Le sport entre la noblesse des desseins et l'instrumentalisation politique
« Le sport : entre la noblesse des desseins et l’instrumentalisation politique ». Tel était le thème de la 15ème séance du think tank : « La République des idées », du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), se sont tenus, récemment, sous la présidence de Mme Hager Chérif, secrétaire générale-adjointe du RCD chargée des Relations extérieures, avec la participation d’une pléiade d’hommes de culture, d’intellectuels, de communicateurs et de spécialistes en Relations internationales.
La présidente du think tank a mis l’accent sur les nouveaux rôles dévolus au sport, dans ses différentes composantes et manifestations économique, sociale et culturelle, pour faire la promotion de l’image radieuse de la Tunisie de « la modernité, de la modération et de l’ouverture », et à l’effet de mieux faire connaître les acquis et succès que ne cesse d’accumuler le pays dans les différentes secteurs, depuis plus de deux décennies, s’agissant, tout particulièrement, du pari engagé sur le rôle du système sportif national dans le renforcement du développement humain, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et à la promotion de l’approche du genre social, à laquelle le Président de la République porte un intérêt particulier.
Les participants ont suivi, peu avant le démarrage de la séance-débat, un exposé, illustré par des photographies, fait par M. Hassan Zargouni, membre du think tank. L’exposé a porté sur l’historique de l’exercice du sport, jadis et maintenant, et sa relation avec les institutions, l’Etat, les mass médias, les valeurs « nouvelles », et le pouvoir du capital, parallèlement aux nouveaux rôles du sport en matière de consécration des valeurs universelles et de la dynamisation de la diplomatie parallèle.
Les membres ont relevé, dans ce contexte, l’interdépendance et l’enchevêtrement actuels entre sport et politique, faisant observer que les limites et frontières de cette relation, composée et complexe à la fois, sont tantôt apparentes, parfois cachées et dissimulées, mais souvent, confirmant, au vu des évolutions et du contexte historique, que le fait sportif a réussi à mettre à contribution les outils de la politique pour exprimer une position, faire passer et parvenir un message ou afficher un point de vue. De même, la politique et ses symboles ont réussi à instrumentaliser le sport, dans toutes ses manifestations et sous toutes ses formes, avec pour enjeu une mobilisation et une polarisation tous azimuts.
Toutefois, les intervenants ont insisté sur le fait que cette instrumentalisation mutuelle n’a pas empêché le sport , de s’investir, des décennies durant, de nobles rôles civilisationnelles, de propager les principes de l’éthique et les nobles valeurs universelles, de manière à promouvoir les facteurs de stabilité et de sécurité internationales, faisant remarquer, à ce propos, que les référentiels qui ont fondé cette pratique et consacré ces desseins, ont été et sont toujours, en dehors du cercle d’influence de la mondialisation, de l’effritement des frontières, de l’émergence du pouvoir du capital, de l’influence des sponsors et d’une révolution communicationnelle et numérique sans précédent.
Passant en revue les nobles objectifs de cette pratique, l’instance du think tank a indiqué que le sport, en tant que phénomène sociétal par excellence, aide à promouvoir les capacités physiques de l’homme, et à renforcer ses prédispositions mentales et cognitives. Le sport contribue, par ailleurs, au renforcement du développement socioéconomique, à la promotion des indicateurs de santé et à l’ancrage du rapprochement entre les différentes catégories, franges et régions, parallèlement à son rôle de premier plan dans la valorisation des attributs du développement humain, la consécration de la solidarité et dans la préservation de la pérennité de l’environnement.
Les grands événements sportifs mondiaux organisés, régulièrement, contribuent, à créer de nouvelles opportunités et postes d’emploi, à stimuler le marché du travail, à travers la polarisation des compétences et des talents. De plus, les valeurs acquises à travers l’exercice et la pratique du sport renforcent la confiance de la femme en sa personne, en ses capacités et consacre son adhésion à la vie sociale et à la vie publique, tout en facilitant son intégration dans le circuit économique.
