L’adoption du fonds des pertes et préjudices à la COP 28: Une avancée mais la coquille est encore vide
Par Pr Samir Allal
1- L'élément le plus marquant de la première journée de la COP 28 à Dubaï, est l'adoption du fonds des pertes et préjudices. Ce fonds vise à soutenir les pays qui subissent les impacts des changements climatiques auxquels ils ne peuvent pas s’y adapter.
Les pays vulnérables demandent ce fonds depuis plusieurs décennies, ce qui rend cette décision historique ; tandis que beaucoup ont été surpris de son adoption dès la première journée au vu des intenses négociations à ce sujet depuis un an.
Plusieurs pays développés, responsables du changement climatique et donc responsables des pertes et préjudices chez les pays vulnérables, ont annoncé une contribution à la suite de l'adoption du fonds, pour un total d'environ 400 millions de dollars US.
Ce montant est à mettre en perspective avec les besoins réels des pays vulnérables, estimés entre 150 et 600 milliards, soit environ 1 000 fois plus.
De plus, les pays développés sont simplement ‘invités’ à contribuer financièrement afin de ‘commencer’ l’opérationnalisation du fonds Autrement dit, ceux qui ont déjà contribué, ont déjà fait leur devoir selon la décision !
2- Il faut des milliards pas des millions: Oui, c'est une avancée, mais la coquille est encore vide alors que les besoins sont énormes: inondations dévastatrices au Pakistan et en Libye, sécheresse historique en Méditerranée, dans la Corne de l'Afrique, montée des eaux qui menace de nombreuses îles... les dégâts se chiffrent en centaines de milliards.
3- Pour répondre à la hauteur de l'enjeu, il faut des financements nouveaux : la solution la plus mature, c'est une Taxe sur les Transactions Financières. Une solution de justice fiscale, car il faut demander un effort aux marchés financiers pour financer la transition climatique.
Rien qu’au sein de l’Union européenne, cette taxe pourrait générer 57 milliards d’euros chaque année. À l’échelle mondiale, elle rapporterait 650 milliards de dollars.
4- Autre élément notable, le président de la COP28 assume pleinement le rôle de l'industrie fossile et a insisté sur les besoins de collaboration, confiance et pragmatisme entre TOUTES les parties prenantes.
Pr Samir Allal
Université de Versailles Paris -Saclay
Lire aussi