Ali Ben Larbi: Les dons littéraires cachés de Mouldi Kéfi
Mouldi Kéfi, disons-le tout de suite, en tant que diplomate et ministre des affaires étrangères, poète et écrivain naissant, partage ses qualités avec des écrivains et poètes français : Denis carré, Morasse, Chateaubriand et Claudel.
Rares sont les diplomates de carrière en Tunisie, qui ont, une fois, leur carrière diplomatique accomplie, pensé écrire leurs mémoires ou exprimer leur don littéraire. Mouldi Kéfi en est un. Ceux qui l’ont bien connu, dont je suis et qui l’ont bien approché, au moins trois: Mondher Mami, Hafedh Bejar et moi-même. Mouldi était chef du cabinet de M. Habib Ben Yahia ministre des affaires étrangères dans les années 1990. Mondher était directeur du protocole du ministère, même chargé du Protocole. Moi-même, directeur de l’information. Hafedh, le directeur responsable de l’organisation des grandes manifestations du ministère, notamment les sommets, et il y en a eu dans ces années, tant de sommets, arabe, africain, maghrébin, et le fameux Dialogue 5+5.
Nous étions le quatuor, auprès de M. Habib Ben Yahia, Said Ben Mustapha et Sadok Fayala (Secrétaires d’Etat) qui veillaient à l’organisation de toutes les grandes manifestations. De longues années passées ensemble ont soudé notre amitié et créé entre nous quatre notamment des libres solides.
La mue du brillant diplomate en écrivain
Donc, je continue à penser qu’aucune tendance à écrire des poèmes ou des nouvelles n’a filtré du comportement ou de la conduite de Mouldi Kéfi. J’étais parmi les quatre, celui qui n’était pas diplomate, de carrière mais plutôt homme de Culture et d’information, (ayant été déjà chef de cabinet du ministre de l’Information et de la culture, directeur de la Radio, directeur de la Télévision, Féru donc de lettres. Je n’ai à aucun moment soupçonné les dons d’écrire poèmes et nouvelles.
PDG de l’agence TAP et directeur du théâtre et du cinéma et directeur de l’institut supérieur d’art dramatique et l’institut supérieur de la musique et ai participé à la mise en route de l’institut de formation des animateurs culturels (l’IFAC …) Chez Mouldi Kéfi. C’étaient surement des dons cachés, parce que l’on ne devient guère prêtre ou écrivain du jour au lendemain. Bref, il nous a bien dissimulé ses aptitudes à écrire qu’il a développées, petit à petit dans ces moments de repli sur soi, et surement une fois la retraite atteinte. Entre sa plume d’écrivain et sa plume de diplomate (il en avait une) c’est la première qui a fini, agréablement, pour l’emporter, ou le verra, distinctivement.
Cette plume, « raffinée » de mon ami Mouldi s’est exercée méticuleusement toujours précieusement, très souvent intensément à exprimer des « visions », moments épiques de sa vie, familiale, la petite famille et la grande qui englobe la région Keffoise et ses entourages, région bien adorée et grandement estimée non seulement par les qualités et trésors du terroir dont elle regorge, par les boutés et les magnificences de ceux qui la peuplent, et surtout parce patrimoine culturel et artistique hors pair dont elle se distingue et plus spécialement sa brise… La brise Keffoise que tous chantent, ceux de près comme de loin…
Mais au-delà du Kef, au-delà de toute la Tunisie qu’il porte très bien, magnifiquement, dans son cœur, qui continue toujours à battre pour elle, cette superbe Tunisie millénaire qui lisse très haut son drapeau parmi toute les nations, lui qui ne connait pas ce que cela veut dire, lui qui a servi, défendu, et fait bien connaître son pays à travers plusieurs coins de la planète.
Au-delà de tout cela, il s’est également épris non seulement du Nord de l’Afrique, mais également de l’Afrique sub-saharienne où il a exercé et appris à apprécier les charmes bien particuliers, subtils et débordant de vitalité et de sens tout à fait et ostensiblement autre des agréments de la vie palpitante des jours et des lendemains enchanteurs de Mama Africa.
Et cerise sur le gâteau, c’est la Palestine et son épique destinées qui lui a fondu le cœur pour s’y installer pour toujours. Le diplomate, plus particulièrement, s’est attaché à sa défense mais non seulement l’homme écrivain aussi, qui lui a réservé une bonne place dans son œuvre.
L’organisation de la libération de la Palestine (OLP) lui est très proche, ses hommes historiques Arafat, Abou Jihad et leurs combats. Il en parle.
Y-a-t-il mieux que le poème retentissant «la perle « Al Dourra»», qui trône dans son recueil du poème pour en témoigner?
C’était cela et plus encore Mouldi Kéfi, l’élève de Kef et de Tunis, l’étudiant de Tunis et de Strasbourg, l’enseignant de deux ans, et le diplomate d’une vie entière, servant son pays à Prague (1971- 1973), à Berlin –Est (1973), puis à Moscou (1974-1977), ensuite à Londres (1980-1988). Promu Ambassadeur au Nigéria (1980-1984), en Russie (1996-1999) et en Indonésie, Malaisie, Singapour avec résidence à Djakarta du 2002 à 2005.
Il prit sa retraite en 2006, mais fut appelé en 2011 pour couronner toute ses carrières pour occuper le poste du ministre des affaires étrangères, de la Tunisie et quelle Tunisie ? La Tunisie révolutionnaire, c’est plus qu’une reconnaissance de ses hautes compétences c’est une consécration. Mais la Tunisie nouvelle est mobile. Il occupe le poste durant un an c’était amplement suffisant pour cet homme très actif qui a commencé à goûter durant six ans aux plaisir de repos et de l’écriture. Tu chasses l’écriture elle revient au galop. Pendant un an à la tête de la diplomatie tunisienne, il a remis les pendules des rythmes de sa vie diplomate du poète et de l’écrivain, qui semblaient en lui, à l’heure. Il s’est, mis une fois la retraite retrouvée, au boulot.
Consultons alors ses écrits, commençons, à tout seigneur tout l’honneur, pour la poésie.
Ali Ben Larbi
Les cendres rosacées
- Poèmes -
Du Mohamed Mouldi El Kéfi
Editions Leaders, 2023,
116 pages, 20 DT
Disponible en librairie et sur www.leadersbooks.com.tn
Destinées croisées
de Mohamed Mouldi El Kéfi,
Editions Leaders, octobre 2023, 204 pages, 25 DT
Librairies et sur www.leadersbooks.com.tn