exposition documentaire et une nouvelle statue d’Hannibal seront présentées au grand public.
Pour conclure
L'offre de tourisme militaire proposée par la Tunisie est très impressionnante et d'une grande valeur. Le ministère de la Défense a mis en place un réseau complet de musées et de mémoriaux dédiés aux conflits contemporains afin de promouvoir l’histoire militaire, ce qui témoigne de son engagement. Cependant, il est évident que le tourisme de mémoire ne peut être abordé avec les mêmes stratégies que le tourisme balnéaire, le golf ou l’aventure. Il est toujours important de donner la priorité au développement de ces sites commémoratifs de manière à les aligner sur l'esprit profond et les valeurs fondamentales d'honneur et de souvenir qui définissent ces lieux sacrés.
La promotion efficace du tourisme militaire en Tunisie nécessite une sensibilisation accrue à l'histoire militaire du pays. Des campagnes de marketing stratégiques, des collaborations avec les médias spécialisés et la participation à des salons et des foires touristiques internationaux permettraient de promouvoir ce créneau de la meilleure manière qu’il mérite.
Dans l'ensemble, bien que le tourisme de guerre puisse être controversé, il pourrait constituer une occasion précieuse pour les voyageurs de découvrir les complexités de l'histoire et l'impact des conflits sur les communautés. En abordant ces sites avec respect et sensibilité, les visiteurs pourraient mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les peuples du monde entier et œuvrer en faveur d'un monde plus pacifique et plus juste.
Afin de promouvoir le tourisme de mémoire en Tunisie, il est essentiel d'identifier et de cibler les marchés qui ont une forte fascination pour l'histoire militaire. La Tunisie s'enorgueillit de liens historiques importants avec plusieurs pays européens, dont la France, l'Italie, l'Allemagne et les Etats- Unis. Ces pays présentent donc des opportunités prometteuses pour le tourisme de mémoire. Pour garantir une exposition optimale, il est recommandé de mettre en œuvre des stratégies promotionnelles ciblées, ainsi que des efforts de collaboration coordonnés avec les parties prenantes concernées.
Khaled Ben Rejeb