Remise du prix des droits humains de l'université Sapienza de Rome au juge Rafaâ Ben Achour (Album photos)
Lors d’une cérémonie solennelle tenue mercredi 13 décembre 2023 à la salle Luccheri de l’Université Sapienza de Rome, le juge tunisien à la Cour africaine des Droits de l’homme et des Peuples(CAfDHP), le Professeur Rafaâ Ben Achour, ainsi que les Honorables Sergio Garcia Ramirez, président émérite de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et Guido Raimondi, président émérite de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ont été honorés en recevant le Prix Sapienza des Droits de l’Homme 2023.
C’est Madame Maria Tripodi, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale qui a remis personnellement le prestigieux prix à chaque lauréat après avoir lu la motivation justifiant l’attribution du prix à chaque lauréat.
La cérémonie a été marquée à la fin par un geste symbolique puissant lorsque les trois lauréats ont conjointement apposé leur signature au bas de la Déclaration de Rome sur la paix et les droits de l’homme.
Dans son lectio magistralis, le juge Ben Achour a notamment exprimé sa gratitude à l’Université Sapienza de Rome et plus particulièrement au Master des Droits de l’homme (dirigé par le professeur Rafaëlle Cadin), de l’avoir désigné en même temps que les deux anciens Présidents de la CEDH et de la CIDH à recevoir de prix Sapienza des droits de l’homme 2023.
Il a ensuite insisté sur le fait que l’honneur qui lui est rendu dépasse sa personne et rejaillit sur l’institution judiciaire internationale à laquelle il appartient: la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qu’il a tenu à présenter le travail accompli et les défis auxquels elle doit faire face. Il a tenu à relever que la CAfDHP est la benjamine des trois cours régionales des droits de l’homme mais que cette juridiction continentale africaine demeure peu connue non seulement hors d’Afrique, mais également et malheureusement, en Afrique.
Le juge Ben Achour a déploré que 75 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme et 30 ans après la Conférence de Vienne sur les droits de l’Homme, des menaces sérieuses pèsent sur les droits de l’homme. Pour lui, «le déni des droits élémentaires de l’Homme se généralise: l’horreur, l’intolérance, la politique du double standard, les crimes contre l’humanité, les conflits armés, le déplacement des personnes, les guerres civiles, les coups d’État, le recul de la démocratie, la négation de l’État de droit, la soumission et l’instrumentalisation de la justice, la corruption, les camps de réfugiés parsemés dans le monde, l’impunité, l’utilisation d’armes prohibées, l’immigration, la faim, les mutilations, la torture, les traitements cruels et inhumains, etc. sont notre lot quotidien».
En conclusion, il s’est référé à la Déclaration et au Plan d’action de Vienne de 1993 qui étaient, d’après lui, prémonitoires. Il a insisté sur le fait que les propositions de programmes faites alors, et destinées à relever les défis en matière des droits de l’homme restent très actuelles aujourd’hui.
Il a clamé haut et fort qu’une chose «reste primordiale, à savoir la nécessité d’une coopération entre les États et les acteurs non étatiques, tant pour identifier les défis en matière des droits de l’homme que pour élaborer et mettre en œuvre des solutions».
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