Israël ne respecte aucun interdit: du phosphore blanc contre la population de Gaza
Par Mohamed Larbi Bouguerra - Le phosphore est un élément à faces de Janus aux origines peu recommandable.
Comme il brille dans l’obscurité, il peut ravir… si on oublie que l’alchimiste allemand Hennig Brand l’a découvert, en 1669, en distillant…. de l’urine.
Dans nos engrais, c’est un élément nécessaire à la croissance des plantes avec l’azote et le potassium.
Mais, il peut être aussi un instrument de mort sous la forme de phosphore blanc. Les chimistes parlent d’«allotropes» pour cet élément qui existe sous six formes.
Israël l’utilise, de l’avis de bien des experts, contre la population civile de Gaza
Le phosphore blanc, très toxique, s’enflamme spontanément à température ordinaire. Il est utilisé comme arme anti-personnel dans les bombes incendiaires et pour produire des fumées. Les moyens habituels pour éteindre les incendies ne sont généralement pas opérants contre les incendies dus au phosphore car cet élément peut se rallumer rapidement dès qu’il retrouve de l’air ou suite à l’évaporation de l’eau utilisée pour l’éteindre. Généralement, on peut en venir à bout par l’emploi de solutions de sel de cuivre qui forme une pellicule ininflammable de phosphure de cuivre. Les populations civiles ne sont évidemment pas en mesure d’avoir sous la main de telles préparations … ce qui n’est pas le cas des trousses des médecins de l’armée! Les chimistes de l’Université d’Amsterdam ont mis au point des sortes de cages chimiques pour stabiliser le phosphore blanc au laboratoire. (Chemical & Engineering News, 29 juin 2009).
Les lois de la guerre interdisent les armes incendiaires. C’est le cas du phosphore blanc qui allume des feux dont la température atteint les 800°C. Or, Israël n’a jamais ratifié ces conventions et ni ces lois de belligérance. Il se donne le droit de tout saccager. D’autant que l’Oncle d’Amérique veille sur Israël, ce porte-avions fiché au cœur du Moyen-Orient depuis 1948. Harry Truman, un président démocrate comme Biden - interrogé sur son soutien à l’entité sioniste - répondait: «Je n’ai pas d’électeurs arabes!».
«Chaque fois que le phosphore blanc est utilisé dans des zones civiles surpeuplées, il présente un risque élevé de brûlures atroces et de souffrances à vie», a déclaré Lama Fakih, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, dans un communiqué publié jeudi 12 octobre 2023.
Un porte-parole du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que les médecins travaillant pour l’organisation avaient constaté des blessures effroyables compatibles avec l’utilisation de phosphore blanc. (The Washington Post, 12 octobre 2023).
Israël et les lois de la guerre?
Une vidéo filmée mercredi d’une frappe israélienne sur le port de la ville de Gaza montre l’utilisation de phosphore blanc, selon Brian Castner, enquêteur sur les armes à Amnesty International, qui a examiné la vidéo à la demande du Washington Post.
Human Rights Watch a publié jeudi une analyse confirmant que du phosphore blanc a été utilisé dans le port, basée en partie sur la même vidéo et sur deux témoins qui ont noté l’odeur étouffante si caractéristique de ce métalloïde.L’armée israélienne a nié l’utilisation de l’arme dans un communiqué vendredi, affirmant que «l’accusation portée contre l’armée israélienne concernant l’utilisation de phosphore blanc à Gaza est sans équivoque fausse. L’armée israélienne n’a pas utilisé de telles munitions.» Mais on n’a fourni aucune preuve supplémentaire à l’appui de cette affirmation.
Du reste, il est de notoriété publique qu’Israël a utilisé à plusieurs reprises du phosphore blanc au cours de sa campagne de 22 jours à Gaza. Cette offensive israélienne a duré de fin 2008 à début 2009, notamment au-dessus de zones peuplées, tuant et blessant des civils et violant le droit international humanitaire, selon un rapport de 2009 de Human Rights Watch.
