Remaniement: comment devient-on ministre?
Décision prise par le Chef de l’Etat, comment se déroule le protocole de mise en œuvre. Qui prévient les sortants et les remercie ? Qui porte la bonne nouvelles aux heureux nouveaux ministres ? Et comment se passe la passation ? Ambiance.
A sa sortie du Palais de Carthage, instruit des décisions présidentielles, c’est au Premier ministre, comme le veut la tradition, de procéder à la mise en œuvre, dès son retour à son cabinet à la Kasbah. Un à un, il commence par contacter les sortants. Avec d’aimables propos dont les locataires successifs de la Kasbah ont le talent, il évoque souvent l’inéluctable rotation dans les hautes charges au service de la Nation, souligne leurs mérites, rend hommage à leur abnégation et les remercient de leur précieuse collaboration, sans oublier des propos rassurants et de souhaits de plein succès dans les fonctions qui leurs seront confiées.
Acte II, et c’est moins émouvant, mais tout aussi sur un registre officiel, le Premier ministre appelle les nouveaux membres du gouvernement. Quasiment dans tous les cas, l’effet de surprise est total, l’émotion perceptible et les expressions de gratitude multiples.
Pour parvenir à établir ces communications, le secrétariat du Premier ministre, bien que rompu à ce genre d’exercices, doit souvent faire nombre de jongleries, afin de joindre un ministre en mission à l’étranger ou sur le terrain, retrouver le contact d’un nouveau ministre et l’obtenir au bout du fil. Le tout, sans rien trahir du secret, faisant semblant de passer une anodine communication téléphonique.
Arrivées & départs
Décisions annoncées, sortants et nouveaux prévenus, il va falloir organiser la passation. Point important à prendre en considération : le ministre nommé fait-il déjà partie du gouvernement ou avait-il déjà exercé une charge ministérielle, donc prêté le serment. Dans la négative, il va falloir respecter cette clause et l’accomplir avant prise de fonction. Le reste se déroulera selon les mêmes pratiques.
C’est en effet le ministre sortant qui appelle son successeur pour lui présenter ses félicitations, lui souhaiter plein succès, l’assurer de sa disponibilité pour tout complément souhaité, et convenir avec lui des modalités de la cérémonie de passation. A l’heure dite, le nouveau ministre est accueilli à l’entrée par son prédécesseur qui le conduit jusqu’au cabinet qui deviendra le sien, pour un entretien en tête à tête. Puis, selon les pratiques, il lui présente quelques proches collaborateurs, avant de partir ensemble dans la grande salle des réunions pour procéder à la cérémonie officielle.
Devant les cadres du département, les dirigeants des établissements sous tutelles et des invités, commence alors un bref échange d’allocutions, avec la gratitude au Chef de l’Etat, le remerciement des équipes et l’engagement de poursuivre l’œuvre républicaine. Dans certains cas, mais ce n’est pas systématique, un petit cadeau souvenir, souvent un livre de chevet, est remis au sortant. Puis, les présents défileront pour saluer le partant et féliciter le nouveau ministre.
C’est alors au tour du nouveau titulaire de raccompagner son prédécesseur jusqu’à sa voiture et de le saluer chaleureusement, avec plein de vœux. Puis, c’est selon les styles et les agendas. Certains nouveaux ministres s’installent immédiatement dans leur cabinet, pour commencer à éplucher leurs dossiers et faire connaissance avec les équipes, en essayant d’identifier rapidement les urgences. D'autres, doivent vaquer à d’autres priorités, partent ainsi juste après leur prédécesseurs, pour revenir un peu plus tard, affronter tout le travail qui les attend.
Premier baptême de feu: un avant goût, le lundi après-midi avec les conseils interministériels restreint, en attendant le conseil des ministres et les CMR présidés par le Chef de l'Etat.
Et les sortants ? En attendant leur nouvelle affectation, ils garderont pendant deux mois le bénéfice de leurs émoluments et avantages. Les premières heures sont chargées d’émotions. Ils ont tous besoin de décompresser, de combler leur déficit de sommeil et de replonger dans la chaleur familiale. Le temps d’une pause, souvent.
Ainsi va la vie, quand on a la chance de servir l’Etat au sein du gouvernement.