Commerce électronique en Tunisie: Un enchevêtrement de problématiques
Les appellations sont différentes: vente à distance, e-commerce, vente en ligne…Les problématiques sont les mêmes. Un secteur qui a connu une croissance très rapide, ces toutes dernières années, s’installe de plus en plus dans l’informel et peine à se structurer. L’informel digital n’est que le reflet de l’informel général. L’effet Covid a produit toute la magie de l’internet. La restructuration n’a pas suivi. Pourtant, la Tunisie jouit d’excellents atouts pour y réussir, développer de grands champions nationaux et promouvoir ses exportations. C’est ce qu’a démontré une étude intitulée «Évaluation de l'état de préparation au commerce électronique» élaborée par la Cnuced, en étroite collaboration avec la GIZ et les autorités tunisiennes.
«Nous avons voulu établir un diagnostic de l'environnement du e-commerce selon la méthodologie eT Ready de la Cnuced qui se focalise sur les sept domaines politiques clés, explique à Leaders Khabbab Hadhri, directeur au ministère du Commerce et du Développement des exportations. Il s’agit d’évaluer la préparation au commerce électronique et la formulation de stratégies, d’analyser les infrastructures TIC et services, de passer en revue la logistique et la facilitation des échanges, d’étudier les solutions de paiement, d’examiner le cadre juridique et réglementaire ainsi que le développement des compétences et l’accès au financement.»Parmi les recommandations figurent l’élaboration d’un plan d’action opérationnel comprenant les réformes et les actions prioritaires, la reprise des travaux des commissions ministérielles, la définition d’un cadre de dialogue public-privé, la création d’un annuaire regroupant tous les intervenants dans le secteur, le renforcement de la logistique et la facilitation des échanges, la révision du cadre juridique et réglementaire, et l’innovation en solutions de paiement.
Les transporteurs…
De nombreux obstacles entravent l’évolution du commerce en ligne, souligne un opérateur du secteur, à l’instar du statut des entreprises spécialisées et du manque d’incitations spécifiques, tant pour l’accès au financement et aux achats en devises qu’au niveau fiscal et autres. L’activité du colis et de l’express est à structurer, comme le souligne l’étude de la Cnuced. «La forte croissance des sites marchands et le grand nombre de pages à caractère commercial sur les réseaux sociaux ont conduit à l’émergence de nouveaux services tels que ceux des transporteurs de colis, intermédiaires entre les cyber-consommateurs et les commerçants. (…) Le Code de la Poste donne le monopole à cette dernière pour l’exercice des activités de livraison des envois express et des colis jusqu’à 1 kg. L’absence de régulateur pour encadrer le service de livraison des colis supérieurs à 1 kg encourage la concurrence déloyale entre les entreprises de services logistiques, étant donné le manque de transparence dans la fixation des prix des services de transport… Tout en favorisant l’expansion du commerce informel en ligne, cela ne contribue pas à la protection des consommateurs en violant leur droit à la rétractation, faute de preuves confirmant le processus d’achat en ligne.»
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