Par ailleurs, la vidéo, qui a été vérifiée par The Washington Post, montre deux obus d’artillerie tirés coup sur coup en direction de la cible. Lorsque la munition tirée par l’artillerie explose, le phosphore blanc s’enflamme automatiquement dans l’air, créant des lignes de parcours blanches suivies d’une épaisse fumée. Human Rights Watch a identifié des projectiles d’artillerie au phosphore blanc de 155 mm qui ont été utilisés lors de la frappe. Ils ont condamné l’utilisation de ce produit chimique, qui peut gravement brûler des personnes et mettre le feu à des structures civiles, dans une zone aussi densément peuplée.
Le droit international humanitaire exige des belligérants qu’ils prennent toutes les précautions possibles pour éviter que des opérations militaires ne causent des dommages aux civils.
Bien qu’il existe des utilisations militaires du phosphore blanc, l’utilisation de cette munition «contre tout objectif militaire dans des concentrations de civils est interdite à moins que l’objectif militaire ne soit clairement séparé des civils», a écrit un expert en 2009 pour le Comité international de la Croix-Rouge. «Mais en général, toute attaque qui ne fait pas de distinction entre les civils et les forces militaires peut potentiellement constituer une violation des lois de la guerre.»
Une photographie prise lundi près de la ville de Sdérot, dans le sud d’Israël, montre les forces israéliennes en possession d’au moins sept projectiles portant des marques correspondant à celles utilisées pour larguer du phosphore blanc, selon une base de données sur les munitions.
N’oublions pas que ce carnage - auquel s’ajoute l’hécatombe de l’hôpital bombardé - a fait plus de 3 000 martyrs à Gaza, qui est l’un des endroits les plus densément peuplés du monde,
Phosphore blanc: des atteintes graves à l’environnement
Les graves brûlures et les blessures handicapantes infligées aux populations par l’emploi illégal des armes au phosphore blanc ont des répercussions inattendues sur le milieu.
Ainsi, les chimistes du Centre national de recherche sur la faune sauvage dépendant du ministère de l’Agriculture à Fort Collins dans le Colorado (EU) relèvent qu’au cours des 15 dernières années, des milliers de canards migrateurs morts ont été observés dans Eagle River Flats (ERF), dans l’Arkansas, un marais qui a été utilisé comme un champ de tir d’artillerie par l’armée américaine (1). Une étude de l’U.S. Army Corps of Engineers (ingénieurs de l’armée) a révélé que le phosphore blanc était la cause de la mort des palmipèdes, car on a relevé des résidus élevés de phosphore dans le gésier, le tractus intestinal et la graisse des oiseaux morts recueillis dans cette région. Des concentrations élevées de phosphore ont également été détectées dans les sédiments prélevés dans cet endroit (FER). Les munitions sont probablement la source du phosphore blanc. Au cours des 40 dernières années, plus de 100 000 munitions ont été tirées dans le champ de tir de l’artillerie. Entre 1987 et 1990, on estime que 975 à 1 630 kg de phosphore blanc y ont été brûlés. Il semble que des morceaux de phosphore blanc, qui se volatilisent normalement lorsqu’ils sont exposés à l’air et à la lumière, ont été immergés dans l’eau. Comme le phosphore a une densité de 1,8, il s’est ensuite déposé dans les sédiments. Les sédiments contaminés par le phosphore blanc constituent un danger principal pour les organismes qui s’y nourrissent, comme les canards. Dévorant ces derniers, les aigles ont été intoxiqués et leur population a diminué, la chaîne alimentaire ayant été contaminée par le phosphore des militaires.
On voit ainsi que la population de Gaza, une fois les martyrs enterrés, n’aura pas fini de subir les affres du phosphore blanc toxique tout comme les Irakiens qui ont hérité de l’uranium appauvri des armes de l’invasion américaine de 2003 avec son lot de leucémies et de cancers de l’enfant.
Ces armes effroyables et sales doivent disparaître des arsenaux. Pour le bien des humains et de tout le Vivant.
Mohamed Larbi Bouguerra
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