A travers la noblesse de la mission consacrée par le baron Pierre de Coubertin dans ses thèses et initiatives, le sport, dans son acception globale, s’emploie à lutter contre le fanatisme et la discrimination, et œuvre, inlassablement, à propager les valeurs de modération, de tolérance et à endiguer les facteurs enclenchant guerres et conflits et perpétuant les foyers de tension. Il convient de noter, à ce propos, que le sport a été d’un concours certain dans l’entame des négociations entre les deux Corées, à travers la fusion entre les équipes sportives des deux pays à l’occasion des Jeux Olympiques de Sydney 2000. De même, les rencontres de tennis de table organisées, en 1971, ont assaini l’atmosphère et ont été le prélude à la reprise des relations diplomatiques entre la Chine et les Etats Unis d’Amérique (diplomatie du ping-pong).
Le sport constitue, également, un des outils efficaces parmi tant d’autres utilisé pour renforcer la prise de conscience planétaire quant à l’importance de préserver l’environnement, de protéger le milieu et de faire face aux pratiques qui contribuent au déséquilibre climatique et écologique.
Sur un autre plan, et dans leur analyse de la réalité de l’approche sportive dans notre pays, les membres du think tank ont fait part de leur profonde conviction que la Tunisie a réussi, tout au long des années du Changement, à enregistrer une mutation de qualité, qui a touché tous les secteurs, aussi bien au niveau de la diffusion de la pratique sportive et de la réalisation des performances, qu’en termes de renforcement et de développement de l’infrastructure.
Ils ont été unanimes à affirmer que le sport, en tant qu’outil de consécration des valeurs et des principes éthiques, a occupé, depuis l’aube du changement, une place privilégiée dans le projet sociétal initié par le Président Zine El Abidine Ben Ali, compte tenu de sa contribution agissante au renforcement du rayonnement de la Tunisie à l’étranger, et à hisser, très haut, les couleurs nationales dans les manifestations régionales et internationales, parallèlement à son importance cruciale en tant que pilier de développement humain, au vu des opportunités d’investissement créées et de son rôle dans la dynamisation de la vie économique et commerciale et dans l’attraction touristique.
Après avoir passé en revue les succès engrangés par la Tunisie en matière d’organisation des grandes manifestations sportives internationales, tels que les Jeux méditerranéens (JM Tunis 2001), les Coupes d’Afrique des Nations (CAN 1994 et 2004), des Championnats du monde de Handball (2005) , les membres du think tank ont traité des initiatives présidentielles avant-gardistes qui ont touché le domaine du sport féminin et le handisport, au cours des deux précédentes décennies, et de l’évolution record du nombre de licenciés ainsi que des performances sportives réalisées, ce qui atteste la justesse et la pertinence du pari fait sur le rôle intégrateur du sport et sur le renforcement du rôle de la femme dans la vie publique ainsi que sur l’encadrement des personnes handicapées dans notre pays.
L’équipe du think tank s’est félicitée, dans ce contexte, de l’appel lancé par Mme Leila Ben Ali, épouse du Président de la République et présidente de l’Organisation de la Femme Arabe (OFA), dans son allocution prononcée, le 26 novembre 2010 à l’ouverture d’une conférence arabe sur « La Femme et le Sport », en vue d’encourager la présence de la femme dans le secteur du sport, au plan de la pratique, de la direction, et de l’élaboration de la décision, saluant la réaffirmation faite par la première dame de Tunisie sur l’importance de mettre en place une plateforme appropriée et propice à une large participation de l’élément féminin et de promouvoir les législations en la matière.
L’équipe du Think Tank s’est félicitée des objectifs accumulés en Tunisie dans le domaine du sport, lesquels objectifs convergent avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) décidés par l’ONU. Cette convergence s’illustre, de manière éloquente, à travers l’approbation par l’Assemblée générale de l’ONU de l’initiative avant-gardistes prises par le Président Zine El Abidine Ben Ali intitulée : «Le rôle du sport et de l'éducation physique en tant que moyen de promouvoir l'éducation, la santé, le développement et la paix », qui consacre une série de valeurs positives véhiculées par le sport et l’éducation physique, et la proclamation de l’année 2005 : Année internationale du sport et de l’éducation physique.
Parallèlement à cette approche à dimension humaniste adoptée par plusieurs pays , dont la Tunisie, dans le traitement de la question du sport, les membres du Think tank ont fait observer que plusieurs pays ont été amenées à adhéré, du fait des mutations accélérées de l’échelle des valeurs et de la métamorphose générée par le phénomène de la mondialisation, dans ses dimensions économique, culturelle et technologique, au concept de « l’industrie du sport », qui développe le sport, en tant que catalyseur économique, financier et commercial dans le monde d’aujourd’hui, affirmant que l’hégémonie de l’argent, phénomène ayant proliféré, compte tenu du passage du sport de la phase de l’amateurisme au stade du professionnalisme, a contribué, à son tour, à intervertir l’échelle des valeurs et des concepts, sur lesquels reposent cette noble pratique et à l’émergence de nouvelles pratiques qui ont généré un style innovant dans le traitement de ce phénomène.
Les membres de l’équipe ont, à cette occasion, mis l’accent sur le fait que cette diffusion et élargissement n’étaient pas possibles sans le développement, sans précédent, des médias à travers la transmission via satellites ; la télévision devenue une consommatrice de spectacles sportifs, qui génèrent des revenus mirobolants et une richesse insolente, grâce au sponsoring et à la publicité, faisant observer que, ces facteurs réunis, ont présagé l’écroulement du concept du sport amateur et ouvert, grandes, les portes (sous la pression des lobbies des investisseurs et des puissances économiques influentes), aux programmes et plans de promotion et de marketing des multinationales, telles que Coca Cola, Pepsi, Adidas, Sony et autres.
L’instance a relevé, également, que de nombreuses voix se sont élevées, au cours des dernières années pour souligner l’impératif qu’il y a à réhabiliter le paysage sportif, dans son intégralité, afin de le mettre au diapason des OMD et de mettre un terme à l’hémorragie financière et aux dépenses démesurées qui menacent de faire perdre à cette noble pratique ses valeurs et son éthique, qui représentent son fondement essentiel, tout particulièrement, à la lumière de l’émergence de nouveaux phénomènes, en l’occurrence la corruption, la violence, le fanatisme, la discrimination raciale , le dopage…
Les participants à la séance ont clos leurs travaux en soulevant la pertinence de la question de la dichotomie de la mission dévolue au sport et de la dualité de l’approche véhiculées par le paysage sportif, dans notre monde d’aujourd’hui, un monde tiraillé entre les exigences d’un développement humain pour certains, et l’instrumentalisation politique, et son leit motiv consistant en l’influence réciproque entre le pouvoir de l’argent et l’argent du pouvoir, pour d’autres.
Les membres du think tank ont considéré que le « phénomène » du sport possède, désormais, avec ses illustrations médiatiques, ses complexifications et ses mécanismes industriels et commerciaux et ses enjeux économiques, régionaux et internationaux majeurs, à l’échelle internationale, des exigences qui dépassent nos centres d’intérêt et besoins, mettant l’accent sur l’impératif qu’il y a à ce que le sport soutienne et appuie les valeurs de modernité, de rapprochement entre les peuples et de tolérance, corresponde aux conditions sociales et économiques et réponde aux exigences sociétales de développement, qui ont pour objectif ultime et finalité suprême l’enracinement de la paix sociale nationale, le renforcement de l’intégration maghrébine et le raffermissement des liens et passerelles avec le Continent africain.